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lundi, 30 janvier 2012

Le rêve d’une Libye “libérée” s’évanouit comme neige au soleil...

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Billy SIX:

Le rêve d’une Libye “libérée” s’évanouit comme neige au soleil...

Des milices s’affrontent et menacent la paix précaire et le pouvoir du gouvernement de transition

Le Général Youssef Mangouche ne doit certainement pas être envié, vu le boulot qu’il doit prester. Ce chef d’état-major, fraîchement promu, de la nouvelle armée libyenne a pour tâche de désarmer les milices qui sévissent dans le pays. Cette mission est désespérée comme le prouvent les féroces combats qui ont eu lieu ce mois-ci à proximité de la capitale. Depuis des mois, ces troupes irrégulières mais puissamment armées s’affrontent pour obtenir pouvoir et influence. La seule chose qui unit encore les révolutionnaires vainqueurs, c’est leur haine inassouvie contre Mouammar el-Kadhafi.

Il n’est guère étonnant, dès lors, que les nouveaux dirigeants s’efforcent en permanence de maintenir en vie l’image de cet ennemi pourtant terrassé. Toutes les explosions de violence, que l’on ne parvient pas à expliquer de manière satisfaisante, sont attribuées au “Tabhour Hams”, que l’on définit comme une “cinquième colonne” composée de nostalgiques du régime de Kadhafi. Plusieurs anciens dignitaires du gouvernement seraient ainsi empêchés de participer aux élections qui devront se tenir cet été. La banque centrale du gouvernement de transition, elle aussi, poursuit la lutte contre l’ancien dictateur disparu: progressivement, tous les billets de banque à l’effigie de Kadhafi devront être mis hors circulation.

Tout ce qui ressemble à une poursuite logique de la révolution a sa “face sombre” car la figure de Kadhafi unit amis et ennemis. L’alliance des rebelles d’hier est bel et bien en train de se fissurer. Les armes des arsenaux pillés sont depuis longtemps réparties sur l’ensemble du territoire. Le 3 janvier 2012 des milices antagonistes se sont mutuellement canardées dans une rue commerçante de la capitale. Six combattants ont été tués. Le président du gouvernement de transition, l’ancien ministre de la justice Moustafa Abdoul Djalil (59 ans), a prononcé de sombres paroles: “Ou bien nous nous montrons sévères à l’endroit de tout dérapage et nous amenons ainsi les Libyens au beau milieu d’une confrontation militaire ou nous nous séparons et cela conduira à la guerre civile”. Au début de l’insurrection, on disait encore, avec jubilation, à Benghazi: “Nous sommes un seul pays”. On laissait l’Occident penser que les conflits qui avaient opposé jadis les 140 clans familiaux que compte le pays étaient des “reliques du passé”. L’engagement gratis et pro deo de petites gens avait généré une ambiance extrêmement positive. On se donnait l’illusion qu’arrivaient enfin dans les sables de Libye la tolérance entre factions religieuses et l’amitié pour l’Occident. L’avènement de la liberté était dans l’air. Entretemps, la magnifique promenade le long de la Méditerranée à Benghazi, citadelle du mouvement protestataire, est désertée. La nuit, on n’y voit plus que des drogués et des hommes armés. La masse des gens s’affaire à la gestion du quotidien, à chercher une place dans la nouvelle Libye.

Quoi qu’il en soit: tout l’Est du pays est effectivement demeuré à l’abri des violences. Surtout parce que la structure de la société y est plus mûre, parce que les tribus claniques de tempérament conservateur y ont imposé un consensus, avec l’aide des dignitaires musulmans. C’est surtout la majorité des citoyens dans l’Ouest de la Libye qui a beaucoup à perdre: cette région occidentale du pays avait bénéficié d’aides sous Kadhafi, grâce aux milliards du pétrole. L’élimination du régime du colonel, par l’intermédiaire de l’engagement de l’OTAN, a laissé un grand vide, rapidement comblé par des rebelles venus d’autres régions du pays. Dans ces bandes, on trouve beaucoup de têtes brûlées totalement indisciplinées et de toxicomanes patentés. Les pères de familles locaux, qui ont combattu dans les rangs rebelles, préfèrent généralement sécuriser leur région natale.

Ce que l’on remarquera surtout dans les affrontements entre factions rivales, représentant l’“ordre nouveau”, c’est que de nouvelles milices arrivent sans cesse de la ville de Misrata, en bordure de la Méditerranée. Dans cette ancienne métropole de marchands d’esclaves se concentrent aujourd’hui industrie et argent. Plus de cent bandes armées viennent de Misrata, ce qui est frappant. Bon nombre de ces bandes sont financées par des parrains très riches, qui, déjà, sous Kadhafi avaient fait fortune. Sans doute faudra-t-il trouver un compromis politique. Que ce soit ouvertement ou clandestinement, personne ne paie ici en pure perte 3000 dollars américains pour une seule Kalachnikov.

Billy SIX.

(article paru dans “Junge Freiheit”, Berlin, n°4/2012; http://www.jungefreiheit.de/ ).

A New Call of the Wild: The American Third Position Party

A New Call of the Wild: The American Third Position Party

Tom Sunic

 

Merlin Miller, A3P candidate for President of the United States

The following is an English translation of an article published in the French magazine RIVAROL (published by  Jérôme Bourbon) on the A3P and it’s presidential candidates.

In the hustle and bustle of the various right wing currents inAmericait is fascinating to observe the recent birth of the American Third Position Party (A3P), a new political party dedicated to the preservation of European cultural, racial and ethnic heritage. The A3P has recently launched a political and cultural program that could make lots of waves at the upcoming presidential elections in America. The silent majority of American citizens is fed up; it is tired of the two-party system of East Coast ‘banksters’ and West Coast culture destroyers, both ruining the country with their destructive ideology of multiculturalism and causing dangerous mutual racial mistrust amidst the American body politic. Everybody wants something new.

The A3P offers a patriotic alternative to the two parties which, similar to subprime shams, have also mortgaged the future of America. Over the last forty years, American politics has been shaped by the plutocratic system and by the two identical political machines, under the guise of the Republican Party and the Democrat party respectively. It is always the Same and its Double poorly mimicked — if we were to   borrow some words from the French philosopher of postmodernity, Jean Baudrillard. Both parties seem to be united in the ruthless dogma of the “third excluded”, as well as in the defamation of those who reject the media swamp of “political correctness.”


The A3P has chosen for its presidential candidate, Mr. Merlin Miller, a graduate of West Point, a U.S. Army veteran and an accomplished filmmaker. His vice presidential candidate is Dr. Virginia Deane Abernethy, a renowned anthropologist, and a professor emeritus at Vanderbilt University. The A3P stands resolutely for the Republic: it is the only political party that represents Americans of European descent and that is strongly opposed to any notion of the American- Empire. On the Board of A3P directors one comes across some heavyweights, such as Mr. Don Wassall, editor in chief of The Nationalist Times, Mr. William Johnson, a well knownLos Angeles lawyer, Professor Kevin MacDonald, a renown American sociobiologist, Mr. James Kelso, an activist well known in nationalist circles in the USA and Europe, and Dr. Adrian Krieg, a writer and scientist. No other party in the American political landscape can boast such an impressive number of scholars of the highest order.

The A3P rejects  the current discourse of the American political class whose double talk resembles the Soviet-inspired locutions, such as  “ethnic awareness training,” “politically correct”, “hate speech”, “positive discrimination “,” diversity, ” etc. This boring palaver of the Establishment can be observed daily on all wavelengths when one listens to its “newspeak”, which, during the last half a century, has transformed the institutional and educational process in Americainto high commissions of political correctness, and whose aim is the criminalization of the legacy of the White man. Americans are being duped and deceived by the power and by the media in the same way of the old Sovietized and communized masses in the former Eastern Europe. At least the old communist nomenklatura knew it lived the historical lie. By contrast, the current American elites seriously think that they live the historical truth, which needs now to be exported by force to all corners of the world.

America today resembles theThird World, with 30 percent of its citizens being of non-European origin. White Americans are in the process of becoming a suspicious minority, ridiculed and increasingly discriminated against by the political-media apparatus. Without some firm political action, as put forward by the A3P, White Americans will soon become a vanishing species, isolated in their tiny ‘camps of the saints,’ which in turn are also bound to perish in the endless process of White Man’s  self-flagellation and self-hatred.

The A3P positions itself against the current U.S.policy, which through a fancy communist -inspired euphemism “affirmative action,” excludes bright white intellectuals, students and professionals. As a new political party, the A3P is well aware that it speaks on behalf of the American heartland and the vast majority of white American citizens.

Through the manipulation of the masses and by means of media decerebration the “Republocrats” have managed to keep themselves forever in power. They have managed to “divide and conquer” the ranks and files of the traditionalist Right,  while spreading in the media and motion pictures the image of some weird, phantasmagorical White racialists and by ceaselessly projecting a right-wing caricature of  toothless mountain hicks in the company of violent, tattooed, swastika-carrying skinheads. Over the past fifty years this false media- inspired imagery of ridicule and defamation of all patriotic parties has successfully suppressed the awakening of national, racial and patriotic sentiments, particularly among young and white Americans. Hence, the only “Right” acceptable today in the mainstream media of America (with a free passage to the glitz, glamour and glitter of inside-the-beltway DC) is embodied by the so-called neoconservatives, whose founding myths revolve around the profane notion of the Sacred–called Israel.

The current presidential system, compared to all previous regimes, has ruined the ideals and institutions of the founding fathers of America. If such policies continue Americans of European descent are slated to become a minority in their own country — within a few decades.

The spirit of the people depends on those who compose it. In the same vein a state is the product of the people who compose it. If the European population inAmericais to be replaced by a non-European population, the character of the country will change. The A3P believes that the times have come for a political party that must vigorously defend the interests of white European Americans. Every nation has the right to maintain and safeguard the identity of its forefathers.  The advantage of the A3P is the right choice of the right presidential candidates who are morally, ethically and intellectually above the candidates chosen by the Democrats and the Republicans.

The A3P proposes a moratorium on immigration and the immediate expulsion of illegal immigrants. Of course, similar plans were once promulgated by President Roosevelt during the Great Depression (1930) and by President Eisenhower in the 1950s — but they were short-lived. They failed — due to the pressure from special interest groups and especially as the result of the propaganda which in turn brought about the tsunami of Freudo-Marxian egalitarian scholasticism. In addition, the A3P emphasizes “fair trade” as opposed to vague notion of “free trade”; yes to private enterprise, but always serving the common good. The A3P also wishes to promote good environmental policies and be a faithful custodian to US energy resources, while always promoting the “America First” in foreign policy, which means, of course, the cessation of military interventions and economic aid to foreign countries.

Today’s America has become a highly balkanized system that functions more and more like the old Soviet system in which primeval, egotistic and narcissist forms of ‘survivalism ‘ of each ethnic and racial group will likely trigger latent interracial wars. The A3P is well aware that stormy weather is lurking on the horizon and that it therefore needs to distinguish between the true enemy and the true friend. Where there is a will there is always a way!

Krantenkoppen Januari 2012 (4)

Krantenkoppen
Januari 2012 (4)

RUSLAND: DE GEOPOLITIEKE INZET:
"Onze denkrichting had al (...) resoluut gebroken met de dominante visie in het westen, van de ultraconservatieven tot de ultraliberalen en trotskisten, die de Sovjetunie voorstelde als vraatzuchtige wolf die likkebaardend klaarstond om zich op die arme liberale en democratische schaapjes te storten. Deze lasterlijke houding ten opzichte van de USSR had te maken met het feit dat zij (...) de erfgename van het eeuwige Rusland was, dat van de tsaren die de Mongolen en de Tataren uit Europa hadden verdreven. Tegenwoordig moeten we vaststellen dat diezelfde krachten zich opnieuw verenigen om de hernieuwingspolitiek van president Poetin aan de kaak te stellen. Ze geven zich daarbij in het media-universum zonder enige gêne over aan (...) een 'metapolitieke oorlog' (...), teneinde een meerderheid van de burgers in alle landen van de wereld en bij alle mogelijke politieke strekkingen braafjes één of andere variant van het door de Amerikaanse desinformatie-industrie gepopulariseerde discours te doen aannemen. Het is de wil van deze cenakels om de wereld te laten zien en vatten volgens (...) de hegemoniale politiek van Washington. Met andere woorden, het op de hele planeet doen aanvaarden van een politiek die 1) erop gericht is om alle 'gevaarlijke' machten aan de kusten van Azië of Europa (...) uit te schakelen en 2) [Rusland] in te dammen en te verstikken":
http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2012/01/24/rusland-de-geopolitieke-inzet.html
 
 
EEN HETE WINTER IN SICILIË:
"In Sicilië kwamen sinds half januari 2012 meer dan een half miljoen manifestanten op straat. Havens en spoorwegen zijn versperd, autostrades geblokkeerd door misnoegde vrachtwagenchauffeurs, de rekken van nagenoeg elke supermarkt zijn leeg en tankstations hebben geen druppel benzine meer. In de hoop nog brandstof te kunnen bemachtigen slapen mensen op straat. Zo ver het oog reikt zit het verkeer... vast, zelfs wie niet mee staakt, geraakt vaak niet op het werk.
De brandstofprijzen klommen op korte tijd naar een historisch hoogtepunt door torenhoge taxaties, een stijging van 50 eurocent zorgde ervoor dat de Siciliaan momenteel zo’n 1,72 euro per liter betaalt, een onmogelijke uitgave voor het merendeel van de arme bevolking. Samen met de draconische maatregelen die Mario Monti, de kersverse eerste minister van Italië, doorvoert, was dat de druppel die de emmer deed overlopen voor een groot deel van de bevolking":
http://www.apache.be/2012/01/25/een-hete-winter-in-sicilie/?utm_source=De+Werktitel+Nieuwsbrief&utm_medium=email&utm_campaign=dbe5c27a07-RSS_EMAIL_CAMPAIGN
 
 
LA SARDAIGNE, POUBELLE DE L'OTAN ET DU COMPLEX MILITARO-INDUSTRIEL:
"En Sardaigne, un territoire d'une superficie de 35.000 hectares est loué aux installations militaires. Sur l'île, on trouve des polygones de tir (Perdasdefogu), des exercices de feu (capo Teulada), des polygones pour exercices aériens (capo Frasca), des aéroports militaires (Decimomannu) et des dépôts de carburant (dans le cœur de Cagliari, alimentés par une conduite qui traverse la ville, sans compter de nombreuses casernes et sièges de commandement militaire (Aéronautique, marine) Il s'agit d'infrastructures des forces armées italiennes et de l'Otan. (...) 
Que découvre-t-on ? La vallée de Quirra, l'une des zones les plus belles et encore sauvages de la Sardaigne, a été transformée en coffre-fort de poisons à ciel ouvert. Pendant des années on a mis le couvercle sur la marmite des 'poudres de guerre' qui a décimé nombre d'habitants et militaires qui vivaient et travaillaient dans le polygone et les villages des environs. Mais maintenant, grâce à un Procureur, Domenico Fiordalisi, déterminé à suivre les plaintes des nombreuses victimes, la vérité commence à percer. Les 'secrets' sont enfin en train de se dévoiler à la lumière de la justice. (...)
Tout a commencé en 1956, lorsque le gouvernement italien décida d'installer, au beau milieu d'une zone d'incomparable beauté, où poussent les vignes, le myrte, les orangers et qui se termine sur une plage encore épargnée par les constructions, un polygone de tir, centre d'expérimentation de missiles, théâtre de 'war games' grandeur nature et de destruction à ciel ouvert d'armes obsolètes des dernières guerres. Le polygone est aussi loué à des firmes d'armement privées, à l'Otan, et à des armées diverses du monde entier, notamment Israël. Pendant des années, les habitants affirment avoir vu de mystérieux camions, venant de «l'étranger», entrer dans le polygone, et y déverser de l'armement obsolète qu'on fait ensuite exploser à ciel ouvert. Pendant des années, des gardes forestiers, ont constaté les maladies des bergers et du bétail, les brebis qui sautaient sur des armes, encore en état de fonctionnement, éparpillées partout dans les champs et sur la plage. (...)
Toutes ces constatations devraient être replacées dans le cadre réflexif plus vaste, comme celui de la militarisation de la Méditerrané par l'Otan à des fins stratégiques, l'intérêt financier du complexe-militaro industriel, le déficit démocratique (secret d'état, mépris des populations locales etc.), le contrôle de la population civile et plus précisément des migrants, la corruption, le mépris de l'environnement, le manque de vision politique à long terme, la loi du profit, les préparatifs actuels des guerres futures et le maintien des guerres actuelles (Afghanistan)."
 
 
PETROLE, DOLLAR, OR, IRAN: QUI ISOLE QUI?
By trading in gold, New Delhi and Beijing enable Tehran to bypass the upcoming freeze on its central bank’s assets and the oil embargo which the European Union’s foreign ministers agreed to impose Monday, Jan. 23. The EU currently buys around 20% of Iran’s oil exports. The vast sums involved in these transactions are expected, furthermore, to boost the price of gold and depress the value of the dollar on world markets":
http://www.dedefensa.org/article-petrole_dollar_or_iran_qui_isole_qui__25_01_2012.html
 
 
GADAFFI'S GREEN FLAG RAISED IN LIBYAN TOWN AFTER BLOODY UPRISING:
"The collapse of NTC authority in [Bani Walid], one of the most die-hard bastions of pro-Gaddafi sentiment (...), could not come at a worse time. Growing discontent about the NTC has spread across the country - with the biggest demonstrati...on taking place in Benghazi, the birthplace of last year's uprising. Abdel Hafiz Ghoga, vice-president of the NTC, resigned on Monday after a series of violent protests in the eastern port city. (...)
The [NTC] is also under increasing pressure (...) over Gaddafi’s influential son Saif. (...) The case has become an unlikely rallying point for global human rights advocates. The NTC have been criticised for failing to tell him what he is charged with or give him access to a lawyer.
Saif, who lost his right thumb and forefinger during the civil war, is also denied visitors, television, radio and the internet at his compound in Zintan, 100 miles from Tripoli. Libyan leaders insist the country will hold a trial. But Donatella Rovera, an Amnesty International official, said the NTC had failed to put in place a trial system with independent judges and skilled prosecutors."
 
 
LIBYANS STORM NTC HEADQUARTERS:
"Two weeks of protests in the city of Benghazi (...) came to a head when protestors used grenades to blow the gates off the National Transitional Council (NTC) compound housing the interim government. (...) Tensions mounted when the NTC passed a series of laws determining how parliamentary elections would be conducted this June – making no mention of how seats in the new legislature would be divv...ied out between different cities and regions. Seeing that the allocation of legislative seats will ultimately shape the distribution of the country’s vast oil wealth, many demonstrators contend the NTC is not seeking to fulfill (...) democratic aspirations. (...)
However, calls for greater freedoms belie the actual situation on the ground in post-Gaddafi Libya. According to a November report by the UN Secretary General, at least 7,000 men, women and children were illegally detained by rebel militi...as in Libya. Many of them (...) have been subjected to torture and other systematic forms of mistreatment. Clashes between rival militia factions have also become an increasingly common sight in the streets of Tripoli. 
­Radio host and author Stephen Lendman believes the crowds are unhappy with the new, Western-backed government: 'A couple of 100 former rebel fighters stormed the Parliament in Benghazi. (...) The new election was drawn up and the people were promised they would have a say, but the people have had no say whatsoever – everything has been secretive. And the NTC government – let’s face it – is the puppet of Western governments serving Western interests, having absolutely no interest in ordinary Libyans.'
It's Iraq all over again, says international consultant Adrian Salbuchi, with the flag of democracy brought in to guard Western geopolitical interests and pump oil while the 'invaded' nation’s needs are ignored."
 
 
NATO VS. SYRIA:
"NATO is already clandestinely engaged in the Syrian conflict, with Turkey taking the lead as US proxy. Ankara’s foreign minister, Ahmet Davitoglu, has openly admitted that his country is prepared to invade as soon as there is agreement among the Western allies to do so. The intervention would be based on humanitarian principles, to defend the civilian population based on the 'responsibility to protect' doctrine that was invoked to justify Libya. Turkish sources suggest that intervention would start with creation of a buffer zone along the Turkish-Syrian border and then be expanded. (...)
Unmarked NATO warplanes are arriving at Turkish military bases close to Iskenderun near the Syrian border, delivering weapons from the late Muammar Gaddafi’s arsenals as well as volunteers from the Libyan Transitional National Council who are experienced in pitting local volunteers against trained soldiers, a skill they acquired confronting Gaddafi’s army. Iskenderum is also the seat of the Free Syrian Army, the armed wing of the Syrian National Council. French and British special forces trainers are on the ground, assisting the Syrian rebels while the CIA and US Spec Ops are providing communications equipment and intelligence to assist the rebel cause, enabling the fighters to avoid concentrations of Syrian soldiers."
 
 
PRESIDENCY OF ARAB LEAGUE SEEKS TO BURY OWN EXPERTS' REPORT:
"Since the outbreak of the events that have cast a dark shadow over Syria, 2 interpretations stand in opposition to each other: for the West and their Gulf allies, the regime crushed the popular revolution in blood, while for Syria and its BRICS allies, the country is assailed by armed groups coming from abroad.
To shed light on these events, the Arab League created an Observer Mission composed of persons appointed by each Member State (...). This diversity of experts constituted a guarantee against the possible manipulation of the outcome (...). 
The problem is that the report confirms the version of the Syrian government and demolished that of the West and the Gulf monarchies. In particular, it demonstrates that there were no lethal crackdowns on peaceful demonstrators and that all the commitments made by Damascus have been scrupulously honored. It also validates the important fact that the country is in the grips of armed groups, who are responsible for the death of hundreds of Syrian civilians and thousands among the military, as well as for hundreds of acts of terrorism and sabotage.
For this reason, Qatar now seeks to prevent the dissemination of the report by any means. Indeed, it is a real bomb that could explode in Qatar’s face and against its communication device. (...) The presidency of the League has decided not to circulate the report of the Observer Mission, nor to translate, and not even to post the original in Arabic on its website.
The Wahhabi emirate is up against a huge risk. If by chance the Western public were to gain access to the report, it is Qatar and its proxies that could be held accountable in terms of democratic deficiencies and involvement in the killing of people."
 
 
HOMS (SYRIA): EVIDENCE OF ASSAD SUPPORT IN DIVIDED CITY:
 
 
VLADIMIR POUTINE DENONCE LES IDENTITAIRES RUSSES:
"Vladimir Poutine, a dénoncé lundi 23 janvier la mouvance identitaire russe qui cherche à détruire la base multiethnique du pays, faisant un parallèle avec les nationalismes qui ont abouti en 1991 à l'implosion de l'URSS: 
'Je suis profondément convaincu que les tentatives de professer un 'nationalisme russe' dans un Etat multiethnique sont en contradiction avec notre histoire millénaire. (...) Des provocateurs de toutes sortes et nos adversaires cherchent à arracher à la Russie cette base (multiethnique) avançant des arguments entièrement faux comme le droit des Russes à l'autodétermination, la 'pureté de la race'."
 
 
AFSCHEID VAN DE VLAAMSE BEWEGING. WE HEBBEN NOOD AAN FRISSE LUCHT:
 ‎"De Vlaamse beweging zoals die vandaag de dag bestaat is een pijnlijke karikatuur van ‘het grote streven’ dat er 175 jaar geleden aan ten grondslag lag. Net als de rest van de samenleving ligt ze plat op de buik voor de geldmoloch. Dat maakt dat de staat die de Vlaamse beweging nastreeft er in wezen niet anders zal uitzien dan het huidige België. Wie niet aan het primaat van de economie wil raken, stemt ermee in dezelfde machthebbers, dezelfde machtsverhoudingen te handhaven.
De taak van een emancipatorische beweging, zoals de Vlaamse beweging er één was, is de ontvoogdingsstrijd. Dat betekent in de huidige context dat men zich niet alleen moet bevrijden van de Belgische omknelling, maar ook van een politieke klasse die elke voeling met het volk verloren heeft. Van een systeem waarin de noden van mens en gemeenschap volledig ondergeschikt worden aan het belang van a- en dus anti-sociale economische machten. Of is het misschien zo vanzelfsprekend dat de Antwerpse haven gedomineerd wordt door een rederij in Singapore; dat het rioleringsnetwerk in handen komt van een Amerikaans bedrijf; dat onze bedrijven worden uitverkocht aan anonieme kapitaalgroepen? Maar de Vlaamse Beweging zwijgt. De welvaart weet u wel. En de Vlaamse eenheid mag niet gebroken worden door levensbeschouwelijke twistpunten nietwaar?
Het enige wat deze Vlaamse beweging nog aan vijanden weet te ontwaren, zijn Walen en/of islamieten. Elke regio heeft natuurlijk recht op de vruchten van zijn arbeid en opgelegde solidariteit is zonder twijfel een kwalijke zaak. Maar of dat afdoende is om stelselmatig te spreken van ‘Waalse dieven’... Arm, arm Vlaanderen.
In het Vlaamse bewegingsverhaal staat het afscheid van Wallonië centraal. Maar wat er verder met deze regio aan de voordeur van Vlaanderen moet gebeuren, is een open vraag. Het lijkt wel alsof voor Vlaamsgezinden Wallonië niet bestaat. (...) Een onafhankelijk Wallonië is gezien de grote heterogeniteit van deze regio - Luxemburg vormt bijvoorbeeld een entiteit op zich - allicht een illusie. Maar wat moet er dan mee gebeuren? Willen de Vlaamsnationalisten mischien een Frankrijk dat zich uitstrekt tot aan de voordeur van Vlaams-Brabant?
Een Vlaamse beweging die zich blindstaart op de onafhankelijkheid zonder het staatsdenken, het machtsdenken of het primaat van de economie in vraag te durven stellen, voert een schijnvertoning op. Een Vlaamse overwinning op België, zal zo altijd een Pyrrusoverwinning zijn. (...)
We zijn het beu om in de Vlaamse beweging steeds tot dovemansoren te spreken. We zijn het beu om steeds weer die meewarige blik te krijgen, wanneer we het over Doel, het milieu of Bomspotting hebben. We zijn de ééndimensionaliteit beu waarbij élk probleem steevast herleid wordt tot een Vlaams-Waalse tegenstelling. (...) 
Misschien moeten we er (...) maar ‘ns over nadenken of ons streven zich niet beter laat samenvatten in een term als ‘regionalisme’. (...) Al te vaak moeten we vaststellen dat in onze discussies, met andersdenkenden maar ook intern, het woord nationalisme tot misverstanden aanleiding geeft. (...) Misschien moeten we toch eens even stilstaan bij de eigenlijke betekenis [van het begrip 'regionalisme'] (...) zoals deze in Van Dale staat:
1. Het cultiveren van de aparte tradities (...) van een bep. gewest, tegenover de nivellering die van de moderne staat uitgaat
2. Het streven naar verkrijging of behoud van gewestelijke autonomie
(...) De clubjes, groeperingen en partijen die voortkomen uit die Vlaamse beweging zouden mogen beseffen dat we nu op nieuwe kruispunten staan, nieuwe wegen moeten inslaan. Je kan niet meer louter ‘Vlaamse Beweging’ zijn. Bondgenootschappen zullen onherroepelijk veranderen, misschien dat vroegere ‘vijanden’ nu ‘compagnons de route’ zullen worden, vroegere medestanders zullen tegenstanders worden. Daar is niks mis mee, dat is goed zo: het is de dynamiek van de ideeën. Niks zo erg als verkeerd begrepen loyaliteit: het is niét omdat je met iemand een stuk weg hebt afgelegd, dat je ten eeuwigen dage aan elkaar hoeft gekluisterd te zijn. Alle oude ideologieën smeken om een herformulering, gaan op zoek naar nieuwe verbanden. Alleen de Vlaamse beweging blijft met gesloten ogen verder fietsen op een niet bestaand élan, zonder te zien dat het aantal renners in het peloton steeds verder slinkt."

http://www.vvb.org/doorbraak/152/194
 
RUSSIA IN COLOR, A CENTURY AGO:
"An extraordinary collection of color photographs taken between 1909 and 1912. (...) The high quality of the images, combined with the bright colors, make it difficult for viewers to believe that they are looking 100 years back in time - when these photographs were taken, neither the Russian Revolution nor World War I had yet begun":
http://www.boston.com/bigpicture/2010/08/russia_in_color_a_century_ago.html
 
 
PRO-REGERINGSMANIFESTATIE TREKT IN BOEDAPEST BIJNA 100.000 DEMONSTRANTEN:
"De Orban-manifestanten van vandaag kwamen uit alle hoeken van het land. Er waren zelfs bussen ingelegd vanuit de buurlanden Slovakije en Roemenië, waar een omvangrijke Hongaarse minderheid leeft. De betogers droegen Hongaarse vlaggen en spandoeken met 'We houden van ons land, we houden van Viktor' en 'Handen af van Hongarije. We willen geen kolonie zijn'.":
http://www.demorgen.be/dm/nl/990/Buitenland/article/detail/1383236/2012/01/21/Pro-regeringsmanifestatie-trekt-in-Boedapest-bijna-100-000-demonstranten.dhtml
 
 
LE PEN ZIT SARKOZY OP DE HIELEN IN PEILING:
"Marine Le Pen (...), de leidster van de partij Front National profiteert van een golf van ongenoegen over de economie. (...) Le Pen zou 21% van de stemmen krijgen in de eerste ronde eind april, nog slechts 2 procentpunt achter Sarkozy. De socialistische leider François Hollande leidt de peiling met 27%":
http://www.rtl.nl/(/actueel/rtlnieuws/buitenland/)/components/actueel/rtlnieuws/2012/01_januari/20/buitenland/le-pen-zit-sarkozy-op-de-hielen-in-peiling.xml
 
 
 
CONTROL OF INTERNET SPEECH BY THE US GOVERNMENT:
Internet Controll

dimanche, 29 janvier 2012

CONFRONTATION BETWEEN MILITARY BLOCS: The Eurasian "Triple Alliance." The Strategic Importance of Iran for Russia and China

CONFRONTATION BETWEEN MILITARY BLOCS: The Eurasian "Triple Alliance." The Strategic Importance of Iran for Russia and China

 

Despite areas of difference and rivalries between Moscow and Tehran, ties between the two countries, based on common interests, have developed significantly.

Both Russia and Iran are both major energy exporters, they have deeply seated interests in the South Caucasus. They are both firmly opposed to NATO's missile shield, with a view to preventing the U.S. and E.U. from controlling the energy corridors around the Caspian Sea Basin.

Moscow and Tehran's bilateral ties are also part of a broader and overlapping alliance involving Armenia, Tajikistan, Belarus, Syria, and Venezuela. Yet, above all things, both republics are also two of Washington’s main geo-strategic targets.

The Eurasian Triple Alliance: The Strategic Importance of Iran for Russia and China 

China, the Russian Federation, and Iran are widely considered to be allies and partners. Together the Russian Federation, the People's Republic of China, and the Islamic Republic of Iran form a strategic barrier directed against U.S. expansionism. The three countries form a "triple alliance," which constitutes the core of a Eurasian coalition directed against U.S. encroachment into Eurasia and its quest for global hegemony.

While China confronts U.S. encroachment in East Asia and the Pacific, Iran and Russia respectively confront the U.S. led coalition in Southwest Asia and Eastern Europe. All three countries are threatened in Central Asia and are wary of the U.S. and NATO military presence in Afghanistan.

Iran can be characterized as a geo-strategic pivot. The geo-political equation in Eurasia very much hinges on the structure of Iran's political alliances. Were Iran to become an ally of the United States, this would seriously hamper or even destabilize Russia and China. This also pertains to Iran's ethno-cultural, linguistic, economic, religious, and geo-political links to the Caucasus and Central Asia.

Moreover, were the structure of political alliances to shift in favour of the U.S., Iran could also become the greatest conduit for U.S. influence and expansion in the Caucasus and Central Asia. This has to do with the fact that Iran is the gateway to Russia's soft southern underbelly (or "Near Abroad") in the Caucasus and Central Asia.

In such a scenario, Russia as an energy corridor would be weakened as Washington would "unlock" Iran's potential as a primary energy corridor for the Caspian Sea Basin, implying de facto U.S. geopolitical control over Iranian pipeline routes. In this regard, part of Russia's success as an energy transit route has been due to U.S. efforts to weaken Iran by preventing energy from transiting through Iranian territory.

If Iran were to "change camps" and enter the U.S. sphere of influence, China's economy and national security would also be held hostage on two counts. Chinese energy security would be threatened directly because Iranian energy reserves would no longer be secure and would be subject to U.S. geo-political interests. Additionally, Central Asia could also re-orient its orbit should Washington open a direct and enforced conduit from the open seas via Iran. 

Thus, both Russia and China want a strategic alliance with Iran as a means of screening them from the geo-political encroachment of the United States. “Fortress Eurasia” would be left exposed without Iran. This is why neither Russia nor China could ever accept a war against Iran. Should Washington transform Iran into a client then Russia and China would be under threat.

Misreading the Support of China and Russia for U.N. Security Council Sanctions

There is a major misreading of past Russian and Chinese support of U.N. sanctions against Iran. Even though Beijing and Moscow allowed U.N. Security Council sanctions to be passed against their Iranian ally, they did it for strategic reasons, namely with a view to keeping Iran out of Washington's orbit.

In reality, the United States would much rather co-opt Tehran as a satellite or junior partner than take the unnecessary risk and gamble of an all-out war with the Iranians. What Russian and Chinese support for past sanctions did was to allow for the development of a wider rift between Tehran and Washington. In this regard, realpolitik is at work. As American-Iranian tensions broaden, Iranian relations with Russia and China become closer and Iran becomes more and more entrenched in its relationship with Moscow and Beijing.

Russia and China, however, would never support crippling sanctions or any form of economic embargo that would threaten Iranian national security. This is why both China and Russia have refused to be coerced by Washington into joining its new 2012 unilateral sanctions. The Russians have also warned the European Union to stop being Washington's pawns, because they are hurting themselves by playing along with the schemes of the United States. In this regard Russia commented on the impractical and virtually unworkable E.U. plans for an oil embargo against Iran. Tehran has also made similar warnings and has dismissed the E.U. oil embargo as a psychological tactic that is bound to fail.

 
Left photo: President Mahmoud Ahmadinejad of Iran and President Dmitry A. Medvedev of Russia during a bilateral meeting in Dushabe, Tajikistan.
The bilateral Iranian-Russian meeting was held on the sidelines of a Shanghai Cooperation Organization summit on August 28, 2008.
Right photo: Iranian Foreign Minister Ali Akbar Salehi and Russian Foreign Minister Sergey V. Lavrov together in Moscow discussing Russia’s step-by-step nuclear proposal.


Russo-Iranian Security Cooperation and Strategic Coordination

In August 2011, the head of the Supreme National Security Council of Iran, Secretary-General Saaed (Said) Jalili, and the head of the National Security Council of the Russian Federation, Secretary Nikolai Platonovich Patrushev met in Tehran to discuss the Iranian nuclear energy program as well as bilateral cooperation. Russia wanted to help Iran rebuff the new wave of accusations by Washington directed against Iran. Soon after Patrushev and his Russian team arrived in Tehran, the Iranian Foreign Minister, Ali Akbar Salehi, flew to Moscow. 

Both Jalili and Patrushev met again in September 2011, but this time in Russia. Jalili went to Moscow first and then crossed the Urals to the Russian city of Yekaterinburg.

The Iran-Russia Yekaterinburg meeting took place on the sidelines of an international security summit. Moreover, at this venue, it was announced that the highest bodies of national security in Moscow and Tehran would henceforth coordinate by holding regular meetings. A protocol between the two countries was was signed at Yekaterinburg. 

During this important gathering, both Jalili and Patrushev held meetings with their Chinese counterpart, Meng Jianzhu. As a result of these meetings, a similar process of bilateral consultation between the national security councils of Iran and China was established. Moreover, the parties also discussed the formation of a supranational security council within the Shanghai Cooperation Council to confront threats directed against Beijing, Tehran, Moscow and their Eurasian allies. 

Also in September 2011, Dmitry Rogozin, the Russian envoy to NATO, announced that he would be visiting Tehran in the near future to discuss the NATO missile shield project, which both the Moscow and Tehran oppose.

Reports claiming that Russia, Iran, and China were planning on creating a joint missile shield started to surface. Rogozin, who had warned in August 2011 that Syria and Yemen would be attacked as "stepping stones" in the broader confrontation directed against Tehran, responded by publicly refuting the reports pertaining to the establishment of a joint Sino-Russo-Iranian missile shield project.

The following month, in October 2011, Russia and Iran announced that they would be expanding ties in all fields. Soon after, in November 2011, Iran and Russia signed a strategic cooperation and partnership agreement between their highest security bodies covering economics, politics, security, and intelligence. This was a long anticipated document on which both Russia and Iran had been working on. The agreement was signed in Moscow by the Deputy Secretary-General of the Supreme Security Council of Iran, Ali Bagheri (Baqeri), and the Under-Secretary of the National Security Council of Russia, Yevgeny Lukyanov.

In November 2011, the head of the Committee for International Affairs in the Russian Duma, Konstantin Kosachev, also announced that Russia must do everything it can to prevent an attack on neighbouring Iran. At the end of November 2011 it was announced that Dmitry Rogozin would definitely visit both Tehran and Beijing in 2012, together with a team of Russian officials to hold strategic discussions on collective strategies against common threats.

   
Left and right photos: Secretary-General Jalili and Secretary Patrushev in Tehran, Iran holding Iranian-Russian national security talks during August 2011.

 
Left photo: Deputy Secretary-General Ali Bagheri at a press conference in Moscow, Russia after signing a security pact with Russian officials.
Right photo: Konstantin Kosachev, the Chairperson of the Committee for International Affairs in the Russian Duma.
 

Russian National Security and Iranian National Security are Attached

On January 12, 2012, Nikolai Patrushev told Interfax he feared that a major war was imminent and that Tel Aviv was pushing the U.S. to attack Iran. He dismissed the claims that Iran was secretly manufacturing nuclear weapons and said that for years the world had continuously heard that Iran would have an atomic bomb by next week ad nauseum. His comments were followed by a dire warning from Dmitry Rogozin.

On January 13, 2012, Rogozin, who had been appointed deputy prime minister, declared that any attempted military intervention against Iran would be a threat to Russia's national security. In other words, an attack on Tehran is an attack on Moscow. In 2007, Vladimir Putin essentially mentioned the same thing when he was in Tehran for a Caspian Sea summit, which resulted in George W. Bush Jr. warning that World War III could erupt over Iran. Rogozin's statement is merely a declaration of what has been the position of Russia all along: should Iran fall, Russia would be in danger.

Iran is a target of U.S. hostility not just for its vast energy reserves and natural resources, but because of major geo-strategic considerations that make it a strategic springboard against Russia and China. The roads to Moscow and Beijing also go through Tehran, just as the road to Tehran goes through Damascus, Baghdad, and Beirut. Nor does the U.S. want to merely control Iranian oil and natural gas for consumption or economic reasons. Washington wants to put a muzzle around China by controlling Chinese energy security and wants Iranian energy exports to be traded in U.S. dollars to insure the continued use of the U.S. dollar in international transactions.

Moreover, Iran has been making agreements with several trade partners, including China and India, whereby business transactions will not be conducted in euros or U.S. dollars. In January 2012, both Russia and Iran replaced the U.S. dollar with their national currencies, respectively the Russian rouble and the Iranian rial, in their bilateral trade. This was an economic and financial blow to the United States.

 
Left photo: Vladimir V. Putin and Mahmoud Ahmadinejad holding talks in Tehran, Iran on the sidelines of a summit of Caspian Sea nations in October 2007.
Right photo: Dmitry O. Rogozin, the departing representative of Russia at NATO Headquarters in Brussels, Belgium.


Syria and the National Security Concerns of Iran and Russia

Russia and China with Iran are all staunchly supporting Syria. The diplomatic and economic siege against Syria is tied to the geo-political stakes to control Eurasia. The instability in Syria is tied to the objective of combating Iran and ultimately turning it into a U.S. partner against Russia and China. 

The cancelled or delayed deployment of thousands of U.S. troops to Israel for "Austere Challenge 2012" was tied to ratcheting up the pressure against Syria. On the basis of a Voice of Russia report, segments of the Russian media erroneously reported that "Austere Challenge 2012" was going to be held in the Persian Gulf, which was mistakenly picked up by news outlets in other parts of the world. This helped highlight the Iranian link at the expense of the Syrian and Lebanese links. The deployment of U.S. troops was aimed predominately at Syria as a means of isolating and combating Iran. The "cancelled" or "delayed" Israeli-U.S. missile exercises most probably envisaged preparations for missile and rocket attacks not only from Iran, but also from Syria, Lebanon, and the Palestinian Territories.

Aside from its naval ports in Syria, Russia does not want to see Syria used to re-route the energy corridors in the Caspian Basin and the Mediterranean Basin. If Syria were to fall, these routes would be re-synchronized to reflect a new geo-political reality. At the expense of Iran, energy from the Persian Gulf could also be re-routed to the Mediterranean through both Lebanon and Syria.

 
Left photo: Syrian Defence Minister Dawoud (David) Rajha visiting the docked Russian aircraft carrier Admiral Kuznetsov in the Syrian port of Tartus on January 8, 2012.
Right photo: Syrian allies, Secretary-General Hassan Nasrallah of Hezbollah and Mahmoud Ahmadinejad of Iran, join President Bashar Al-Assad for a summit in Damascus, Syria on February 25, 2010.
 


 
Left photo: The Alvand, one of the two Iranian warships that visited the Syrian port of Lattakia during February 2011.
Right photo: Rear-Admirial Habibollah Sayyari holding a press conference on February 28, 2001 at the Iranian Embassy in Syria about the Iranian naval presence off Syria’s Mediterranean coast.
 


Mahdi Darius Nazemroaya is a Sociologist and award-winning author. He is a Research Associate at the Centre for Research on Globalization (CRG), Montreal. He specializes on the Middle East and Central Asia. He has been a contributor and guest discussing the broader Middle East on numerous international programs and networks such as Al Jazeera, Press TV and Russia Today. His writings have been published in more than ten languages​​. He also writes for the Strategic Culture Foundation (SCF), Moscow.

 Global Research Articles by Mahdi Darius Nazemroaya

La voie écossaise vers l’indépendance

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Amelie WINTHER:

La voie écossaise vers l’indépendance

Un référendum devrait avoir lieu en 2014

L’hymne national de l’Ecosse est, comme pour toutes les autres composantes du Royaume-Uni, le “God Save the Queen”. Mais lorsque les équipes écossaises de football ou de rugby se préparent à un match, c’est le chant “Flower of Scotland” que le public entonne. Déjà la première strophe évoque la lutte des Ecossais pour l’indépendance sous la conduite de leurs héros nationaux William Wallace (“Braveheart”) et Robert the Bruce: “Quand reverrons-nous des pareils à vous qui avez combattu et êtes morts pour votre petite portion de colline et de vallée, et qui avez défié l’orgueilleuse armée d’Edouard et l’avez renvoyée chez elle, pour qu’elle y réfléchisse à deux fois...”.

Le Roi Edouard I était l’adversaire des combattants écossais de la liberté au 13ème siècle. Il avait au préalable soumis le Pays de Galles, jusqu’alors indépendant. Le temps des héros courageux est certes passé, dit l’hymne, “mais nous pouvons quand même nous soulever et redevenir cette nation qui a défié l’orgueilleuse armée d’Edouard”. Outre le chant “Flower of Scotland”, il y en a d’autres, tout aussi célèbres comme “Scotland the Brave” (“Pays de mes peines, Pays de la rivière enchanteresse, Pays de mon coeur pour toujours, toi, ô brave Ecosse”) et “Scots Wha Hae”; les Ecossais d’aujourd’hui considèrent ces magnifiques chants comme les hymnes non officiels de leur pays. “Scots Wha Hae” est dû à la plume du poète national Robert Burns, dont le plus célèbre poème est “Auld Lang Syne”. Dans ce poème, Burns interprète l’allocution que Robert the Bruce fit devant son armée juste avant la bataille de Bannockburn.

Les césures de l’histoire dans les Iles Britanniques

Il existe donc en Ecosse trois hymnes non officiels, dont les paroles évoquent le refus de la tutelle anglaise et expriment sans le moindre détour une volonté de demeurer libre: c’est très significatif pour les césures que l’histoire a installées entre l’Ecosse et l’Angleterre. Avant l’union des deux royaumes en 1707, il y a eu des siècles de conquêtes et de résistances. Depuis l’union de 1707, les deux pays sont liés au sein du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande (puis “Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord”). Pourtant, au cours de ces dernières années, la question se pose de plus en plus souvent: combien de temps cette union durera-t-elle encore?

 

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Ce qui est est en train de se passer aujourd’hui en Ecosse peut être considéré comme les signes avant-coureurs des derniers soubresauts d’un Empire qui a cru sortir grand vainqueur des guerres mondiales du 20ème siècle mais qui appartenait en fait au camp des vaincus (qui s’ignorent ou veulent s’ignorer). L’insistance actuelle des Ecossais pour obtenir l’indépendance vis-à-vis de Londres peut se lire comme le dernier acte d’une pièce de théâtre qui jouerait le déclin d’un ancien empire mondial, qui, malgré ses victoires militaires et l’engagement de forces humaines et matérielles considérables, a finalement tout perdu.

Un premier ministre écossais accusé de “populisme”

D’après Alex Salmond, premier ministre d’Ecosse, et donc le plus puissant des hommes politiques du pays, et son parti, le SNP (“Scottish National Party”), les Ecossais devraient se prononcer en 2014, lors d’un référendum, pour ou contre un avenir détaché de la tutelle londonienne. Le 24 juin 2014, les Ecossais célèbreront pour la 700ème fois leur victoire sur les Anglais lors de la fameuse bataille de Bannockburn. La date est donc symbolique.

Le SNP domine au Parlement d’Edimbourg depuis 2007 et, depuis 2011, il y domine seul, sans alliance ni cartel. Lors des dernières élections, il a obtenu la majorité absolue.

Quand un homme politique réclame l’auto-détermination nationale, on lui colle tout de suite sur le dos l’étiquette péjorative de “populiste”. Ainsi, pour donner quelques exemples, le “Rheinische Post” allemand, en janvier 2012, a écrit, dans son édition en ligne: “Le populiste Alex Salmond, 57 ans, ne disposait jadis d’aucune force réelle, en tant que chef d’un gouvernement minoritaire, pour pouvoir réaliser cette promesse”. Par ailleurs, le “Spiegel” de Hambourg, a commenté la situation actuelle en Ecosse comme suit: “Le Führer du SNP, Salmond, est considéré par tous les partis établis comme un pénible populiste et ils aspirent tous à ce que sa rhétorique en faveur de l’indépendance de l’Ecosse soit enfin démasquée. ‘Plus le référendum arrivera tôt, mieux cela vaudra’, écrit le député travailliste écossais Douglas Alexander dans le ‘Telegraph’”.

Quant à l’Université de Münster, elle formule la remarque suivante, dans un travail sur le “populisme” aux Pays-Bas et en Allemagne: “Le concept de ‘populisme’ est un concept mouvant. Les politiciens aiment l’employer et l’emploient souvent dans les querelles où ils confrontent leurs opinions. Le ‘populisme’ est une étiquette utilisée de manière inflationnaire; elle s’utilise d’autant plus souvent qu’elle ne reflète aucune clarté quant à son contenu”.

Etymologiquement parlant, “populisme” désigne en fait une politique qui s’efforce de créer une proximité particulière avec le peuple. Le dictionnaire allemand “Duden” donne pourtant la définition suivante: ce concept désigne, pour lui, une politique d’opportunisme, visant à “gagner les faveurs des masses”. Savoir si Alex Salmond a réellement les masses derrière lui, on ne le saura qu’après le référendum. Douglas Alexander, que nous venons de citer, n’est pas le seul à croire que Salmond postposera ce référendum le plus longtemps possible parce qu’il ne peut pas encore gagner une majorité d’Ecossais à son projet indépendantiste. “Le SNP joue sur le temps, parce qu’il n’a pas de réponses à toute une série de questions fondamentales”, estime David McLethie. Ce dernier siège pour le compte du parti conservateur écossais au Parlement. Ses “Tories” militent pour l’union avec l’Angleterre. Une Ecosse indépendante? En tout cas, sans eux...

Londres tente de freiner le processus

Le premier ministre britannique David Cameron a fait un pari: il ne faut pas laisser de temps au SNP pour diffuser parmi les électeurs ses vues et propositions. Plus le référendum arrivera vite, plus on aura de chances de maintenir les Ecossais dans le Royaume-Uni: tel est le calcul de Cameron. Voilà pourquoi il a proposé, à la mi-janvier 2012, que le référendum se tienne le plus rapidement possible.

Au sein du cabinet, on venait, une fois de plus, de discuter d’une loi accordant une large autonomie financière à l’Ecosse. Au cours de ces discussions, on a exigé, très nettement, que les conditions du référendum ne soient pas élaborées à Edimbourg mais à Londres. Endéans les dix-huit prochains mois, a-t-on suggéré, le référendum devra avoir lieu. Il ne devrait y avoir qu’une seule question à poser aux Ecossais, rapporte le “Neue Zürcher Zeitung”, en nous parlant de la “lutte tactique pour l’avenir de l’Ecosse”, et à cette question, il ne faudra répondre que par “oui” ou par “non”. En simplifiant le référendum de cette façon, on veut éviter que Salmond ne propose une alternative, une sorte de variante intermédiaire, qui offrirait un maximum d’autonomie à l’Ecosse, afin de parer à une défaite cuisante lors du référendum.

Le vice-président du parti de Salmond, Nicola Sturgeon, a expliqué, à ce propos, que les conservateurs anglais veulent influencer des décisions qui ne concernent que le seul peuple écossais. Mais en procédant de la sorte, le gouvernement de Londres n’obtient que le contraire  de ce qu’il souhaite en réalité. Le soutien populaire à l’indépendance ne ferait alors que croître. “Dans leur coeur, les Ecossais ne veulent pas d’une séparation totale”, pense Cameron, envers et contre tout. L’Union de 1707 a finalement été “l’un des partenariats les plus efficaces à l’échelle mondiale”. Salmond perçoit les choses différemment. “Plus il parle, mieux cela vaut pour la cause de l’indépendance”. C’est, de fait, ce que prouvent les sondages.

La BBC commente à son tour: entre les gouvernements britannique et écossais, une “guerre des mots” fait rage.

AlexSalmond-Edit-1024x1006.pngAngus Robertson est chef de la fraction SNP. Sur le site internet de son parti, il commente les assertions intrusives de Cameron: “Il est clair que la balourdise de David Cameron, à vouloir sauver la vieille union, s’est avérée contre-productive dès que les Ecossais ont entendu parler des possibilités que leur offrirait l’indépendance. Toutes les démarches qu’ont entreprises les partis anti-indépendantistes depuis l’immixtion désordonnée de Cameron n’ont suscité qu’un désir général d’indépendance et l’ampleur de ce désir montre que nous pouvons être confiants d’obtenir un ‘oui’ lors du référendum prévu pour l’automne de l’année 2014”. Le soutien à l’indépendantisme se perçoit également dans l’augmentation du nombre des membres du SNP: “Personne ne se soucie autant du développement de l’Ecosse que ceux qui y vivent. C’est pourquoi ce ceux eux, et non d’autres, qui doivent recevoir le pouvoir de décision”.

Aux questions du journal allemand “Die Welt”, Robertson avait exprimé sa conviction: “Nous avons maintenant les meilleures chances de faire passer l’indépendance. Les autres partis sont dépourvus de direction et d’orientation”. Robertson dirige la campagne en faveur du référendum sur l’indépendance. En 2007 et en 2011, où il détenait aussi cette fonction de chef  de la campagne électorale, il avait conduit son parti au succès lors des législatives.

Le pétrole écossais

Avec le slogan “It”s Scotland’s oil” (“C’est le pétrole écossais”), le SNP avait déjà séduit les électeurs dans les années 70. Pour la prochaine échéance importante, c’est-à-dire le référendum sur l’indépendance, les riches gisements de pétrole de la Mer du Nord, face aux côtes de l’Ecosse, joueront un rôle non négligeable. En octobre dernier, quatre entreprises énergétiques, parmi lesquelles des géants du marché tels BP et Shell, annonçaient qu’elles voulaient investir dix milliards de dollars pour prospecter les nouveaux gisements à l’Ouest des Iles Shetland. L’Ecosse veut profiter de cette manne plus qu’auparavant. Le ministère britannique des finances a glané près de 360 milliards d’euro au cours de ces quarante dernières années grâce au pétrole de la Mer du Nord. “Londres a suffisamment gagné grâce au pétrole écossais. Au cours des quarante prochaines années, ce seront les citoyens d’Ecosse qui en profiteront”; ces paroles sont extraites du discours de Salmond lors de la diète du SNP.

90% du pétrole qu’exploite la Grande-Bretagne se situe, géographiquement parlant, sur le territoire écossais. Raison pour laquelle, selon les partisans de Salmond, il est injuste que les dividendes de ce pétrole, fournis par les taxes payées par l’industrie et par les impôts directs, aillent dans l’escarcelle du ministère londonien. Les nationalistes écossais veulent réaliser d’autres projets avec cette manne pétrolière. Salmond veut l’investir dans un fonds d’Etat et suivre ainsi l’exemple de la Norvège, également devenue riche grâce à son pétrole. Ce système à la norvégienne permettrait d’obtenir sur le long terme une rente stable.

Londres accepte de rencontrer Alex Salmond

Comme on l’a appris courant janvier, le premier ministre britannique David Cameron veut rencontrer Alex Salmond pour discuter des projets relatifs au référendum. Les préparatifs pour cette rencontre se réaliseraient “dans les prochains jours”. Michael Moore, secrétaire d’Etat britannique pour les affaires écossaises, a également annoncé qu’il voulait rencontrer Salmond. Celui-ci, une fois de plus, a fait savoir par un intermédiaire: “Voilà une évolution des choses qui est la bienvenue; cela constitue un véritable progrès”.

Le vice-président du SNP, Sturgeon, commente cet événement survenu au 10 Downing Street: “Il faut rappeler que c’est d’abord Alex Salmond qui a proposé une rencontre avec le premier ministre et le vice-premier ministre, mais que cette proposition, dans un premier temps, a été rejetée. C’est un fait: ils ont réfléchi et ils ont changé d’avis”. D’après Salmond, Cameron aurait déjà refusé six propositions de rencontre. Le porte-paroles de Salmond a aussi rappelé que les Britanniques proposeront en date du 25 janvier 2014 une ébauche détaillée sur le référendum. “Après cela, on l’espère, les rencontres pourront avoir lieu”.

Un résultat positif lors du référendum n’aurait aucun caractère “obligatoire”, serait simplement consultatif et constituerait la première étape dans des négociatios très dures avec Londres. Mais si la volonté du peuple écossais se manifeste pour dire qu’elle ne veut plus de l’union, la voie vers l’indépendance sera tracée.

Amelie WINTHER;

(article paru dans “DNZ”, Munich, n°4/2012 – 20 janvier 2012).

samedi, 28 janvier 2012

Une nouvelle opposition "Made in Russia"

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Une nouvelle opposition "Made in Russia"

Alexandre LATSA

Ex: http://fr.rian.ru/

Les élections présidentielles approchent, et la politique intérieure russe est un thème qui est revenu de façon assez récurrente au sein des analyses et tribunes récentes de RIA-Novosti. C’est aussi l’un des thèmes les plus discutés sur l’internet russe, surtout depuis décembre 2011. Récemment Maria Selina se demandait si une nouvelle vague d’émigration aurait lieu et elle en déduisait très adroitement que les manifestations de décembre 2011 pourraient théoriquement rassembler le cortège de ceux qui, rejetant le système politique russe, pourraient choisir de faire leurs bagages. Mes lecteurs le savent, j’ai couvert les manifestations de décembre et publié des photos et des textes qui ont donné lieu à des débats enflammés sur le sujet. Bien sur la position d’étranger qui commente la scène politique russe n’est pas très confortable, mais néanmoins un regard extérieur et comparatif a parfois son intérêt.

Lors de discussions sur Facebook, Marina (une jeune franco-russe d’une 30aine d’années, trilingue, étudiante en MBA) a résumé les raisons pour lesquelles elle était descendue dans la rue pour protester contre le régime. Elle m’a écrit: " la scène politique en Russie est bloquée car le parti de Poutine ne laisse pas de possibilités de développement à d’autres partis ". Marina souhaite "l’apparition de nouveaux partis, forts et jeunes et ne plus vivre avec un seul parti dominant comme Russie-Unie". Elle dénonce aussi le "multipartisme de façade" qui règne en Russie car pour elle "les partis d’opposition sont des vieux partis dirigés par des esprits soviétiques, pour lesquels les gens votent sans conviction, seulement afin de ne pas voter pour Russie-Unie".

Cette revendication m’a entrainé dans une foule de réflexions et je ne peux m’empêcher en tant qu’étranger de tenter une comparaison avec la France. Que constatons-nous en France ? Certes une alternance existe depuis quelques décennies entre deux courants, représentés par les deux partis dominants. Mais ces deux vieux partis de centre droit (UMP) et de centre gauche (PS) présentent ils réellement des différences idéologiques fondamentales face aux contraignantes exigences supranationales de Bruxelles? Est-ce qu’on peut rêver en France, comme Marina en Russie, de "l’apparition de nouveaux partis, forts et jeunes" ? Est-ce cela "une scène politique non bloquée"? Pouvoir voter non pour un mais pour deux partis qui ne savent pas gérer l’économie française, qui ont presque le même programme et les mains totalement liées par 30 ans de mauvaise gestion préalable, qui est de leur fait? Ont-ils la moindre marge de manœuvre face aux déficits abyssaux qu’ils ont créés ? En France, des partis considérés comme plus ou moins anti système comme le Front national ou le Parti de Gauche sont tenus à l’écart de la gouvernance par de subtils mécanismes politiques. Par conséquent les représentations à l’assemblée ne sont pas non plus totalement proportionnelles, ni justes. En France aussi on choisit au premier tour et on élimine au second, cela veut dire qu’au final on ne vote pas forcement pour un parti mais contre un parti. C’est ce qu’a écrit Marina pour la Russie : "Le vote pour certains partis est principalement un vote contre Russie-Unie". Ce rêve d’une opposition digne de ce nom est intéressant. Le but d’une opposition est de porter une politique alternative à celle en vigueur.

Une opposition nouvelle et crédible en Russie devrait d’abord être identifiable, surtout quand à la teneur de son projet pour le pays, démontrer une aptitude à exercer le pouvoir, s’imposer par des élections,  et pas seulement s’opposer au pouvoir via des déclarations et des manifestations de rues.  La difficulté de s’opposer constructivement à Vladimir Poutine, d’après Viktor Loupan, est que "ce dernier est à la fois de gauche, de droite, patriote, libéral, nationaliste et mondialiste. Pour s’opposer ne serait-ce qu’à une position centriste, il faut une solide culture politique et une plateforme idéologique inébranlable. Pour devenir une véritable force politique, il faut du temps et de la patience. (…) Regardez : Mitterrand commença à s’opposer à de Gaulle en 1958 et ne parvint au pouvoir qu’en 1981".

Je ne suis pas seul à penser que les hommes et femmes politiques doivent avant tout défendre les intérêts nationaux et les citoyens de leurs pays. Je n’ai pas non plus de partis qui me satisfassent dans mon pays, la France, mais pour autant je ne sais pas ce que je penserais (et ce que penseraient mes concitoyens) si des immixtions étrangères palpables étaient constatées dans le processus politique et électoral du pays comme c’est le cas en Russie. Comme le rappelait la journaliste du courrier de Russie Clémence Laroque, le nouveau visage de la diplomatie américaine en Russie s’appelle Mike MacFaul . Ce nouvel Ambassadeur a toujours affiché ses positions en faveur d’un rétablissement des relations russo-américaines après l’ère Bush, mais il est également "considéré comme un spécialiste des révolutions de couleur". Doit-on voir un lien avec les manifestations de décembre dernier et celle de février prochain? Ou avec les accusations de financement d’opposants actifs (Nemtsov ou Navalny) par des ONGs  américaines? Ou plutôt un lien avec cette bien curieuse invitation des représentants de l’opposition russe à l’ambassade américaine de Moscou le 17 janvier dernier, soit seulement 3 jours après la nomination de cet ambassadeur en Russie?

Peut-on imaginer par exemple en France le Front National être reçu par l’ambassadeur de Russie pour se plaindre de ne pas avoir de députés? Ou Jean-Luc Mélenchon (Parti de Gauche) être reçu par l’ambassadeur  de Chine après avoir organisé des manifestations à Paris? Que penseraient les citoyens et électeurs français? J’ai publié récemment une tribune à propos de ce projet "national-démocrate" qui cherche à rassembler les deux courants que sont le courant libéral et le courant nationaliste modéré, et qui pourrait avoir émergé des manifestations de décembre dernier. Pour l’analyste russe Dimitri Olchansky les manifestations ont en effet traduit l’opposition d’un pan minoritaire de la société (qualifié de "population européenne") avec le pan majoritaire de la société (qualifié de "population archaïque"). Pour lui, cette opposition devrait entraîner l’émergence d’une idéologie nationaliste dominante, avec tous les risques que cela comprend. Pour lui Russie-Unie serait donc aujourd’hui une sorte de valve de sécurité, dont la tache principale serait de garder le pouvoir et de déverrouiller progressivement certains blocages psychologiques de la société russe, en accompagnant une subtile libéralisation du système. Ainsi, Dimitri Olchansky conclut:" plus longtemps Poutine conservera le pouvoir, plus on aura de chances de voir la société russe évoluer de façon paisible et harmonieuse. Les nationalistes finiront de toute façon par prendre le pouvoir, c’est inévitable. Mais plus tard ce jour arrivera, plus ils seront civilisés".

Pour ceux qui rêvent de la disparition du pouvoir de Russie-Unie, la seule solution crédible serait sans doute l’apparition d’une opposition non déstabilisante pour le pays, bien sur compétente, mais et surtout "Made in Russia". Certainement pas une opposition issue du passé ni une opposition financée par l’étranger. Mais une telle opposition peut elle éclore à quelques semaines des élections présidentielles?  La scène politique russe est plus passionnante que jamais.

L’opinion de l’auteur ne coïncide pas forcément avec la position de la rédaction.

* Alexandre Latsa est un journaliste français qui vit en Russie et anime le site DISSONANCE, destiné à donner un "autre regard sur la Russie". Il collabore également avec l'Institut de Relations Internationales et Stratégique (IRIS), l'institut Eurasia-Riviesta, et participe à diverses autres publications.

L’Arabie Saoudite, faire-valoir idéal pour les ingérences américaines en Iran

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Alessia LAI:

 

L’Arabie Saoudite, faire-valoir idéal pour les ingérences américaines en Iran

L’Iran avertit: “Si les Saoudiens veulent se substituer à nous, ils seront responsables de tous les incidents qui se produiront”

La question nucléaire iranienne et les sanctions internationales qui en découlent sont en train d’attiser les tensions dans le Golfe Persique et d’exaspérer la rivalité historique entre l’Iran et l’Arabie Saoudite. Dimanche 15 janvier 2012, l’Iran a lancé un avertissement clair à ses voisins du Golfe: ils ne doivent pas s’aligner sur les sanctions de l’Occident en fournissant leur propre pétrole pour compenser le manque de fournitures qui seraient dues à l’embargo contre Téhéran. “Ces signaux, que nous lançons, ne sont nullement amicaux et nous invitons les responsables de l’Arabie Saoudite à réfléchir avant d’agir”: telle fut la réponse du ministre iranien des affaires étrangères Ali Akbar Salehi.

Le lendemain, lundi 16 janvier, le ministre saoudien du pétrole, Ali al-Nuaimi, a assuré que son pays pourrait rapidement compenser les exportations de brut iranien en cas de nécessité; il ajoutait que si l’Iran devait bloquer le Détroit d’Ormuz, passage stratégique à l’entrée du Golfe, en guise de représailles à tout éventuel embargo, ce détroit ne resterait pas fermé très longtemps. “Actuellement, nous produisons entre 9,4 et 9,8 millions de barils par jour”, a précisé al-Nuaimi, alors que “nous avons une capacité dep roduction de 12,5 millions de barils par jour. En peu de jours, nous pourrions facilement atteindre une production allant jusqu’à 11,4 barils par jour”.

Ces paroles ont évidemment déplu à Téhéran: “Si telle est la position officielle de l’Arabie Saoudite, nous invitons les autorités de ce pays à réagir plus calmement, avec un bon sens de la responsabilité et avec sagesse”. Telle fut la réplique de Salehi, qui a ajouté que les Iraniens ont bien l’intention de “rester tolérants à l’égard des pays du Golfe Persique, et à l’égard de l’Arabie Saoudite en particulier”. Il a rappelé que des affirmations du genre ont déjà été proférées dans le passé. Pourtant la situation est particulièrement tendue, vu la décision de l’UE d’imposer des sanctions à partir du 23 janvier et vu les pressions qu’exercent les Etats-Unis sur les pays asiatiques pour qu’ils réduisent leurs importations de brut iranien. Le Japon, sollicité par le ministre américain du trésor, craint de devoir réduire de 10% ses importations de brut iranien. Toutefois, un jour plus tard, le premier ministre japonais a redimensionné les déclarations du ministre des finances Azumi.

L’offensive américaine s’est alors concentrée sur la Corée du Sud, dont les importations de pétrole iranien sont plus importantes: 9,6% de toutes ses nécessités en brut viennent d’Iran. Séoul devra opter pour une exemption temporaire des restrictions en matière d’importation de pétrole, à condition de réduire significativement tous les autres échanges avec Téhéran. Les Coréens motivent comme suit la demande temporaire d’exemption: ils doivent d’abord trouver d’autres sources d’approvisionnement. La proposition saoudienne va évidemment dans ce sens: fournir les clients de l’Iran quand celui-ci sera soumis à l’embargo promis et appuyer à sa façon les mesures vexatoires que les Etats-Unis prennent à l’égard de l’Iran.

La situation est rendue encore plus compliquée, notamment vu la tournée (la première depuis vingt ans dans la région) du premier ministre chinois Wen Jiabao dans la péninsule arabique. Wen Jiabao a commencé ce voyage à Ryad, où il a signé un accord pour la construction d’une raffinerie à Yanbou, ville portuaire sur les rives de la Mer Rouge. La Chine, qui a approuvé les sanctions de l’ONU mais critique celles prises unilatéralement par les Etats-Unis et l’UE, est le premier pays importateur de brut iranien, pour un volume correspondant à 5% de sa demande interne. En revanche, les Chinois couvrent 25% de leurs besoins en se fournissant auprès des monarchies du Golfe. La position de la Chine sur la question du nucléaire iranien est donc d’une importance cruciale.

Malgré les pressions américaines, l’Inde a déclaré qu’elle continuerait à se fournir en Iran: “Nous continuerons à acquérir notre pétrole en Iran”, a dit le ministre indien des affaires étrangères, Ranjan Mathai, au cours d’une conférence de presse. Demeure le fait que les offres saoudiennes constituent non seulement un affront à l’Iran mais sont contraires aux principes mêmes de l’OPEP, l’organisation qui équilibre la production de pétrole dans le monde. Pour cette raison, le représentant de l’Iran auprès de l’OPEP, Mohammed Ali Khatibi, dans un entretien accordé au quotidien “Sharq”, a affirmé que “si nos voisins du Sud utilisent leur capacité de production pour se substituer à notre pétrole et s’ils décident de coopérer avec des pays aventuriers (c’est-à-dire dans sa terminologie: “occidentaux”), ils seront responsables de tous les incidents qui se produiront et leur attitude ne sera pas considérée comme amicale”’.

Ensuite, Téhéran a invité les pays européens, qui, prochainement, décideront d’un embargo sur le pétrole iranien, à tenir compte de leurs “intérêts nationaux”. Quelque 18% des exportations iraniennes s’acheminent vers l’Europe et, en particulier, vers l’Italie (180.000 barils/j.), l’Espagne (160.000 barils/j.) et la Grèce (100.000 barils/j.). On sait déjà que Rome s’est immolée sur l’autel des intérêts américains, est restée sourde aux bons conseils venus de Téhéran: “Si l’Union Européenne se veut sérieuse quand elle affirme son indépendance, alors elle devrait se concentrer sur ses intérêts nationaux et non céder aux pressions politiques américaines”, comme l’a dit le porte-paroles du ministère iranien des affaires étrangères, Ramin Mahmanparast.

Alessia LAI.

( a.lai@rinascita.eu ).

(article paru dans “Rinascita”, Rome, 18 janvier 2012; http://www.rinascita.eu ).

La nouvelle stratégie du Pentagone

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Andrea Perrone:

La nouvelle stratégie du Pentagone

Le secrétaire américain à la Défense, Léon Panetta, retire deux des quatre brigades américaines d’Europe et se prépare à les transférer vers la zone du Pacifique

Le gouvernement d’Obama va retirer deux des quatre brigades de l’armée américaine déployées en Europe. Le but de ce retrait est évident: épargner quelque 487 milliards de dollars sur le budget de la défense au cours des dix prochaines années, en demandant aux Européens de payer la différence, comme dans le cas du bouclier anti-missiles que Washington a imposé au Vieux Continent, tout en déplaçant les troupes américaines vers la région d’Asie-Pacifique.

La nouvelle a été annoncée par le secrétaire à la Défense, Léon Panetta, qui a également fait connaître la décision américaine de retirer environ 7000 militaires sur les 81.000 hommes que comptent les forces d’occupation en Europe, tout cela dans le cadre de la nouvelle stratégie de la défense et dans celui des mesures d’austérité qui frappent aussi le budget du Pentagone.

“Lors des colloques que nous avons eus avec les Européens, nous avons expliqué qu’il s’agira dorénavant d’une présence américaine selon un principe de rotation, par lequel on mènera les futures manoeuvres”, a précisé le chef du Pentagone, qui se faisait interviewer à Fort Bliss au Texas. “En réalité —a-t-il ajouté— nous ne verrons plus beaucoup de soldats américains en Europe, vu les dispositions prises dans le cadre de la nouvelle stratégie, parce que les brigades qui y sont en principe casernées combattent en réalité en Afghanistan et ne sont donc pas présentes. Nous aurons donc deux brigades complètes en Europe, plus une présence plus importante mais selon le principe de la rotation”. D’après ce que nous rapporte le “New York Times”, les Etats-Unis retireront encore une autre brigade d’Allemagne, au fur et à mesure que se concrétisera la nouvelle stratégie et que les opérations se focaliseront sur la zone de l’Asie-Pacifique. Déjà en 2004, le gouvernement de Bush avait demandé à ce que le nombre de brigades de combat en Europe soit réduit à deux mais, l’an dernier, le gouvernement d’Obama avait décidé tout de même d’en maintenir trois.

Obama est donc revenu en quelque sorte sur ses pas et a décidé de ne plus laisser qu’une seule brigade en Allemagne et une autre en Italie, notamment la 173ème Brigade aéroportée, basée à Vicenza.

Le redimensionnement des brigades américaines installées en Europe s’inscrit bel et bien dans le plan du Pentagone de réduire l’armée: des 560.000 militaires qu’elle compte actuellement, elle devra n’en conserver que 490.000, selon les dispositions prises par la nouvelle stratégie de la défense qui requiert des forces plus réduites, plus rapides et plus agiles; en outre, on sait déjà que les forces armées américaines, dans un futur imminent, focaliseront leurs efforts sur les régions asiatiques pour contrebalancer une Chine en croissance rapide et constante, une Chine qui est en train d’investir dans les sous-marins, les avions de chasse et les missiles de précision. Le redimensionnement des deux brigades conduira à une réduction d’environ dix à quinze mille hommes sur les 80.000 présents actuellement, tous services compris, sur le théâtre européen. Le gouvernement d’Obama, souligne le “Washington Post”, a choisi cette option parce qu’elle est susceptible de générer moins de protestations au Congrès que si l’on avait opté pour une réduction des bases militaires aux Etats-Unis mêmes, car cela aurait eu des répercussions sur les économies locales qui se sont développées autour des bases.

Panetta n’a toutefois pas mentionné lesquelles des quatre brigades, actuellement déployées en Europe, le Pentagone allait réellement retirer mais, dans le passé, les autorités militaires américaines avaient élaboré des plans pour que soient retirées les 170ème et 172ème brigades d’infanterie, casernées en Allemagne à Baumholder et Grafenwöhr. Le responsable de la Défense n’a pas davantage parlé du calendrier de ce redéploiement ni expliqué si les unités rappelées d’Europe rentreraient dans les bases américaines ou seraient complètement rendues inactives.

Le Général Mike Hertling, commandant l’armée américaine en Europe, a précisé “qu’il y aura davantage de possibilités pour ces forces de recevoir leur instruction et de participer à des manoeuvres communes avec nos alliés européens”. Le général a ensuite déclaré être “optimiste”, et qu’il croyait que “la nouvelle approche contribuera à renforcer les alliances et les forces”. Mais il n’a pas spécifié quelles unités de l’armée seront impliquées dans le changement.

La nouvelle stratégie de Washington paraît fort semblable à celle décidée en 2001 par le Président républicain de l’époque, George W. Bush, pour pouvoir mener à bien les invasions de l’Afghanistan et de l’Irak. Mais avec une différence: à l’époque, Bush avait augmenté le budget de la Défense tandis qu’Obama a l’intention de le réduire. Toutefois le retrait des troupes américaines annoncé par Obama s’inscrit dans le plan qu’avait exposé Hillary Rodham Clinton au courant du mois d’octobre dernier dans les pages de la revue “Foreign Policy”. Il s’agissait de renforcer le contrôle de la région d’Asie-Pacifique dans le but de faire pièce à la croissance économique et militaire du Dragon chinois. Les présidents américains se succèdent au fil du temps mais les finalités de l’Empire “Stars and Stripes” demeurent invariablement les mêmes.

Andrea PERRONE.

( a.perrone@rinascita.eu )

(article paru dans “Rinascita”, Rome, 14 janvier 2012; http://www.rinascita.eu ).

jeudi, 26 janvier 2012

Rusland: de geopolitieke inzet

 

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Rusland: de geopolitieke inzet

 

Robert STEUCKERS

Uittreksel uit een spreekbeurt gehouden te Nancy, november 2005

russie.gifDe « Koude Oorlog » was nog geen verleden tijd, en Gorbatsjovs glasnost en perestrojka lagen nog niet op ieders lippen, of onze denkrichting had al onder impuls van Guillaume Faye resoluut gebroken met de dominante visie in het westen, van de ultraconservatieven tot de ultraliberalen en trotskisten, die de Sovjetunie voorstelde als vraatzuchtige wolf die likkebaardend klaarstond om zich op die arme liberale en democratische schaapjes te storten. Deze lasterlijke houding ten opzichte van de USSR had te maken met het feit dat zij, nolens volens, de erfgename van het eeuwige Rusland was, dat van de tsaren die de Mongolen en de Tataren uit Europa hadden verdreven. Tegenwoordig moeten we vaststellen dat diezelfde krachten zich opnieuw verenigen om de hernieuwingspolitiek van President Poetin aan de kaak te stellen. Ze geven zich daarbij in het media-universum zonder enige gêne over aan wat we voortaan « een cognitieve oorlog » - wij zouden gewagen van een « metapolitieke oorlog » - zullen noemen, teneinde een meerderheid van de burgers in alle landen van de wereld en bij alle mogelijke politieke strekkingen braafjes één of andere variant van het door de Amerikaanse desinformatie-industrie gepopulariseerde discours te doen aannemen. Het is de wil van deze cenakels om de wereld « te laten zien en vatten » volgens de prioriteiten van de hegemoniale politiek van Washington. Met andere woorden, het op de hele planeet doen aanvaarden van een politiek die 1) erop gericht is om alle « gevaarlijke » machten aan de kusten van Azië of Europa - dus in de zogezegde « rimlands » van de Angelsaksische geopolitiek - uit te schakelen en 2) de macht die heer en meester is in het Siberische « Land van het Midden », een heel uitgestrekt territorium tussen Europa, India en China, in te dammen en te verstikken.

We hebben het hier uiteraard over Rusland.

Heel wat tijdgenoten nemen deze « visie » op de internationale betrekkingen klakkeloos over, zonder het minste greintje kritiek. Alles wat afkomstig is uit « het ruziemakende en talmende Oude Europa » (dixit Robert Kagan), uit het « corrupte Rusland dat nog steeds niet in het reine is met zijn totalitaire geschiedenis », uit het « wrede en reactionaire » China of uit India dat « in handen is van hindoefundamentalisten » (ten tijde van de BJP), wordt afgedaan als « ouderwets » en « nostalgisch ». Dit discours wordt op massale schaal verspreid door de media, wordt zonder ophouden verkondigd, verhindert een brede hergroepering van identitaire krachten op continentale schaal en tracht het ontstaan van een ware dialoog tussen beschavingen tegen te gaan, waarbij elke beschaving nochtans het recht zou hebben om zichzelf te blijven en de erfenis van haar voorouders te respecteren (de Romeinen spraken in dit verband van mos majorum). Niets daarvan: alles moet ten dienste staan van een smakeloze brij zonder geheugen, gericht op globalisering en melting pot en overgeleverd aan het gemanipuleer van de enig overgebleven supermacht.

De eerste stap in de strategie om het Amerikaanse hegemoniale streven te counteren vormt het opstarten van een constructieve dialoog met Rusland en het efficiënt bekampen van het « cognitief-metapolitieke » offensief, dat vandaag in alle Europese samenlevingen in volle gang is en daarbij een systematische russofobie uitdraagt, meer bepaald door te allen tijde de Tsjetsjeense terroristen te verdedigen, terwijl het leed van de Russische bevolking geminimaliseerd wordt, of de minste tegenslag van één of andere onderkruiperige “oligarch” voor waarheid te nemen om medelijden met hen te hebben. Het werk van de identitaire krachten moet op de eerste plaats dit offensief counteren, dat surft op het stilzwijgende, maar zeer reële verbond tussen ultraliberalen en trotskisten, die overal in het media-universum en in het weerzinwekkende partijpolitieke raderwerk geïnfiltreerd zijn, waar alle voor de toekomst van onze volkeren rampzalige beslissingen genomen worden.

Volgens mij dient deze metapolitieke arbeid, die vanaf nu zonder dralen verricht moet worden, zich toe te spitsen op vier soorten overwegingen:

◊ Eerst en vooral overwegingen van historische aard. In tegenstelling tot de heersende, zuiver conceptuele visie, die zich in Frankrijk graag tooit met het epitheton « republikeins », vormt de geschiedenis van mensen en volkeren nooit een simpele opeenvolging van in zichzelf besloten tijdperken. De geschiedenis vindt plaats, is niet voltooid, en vloeit heel natuurlijk voort uit alles wat eraan voorafgegaan is sinds het begin der tijden, en wij nemen deel aan deze geschiedenis, wij worden erin ondergedompeld, of we dat nu willen of niet, en ons lot als zoon politikon hangt er onlosmakelijk mee samen. Wat ik hier evenwel aanbreng, is niets minder dan de filosofische kern van onze identitaire idealen. In Groot-Brittannië krijgen de leerlingen van de zogenaamde « grammar schools », het equivalent van onze lycea, colleges, gymnasia of athenea, geschiedenisonderricht door gebruik te maken van de historische atlassen van de Schotse historicus en geograaf Colin McEvedy. Voor McEvedy is de geschiedenis niets anders dan de opeenvolging in de tijd van botsingen tussen « archetypische » volkeren, waaronder de « Indo-Europeanen », de « Hunno-Turko-Mongolen », de « Semieten », enzovoort. De hele geschiedenis is het resultaat van de lotgevallen, de systolen en diastolen die de existentiële lotsbestemming van deze « matrix »-volkeren bepalen, die hen doen bewegen, vooruitgaan of terugplooien op hun oorspronkelijke thuisland. De offensieve periodes zijn de glorieperiodes; de periodes van terugplooiing geven neergang en ellende aan.

In de atlassen van McEvedy kan men het spoor van de Indo-Europese verovering van Azië volgen, eerst van Klein-Azië, vervolgens van Centraal-Azië, Perzië, India en Sinkiang, de regio van waaruit de veroveraars zonder twijfel ooit de Stille Oceaan hebben bereikt. Dit formidabel epos van de Kimmeriërs, de Skythen, de Sarmaten, de Alanen en de Saken begon in 2500 v.o.t. en werd beëindigd door het neerwalsen van de Indo-Europese culturen, waaronder deze van de Tocharen, door de verschrikkelijke aanval van de Hunnen, die pas tot staan werd gebracht, zoals we allen weten uit de lagere school, op de Catalaunische velden in de Champagne, waar ze werden opgewacht door Romeinse, Visigotische en Alaanse troepen. Het zijn de Kozakken die, vanaf Ivan IV de Verschrikkelijke, meer dan duizend jaar Europese nederlagen en wrede brandschattingen zullen wreken op de hordes die uit de “Urheimat” van de Hunse, Turkse en Mongoolse volkeren kwamen (Hunnen, Avaren, Magyaren, Khazaren, Petsjenegen, Kumanen, Seldjoeken, Tataren, Mongolen, Gouden Horde, enzovoort). De Britse politiek van de 19de eeuw, en later de Amerikaanse politiek van Theodore Roosevelt tot George Bush junior zullen deze formidabele prestatie van de Russische en Europese geschiedenis in vraag stellen en haar interne cohesie ontwrichten. Met het verschrikkelijke risico dat men op die manier de door de Indo-Europese ruitervolkeren uit de oudheid en de kozakken van Ivan en zijn opvolgers, waaronder Catharina de Grote, veroverde territoria definitief prijsgeeft aan de geïslamiseerde Turks-Mongoolse volkeren. Het doel van de Angelsaksische geopolitiek is de herleving van de destructieve dynamiek van de nomadenvolkeren, teneinde een grondgebied te ontwrichten, dat in verenigde toestand onneembaar zou zijn. Zbigniew Brzezinski beschrijft dit scenario open en bloot. Onze identitaire standpunten, die gebaseerd zijn op « het langste geheugen », verbieden elke medewerking aan dit laaghartige project, dat ons te eeuwigen dage zou overleveren aan onophoudelijke invasies. In Azië, aan de oevers van de Indische Oceaan, in de Stille Oceaan, staan wij aan de zijde van Rusland, omdat ons eigen overleven ervan afhangt. 

◊ Vervolgens zijn er militaire redenen die ons moeten overtuigen om de pleitbezorgers van een Euro-Russische tandem te worden. Carl Schmitt heeft ons geleerd dat een continent, een grootruimte (Großraum), enkel vrij kan zijn, indien geen enkele ruimtevreemde mogendheid in staat is om er tussenbeide te komen. De interventies van de Verenigde Staten vinden plaats op alle geostrategische knooppunten: de interventie op de Balkan in 1999 doelde op de bezetting van het gebied dat de Indo-Europeanen van de oudheid, de Hettieten, de Keltische Galaten, de Macedoniërs van Alexander en de Romeinen als springplank naar het Nabije en Midden-Oosten (tot aan de Indus, wat Alexander betreft) gebruikten, dat de ruitervolkeren in staat stelde de oevers van de Stille Oceaan te bereiken. De interventie in Irak, het grondgebied van het oude Assyrische rijk, doelt op het blokkeren van elke expansie uit het noorden, met andere woorden van elke heruitgave van een (seculier) Euro-Turks-Arabisch project, zoals dat van de keizer Wilhelm II. Met de steun aan de Tsjetsjeense terroristen wil men Rusland uit de Kaukusus verdrijven, Armenië isoleren en vermijden dat er een territoriale continuïteit langs de as Moskou-Teheran ontstaat. De kunstmatig opgewekte onlusten in voormalig Sovjet-Centraal-Azië doelen op het installeren van amerikanofiele regimes, wier taak het is om alle nog bestaande vriendschapsverdragen met Rusland, Iran, India of de Europese landen op te zeggen. Deze strubbelingen, die vaak opduiken onder gefabriceerde en uiterst gemediatiseerde vormen, zoals de « oranje revolutie » in Oekraïne in december vorig jaar, of, vroeger, de « rozenrevolutie » in Georgië, dienen daarenboven om elke territoriale verbinding tussen Rusland en India, dat zich opnieuw volledig bewust is van zijn geschiedenis, onmogelijk te maken.

Al deze interventies in Eurazië door de supermacht van over de grote plas vallen perfect onder de definitie die Carl Schmitt gaf aan de onaanvaardbare inmenging van zeemachten in de binnenlandse aangelegenheden van continentale of kustmachten. In het licht van dergelijke interventies/aanvallen – het betreft hier wel degelijk aanvallen in het tijdperk van de « cognitieve » of « elektronische oorlogvoering » - dienen we klaar en duidelijk afstand te nemen van militaire bondgenootschappen die ons nog binden aan de VS, zoals de NAVO, dienen we de rangen te sluiten met Rusland, gemeenschappelijke militair-industriële productiepolen op te bouwen en compromisloos te vechten tegen alle lokale terroristische netwerken die resulteren uit tribale animositeiten die door de Amerikaanse geheime diensten geïnstrumentaliseerd worden (Albanese en Tsjetsjeense maffiosi, enzovoort). Zoals Xavier Raufer zeer duidelijk heeft aangetoond bij de band tussen de Albanese maffia en het UÇK, dringen de vertakkingen van deze terroristische groeperingen, via drugshandel, prostitutie, smokkel, diaspora en parallelle economieën tot diep in onze samenleving door en duwen haar richting de afgrond. Wat dan weer naar de uitdrukkelijke zin van Washington is, teneinde Europa te verzwakken, zijn burgermaatschappij te saboteren, en Europa te dwingen om aanzienlijke openbare fondsen aan te snijden, om deze maffiose, smerige en hardnekkige misdaadkanker te bestrijden, dit ten nadele van andere sectoren.

◊ laat ons nu even stilstaan bij de energiepolitieke redenen. Onlangs belichtte het vermaarde Britse weekblad The Economist de meest recente wapenfeiten in het belangrijke geostrategische en geo-economische spel van de oorlog om olie. « Oorlog » is inderdaad de geschikte term om de recente gebeurtenissen in de Balkan, het Nabije en Midden-Oosten, Afghanistan en Centraal-Azië te omschrijven. Het gaat in deze oorlog om de controle over oliepijplijnen. Kort gezegd komt het erop neer dat de Verenigde Staten niet willen dat de oliepijplijnen die de olie uit de regio rond de Kaspische Zee vervoeren, over het grondgebied van mogendheden lopen die zij als vijandig of als potentieel bedreigend aanzien, in het bijzonder Rusland en Iran. Ze voeren hun politiek dusdanig dat de pijplijnen gebouwd worden op het grondgebied van hun zwakke, voorspelbare, manipuleerbare en tot loutere satellieten herleide bondgenoten. Het is hun doel om de olie te onttrekken aan het directe beheer door mogendheden die als vijandig worden beschouwd (Rusland) en ervoor te zorgen dat hun “bondgenoten” er niet kunnen van profiteren, aangezien men hun potentiële concurrentie in dezen vreest (Europa). Vóór de invasie van Irak (2003) speelde Turkije zonder veel nadenken de anti-Russische, anti-Arabische en anti-Iraanse kaart die het kreeg opgelegd door Washington, en dit in de hoop om maximale dividenden te kunnen opstrijken. Deze schijnbare slaafsheid berustte op een simpele berekening: de trouw van Ankara aan de Verenigde Staten moest uiteindelijk beloond worden door het opnieuw inlijven van de Koerdische olieregio rond Mossul als een soort Turkse vazalregio, teneinde de kemalistische staat een energetische autonomie te verschaffen, die hij verloor met de verdragen van na de Eerste Wereldoorlog, en die Turkije de heerschappij over de Arabische landen van de vruchtbare halvemaan ontnamen. Zonder deze Iraakse olie is Turkije een staat die veroordeeld blijft tot energetische afhankelijkheid en industriële stagnatie: het land kon hier verscheidene decennia mee leven, maar de demografische boom van de laatste 10 jaar heeft een kritische drempel overschreden en dwingt het land tot actie op dit vlak. Om deze trouwe bondgenoot te belonen, had Washington een compromis moeten uitwerken; het feit dat het dit verzuimd heeft en Turkije daardoor in een onhoudbare impasse heeft gedwongen, is één van de grootste mislukkingen van de diplomatie van Bush junior en kan onvoorzienbare gevolgen hebben... .

De weigering van Washington om Turkije een deel van de oliekoek van Mossul te gunnen heeft dus de uit de koude oorlog daterende strategische constellatie in de regio volledig ontwricht. In het laatste nummer (lente 2005) van het Amerikaanse diplomatieke tijdschrift Turkish Policy Quarterly, stelden Amerikaanse, Israëlische en Turkse politicologen vast dat de « speciale band » tussen Ankara en Washington, die vergelijkbaar is met de band tussen de Verenigde Staten en Groot-Brittannië of Israël, opgehouden heeft te bestaan. Het tijdschrift stelde tevens vast dat de Amerikaans-Turkse betrekkingen op geen enkele historische of culturele analyse berustten, dat ze zuiver toevallig, occasioneel en strategisch van aard waren en nooit geschraagd werden door een reflectie ten gronde. Mark Parris, ambassadeur van de Verenigde Staten in Ankara tussen 1997 en 2000 concludeert daaruit dat het « strategisch partnerschap » verworden is tot een « allergisch partnerschap », aangezien het anti-Amerikanisme tegenwoordig tot het meest gedeelde gevoel in Turkije is uitgegroeid.

Waarnemers halen in die context 2 voorbeelden van politieke fictie aan die uiterst succesvol bleken, Amerika Bizimdir (= “Amerika behoort ons toe”) en Metal Firtina (= “Metaalstorm”). De rode draad van de eerste roman vormt de bezetting van de Verenigde Staten door zegevierende Turkse legers die zich meester maken van de persagentschappen en mediagroepen, en vervolgens de wereld overspoelen met een “Turkse (of pantoeraanse) cultuur” ter vervanging van wat wij steevast het “Amerika-centrische mondialisme” hebben genoemd. Het tweede werk, dat in Turkije alle verkoopcijfers overtreft, beschrijft daarentegen de bezetting van Turkije door Amerikaanse legers, na een vertrouwd in de oren klinkende campagne van tapijtbombardementen. Vanwaar die titel, die ons toch wel wat raadselachtig overkomt?

Deze twee werken hebben elk hun rol gespeeld in de transformatie van de absolute bondgenoot van gisteren tot de absolute vijand van vandaag. Erdogan kan zijn publieke opinie niet meer naast zich neerleggen en lijkt terug te keren op zijn stappen: hij heeft reeds verklaard dat de Iraakse verkiezingen ondemocratisch verliepen en ze een farce waren. Maar het nieuwe Turkse beleid gaat verder dan dat: Turkije onderhandelt met Rusland, dus de vijand van gisteren, over de transit op zijn grondgebied van een oliepijplijn die Russische olie direct van de Russische haven Djoubga/Novorossiejsk via Samsun aan de Zwarte Zee naar Ceyhan moet brengen. Er weze aan herinnerd dat Ceyhan de haven aan de Middellandse Zee is die door Washington voorbestemd was om in exclusiviteit de energiedragers uit de Kaspische ruimte te ontvangen, en daarbij het grondgebied van zowel Iran als Rusland te omzeilen. Het Amerikaanse plan om Rusland te isoleren en op een nieuwe manier « in te dammen » heeft gefaald als gevolg van de Turkse koerswijziging. 

De lotgevallen van het transport van koolwaterstofproducten in het gebied van de Zwarte en de Middellandse Zee volgen dezelfde logica als elders op onze planeet: het saboteren van optimale communicatielijnen tussen het hart van het Euraziatische continent en de kustgebieden met een grote oecumenische densiteit. In de maritieme gebieden van de Stille en de Indische Oceaan verliep de Amerikaanse politiek inzake gas- en oliepijplijnen volgens hetzelfde stramien: geen directe verbinding tussen Rusland/Siberië, China, de beide Korea’s en Japan. Evenmin een directe verbinding tussen Rusland en de uitgestrekte ruimte die Afghanistan, Iran en Pakistan omvat en die grenst aan de Indische Oceaan. De corrupte en pro-Amerikaanse petromonarchieën Saoedi-Arabië en de Emiraten in het westen, en Pakistan in het oosten vormen front tegen Iran en passen de oude indammingspolitiek toe, die sinds het begin van de 20ste eeuw werd bepleit door Angelsaksische geopolitici (Mackinder, Lea). Rusland en Iran trachten deze blokkade te doorbreken, ondermeer door steun te verlenen aan de opstand in Beloetsjistan, in het zuidwesten van Pakistan. Deze opstand, die onmiddellijk na de op het conto van de Tsjetsjenen te schrijven tragedie van Beslan begon en die afgelopen maand januari zijn hoogtepunt kende, beoogt een onafhankelijk Beloetsjistan onder leiding van de traditionele leider Akbar Bugti en met de steun van Teheran en Moskou. Dit onafhankelijk Beloetsjistan zou dan zijn havens aan de Indische Oceaan ter beschikking stellen en er de terminals van de oliepijplijnen komende uit de Kaspische ruimte en Turkestan van maken, waar vervolgens Chinese, Japanse en Indische tankers zich zouden kunnen komen bevoorraden, en die op hun beurt ineens verlost zouden zijn van min of meer van de Verenigde Staten afhankelijke derde landen. De opstand van het krijgervolk der Beloetsji’s, die een reserve aan geduchte soldaten voor het Britse Rijk vormde, verzwakt Pakistan, de bondgenoot van de Verenigde Staten. Deze opstand is momenteel geenszins neergeslagen; hij vormt het antwoord van de Iraniërs en de Russen op de Amerikaanse druk, meer bepaald op de indirecte steun aan het Tsjetsjeense terrorisme. De uitkomst van deze veldslag, van dit « low-intensity conflict », zoals strategen dit vandaag de dag noemen, zal bepalend zijn voor de vrijheid van alle politieke en beschavingsactoren op de Euraziatische landmassa. De westerse media, die georchestreerd worden door de Amerikaanse media-agentschappen, reppen met geen woord over deze opstand. Wat niet betekent dat hij er niet is: de onafhankelijke Aziatische pers heeft het er vaak over. Onze medeburgers, die verstrikt worden in het web van leugens van de « americano-sfeer », mogen niets te weten komen over deze meesterzet op het internationale toneel: het “Rijk van het Goede” moet altijd triomferen en mag geen tegenslagen kennen...

In het Verre Oosten zet President Poetin in op pacificering van de conflicten tussen Chinezen, Koreanen en Japanners, en dit op een moment dat de veramerikaniseerde « mediasfeer » geen moment onbenut laat om de prestigeconflicten tussen de volkeren van de regio inzake de gebeurtenissen tijdens de Tweede Wereldoorlog en hun verschillende interpretaties aan te wakkeren. Het Euraziatische perspectief van de Russen mikt op de vrede en op de vredevolle transit van koolwaterstofproducten naar de grote industriële centra van het Verre Oosten. Het thalassocratische en maritieme perspectief van de Verenigde Staten doelt daarentegen op de vereeuwiging van oude conflicten, om zodoende te verhinderen dat het voornaamste doel van de Japanse oorlog vanaf 1931 c.q. 1937, zijnde de oprichting van een « Groot-Oostaziatische Welvaartssfeer », in de nieuwe omstandigheden van de beginnende 21ste eeuw zou kunnen herleven.

Het leggen van de nieuwe oliepijplijn tussen Rusland en de Middellandse Zee via Turkije, de Beloetsji-opstand in Pakistan en de projecten in het Verre Oosten zijn allemaal gebeurtenissen die er ons toe moeten aanzetten om volgend duidelijk principe te huldigen : « de absolute vrijheid van de volkeren van Eurazië om de energie die uit koolwaterstofproducten wordt gewonnen te vervoeren en te verkrijgen », zijnde de geactualiseerde versie van de principes van vrij verkeer en “non-interventie van ruimtevreemde machten in een gegeven ruimte” (Carl Schmitt).

◊ Laat ons tot slot even stilstaan bij de redenen van technologische en elektronische aard. Door hen in detail te bespreken, zouden we het beperkte kader van deze voordracht ver overschrijden. Maar één zaak is zeker: wij zijn niet de enigen die pleiten voor een Europese emancipatie op dit vlak. Deze emancipatie kan onmogelijk snel geschieden zonder de medewerking van Rusland. Het team rond David W. Versailles, Valérie Mérindol, Patrice Cardot en Rémi Barré heeft een standaardwerk gepubliceerd dat fundamenteel is voor de basiskennis van het dossier rond onderzoek en technologie (La recherche et la technologie, enjeux de puissance, Economica, Parijs, 2003). Dit team pleit voor het dichten van de technologische «kloof » tussen de Verenigde Staten en de rest van de wereld (niet enkel Europa !). Deze “kloof” accentueert en vereeuwigt de afhankelijkheid en de onmacht van ons continent, zowel op civiel als militair vlak. Het GALILEO-programma is de voornaamste ontwikkeling die ons vandaag de dag uit de impasse tracht te halen. Ondanks het gedurfde opzet en het feit dat het de Russen, Indiërs en Chinezen interesseert loopt het project het risico dat het door een gelijkaardig Amerikaans project voorbijgestoken wordt, omdat de beslissingsprocessen binnen de EU te traag zijn, omdat het bewustzijn inzake het Amerikaanse gevaar niet tot iedereen is doorgedrongen en omdat de verraders van onze beschaving, die nog steeds geloven in de misleidende mythe van het “bevrijdende Amerika”, talrijk zijn. Deze race tegen de klok om het GALILEO-project te implementeren en te consolideren impliceert de dringende noodzaak om alle bestaande inspanningen te bundelen, en zeker niet alleen deze van de EU. De Russische vooruitgang inzake ruimtetechnologie is noodzakelijk voor het voeren van een gemeenschappelijk beleid van alle Euraziatische mogendheden.

Generaal Jean-Paul Siffre van de Franse luchtmacht publiceerde vlak voor zijn dood een werk over elektronische oorlogvoering, een waar vademecum, met als leidmotief: “Maître des ondes, maître du monde” - in het Nederlands: “De meester van de (elektronische) golven is ook de meester van de wereld), (La guerre électronique. Maître des ondes, maître du monde, Lavauzelle, 2003). Generaal Siffre doet op pedagogische wijze aan zijn lezers uit de doeken hoe de elektronische oorlogvoering sinds de jaren ’90 dé primordiale inzet vormt, waarbij de controle over de « virtuele » ruimte doorslaggevend is voor de heerschappij of …de onderwerping. Storingen en vernielingen op elektronisch vlak zijn inmiddels de oorlogsmethodes die courant worden aangewend en waarmee men zich vertrouwd dient te maken, opdat het politieke personeel in staat zou zijn ( ?) om op dit vlak de juiste beslissingen te treffen. Bovendien kan deze elektronische oorlogvoering, die onzichtbaar en voor het merendeel van onze tijdgenoten onbekend en onvatbaar is, niet gewonnen worden zonder beheersing van de ruimtetechnologie, een domein waarin Rusland, sinds het baanbrekende werk van de Sovjetunie in de jaren ’50, enkele lengtes voorsprong heeft.

Er werd veel gezegd en geschreven over een “As Parijs-Berlijn-Moskou”, in navolging van een merkwaardig werk van Henri de Grossouvre, dat onlangs verschenen is bij “L’Age d’Homme” in Lausanne. Deze As blijft een vrome wens zonder duidelijke wil om onmiddellijk en zonder dralen de uiteenlopende troeven van de grote continentale mogendheden te verenigen. Vandaar de noodzaak om een Euro-Russische en Euraziatische geopolitiek te ontwikkelen en te populariseren, om de volkeren te bevrijden van de islamo-yankee-olielobby’s, het Tsjetsjeense terrorisme of dat van Al Qaida -  die horig zijn aan Washington, aangezien ze allen tot in hun diepste vezels creaturen van de Amerikaanse geheime diensten zijn -, de plutocratische netwerken die onze culturele tradities uitroeien (Ezra Pound), en het gemanipuleer van de media-agentschappen, wier destructieve effecten vroeger reeds bekritiseerd werden door George Orwell en Guy Debord.

Om deze bedreiging adequaat te beantwoorden, hebben we nood aan historisch besef, van het soort dat McEvedy ons leert. We hebben nood aan een Euro-Russisch satellietsysteem dat in staat is om ons tegen de dubbele oorlog die de Verenigde Staten tegen ons voeren te verweren, zijnde de cognitieve en de elektronische oorlog. En tevens hebben we nood aan volledige vrijheid om oliepijplijnen te bouwen en een energiepolitiek te voeren, zonder permanente inmenging van een vreemde supermacht in onze grote Euraziatische ruimte, die eertijds, vanaf de prehistorie, waaraan wij de verre herinnering bewaren, verenigd werd door de Indo-Europese ruitervolkeren.

Robert STEUCKERS,

Vorst, juni 2005.

Bibliografie :

Het merendeel van de artikels in deze bibliografie komen van de website van de “Asia Times”, een in Singapore gevestigd Aziatisch dagblad dat een waar tegengif biedt voor het « westerse » en « politiek correcte » denken en pleit voor een dialoog tussen beschavingen op basis van geopolitieke rationaliteit en coherentie. De journalisten en analysten die op deze site publiceren komen uit de hele wereld, maar vooral uit Iran en India; zij bieden ons een traditionele visie op de internationale betrekkingen, die zelden bezoedeld wordt door de onevenwichten die door de « religies van het boek » gegenereerd worden. Het pseudoniem van de belangrijkste bezieler van de filosofische rubriek van dit elektronisch dagblad luidt “Spengler”, wat nogal veelzeggend is. Wij kunnen onze vrienden die het Engels beheersen enkel aanraden om deze website zo vaak mogelijk te raadplegen en er zoveel mogelijk bronnen aan te boren.

◊ ◊ ◊

- XXX, “Black Sea: Oil over troubled waters”, The Economist, May 28th, 2005.

- Dirk VERMEIRE, “Allergisch Partnership”, Knack, Brussel, 18 mei 2005.

- Iason ATHANASIADIS, “A troubled triangle: Iran, India and Pakistan”, Asia Times : http://www.atimes.com  ( April 22, 2005).

- Ramtanu MAITRA, “US scatters bases to control Eurasia”, Asia Times : http://www.atimes.com  (March 30, 2005).

- John HELMER, “China beats Japan in Russian pipeline race”, Asia Times : http://www.atimes.com  (April 29, 2005).

- Sergei BLAGOV, “Russia walks thin line between Japan and China”, Asia Times : http://www.atimes.com  (April 28, 2005).

- Sergei BLAGOV, “Russia’s hydrocarbon geopolitics”, Asia Times : http://www.atimes.com  (February 3, 2005).

- Ioannis LOUCAS, “The new geopolitics of Europe and the Black Sea Region”, Naval Academy, National Defence Minister’s Staff, http://www.da.mod.uk/CSRC/documents .

- W. Joseph STROUPE, “The inevitability of a Eurasian alliance”, Asia Times : http://www.atimes.com  (August 19, 2004).

- K. Gajendra SINGH, “Russian Bear calls on Grey Wolf”, Asia Times : http://www.atimes.com  (August 28, 2004) (Très important pour connaître les prémisses du nouveau rapprochement russo-turc).

- Ray MARCELO, “India looks to Russia and Iran for energy”, Financial Times, http://news.ft.com (January 8, 2005).

- Syed Saleem SHAHZAD, “Musharraf blusters as Balochistan boils”, Asia Times : http://www.atimes.com  (January 13, 2005).

- Syed Saleem SHAHZAD, “Tribals looking down a barrel in Balochistan”, Asia Times : http://www.atimes.com  (January 15, 2005).

- K. Gajendra SINGH, “The Kirkuk tinderbox”, Asia Times : http://www.atimes.com  (January 22, 2005) (Sur le contentieux turco-américain à propos des champs pétrolifères de Mossoul et Kirkouk).

- Marwaan MACAN-MARKAR, “India shifts regional geopolitical cards”, Asia Times : http://www.atimes.com  (January 27, 2005).

- Bülent ARAS, “Russia, Turkey stress pragmatic ties”, Asia Times : http://www.atimes.com  (February 10, 2005).

mercredi, 25 janvier 2012

La crise de l’euro sera-t-elle au libéralisme ce que la chute du mur fut au communisme ?

La crise de l’euro sera-t-elle au libéralisme ce que la chute du mur fut au communisme ?

Ex: http://mediabenews.wordpress.com/

Mais pourquoi l’Europe s’est-elle donc rendue objectivement complice des attaques contre son modèle social et ses institutions politiques et financières ?

Dernier numéro de notre série consacrée aux 40 ans qui ont permis à l’industrie de la finance de prendre le contrôle du monde réel.

" L’Europe est rentrée en récession parce que tous les pays ont diminué leur marché intérieur..."

” L’Europe est rentrée en récession parce que tous les pays ont diminué leur marché intérieur…”

Suite à la crise des subprimes, l’Europe s’est retrouvée piégée par les institutions financières. Mais le piège n’a pu se refermer sur elle qu’en raison de la nature de ses propres institutions dont la faiblesse est devenue éclatante, leur faisant perdre ainsi toute légitimité. Que les autres puissances, à commencer par les États-Unis jouent le jeu de leurs intérêts et de leurs pouvoirs oligarchiques est parfaitement logique. Ce qui ne l’est pas du tout, c’est que l’Europe se rende objectivement complice des autres puissances qui l’attaquent !

Depuis le déclenchement de la crise financière, l’Europe et ses dirigeants, n’ont cessé d’accumuler les erreurs.

Tout d’abord, l’Europe est rentrée en récession parce que tous les pays ont diminué leur marché intérieur en copiant le « modèle » allemand qui était un modèle de passager clandestin européen, puisque les excédents germaniques se nourrissent essentiellement des déficits consentis par les autres pays européens pour soutenir la demande. L’Allemagne fait 85% de ses excédents commerciaux en Europe. Elle fait ainsi deux fois moins d’excédents commerciaux aux États-Unis qu’en France (près de 14 milliards d’euros pour les États-Unis pour un peu plus de 27 milliards en France), ce qui est quand même étrange pour un compétiteur qui se prétend global.

Ensuite, par la régulation sur les assurances et les banques, les institutions européennes ont demandé l’impossible. En effet, avec le « mark to market » (principe qui veut  que les actifs soient valorisés à leur valeur de marché et subissent ainsi les fluctuations spéculatives de marché), les fonds propres des institutions financières en même temps qu’ils augmentaient – essentiellement par les profits de la spéculation – diminuaient par la valeur de marché des dettes d’État que demandait le régulateur pour la liquidité. De surcroît, en considérant l’investissement dans l’économie réelle comme demandant plus de fonds propres, le régulateur a aggravé la récession en générant un phénomène de crédit crunch (risque de pénurie de crédit), c’est à dire un gel des financements de l’économie par des banques étranglées par les contraintes imposées sur leurs bilans. Or, sans risque, il n’y a plus d’économie : la liquidité des actifs aurait pu tout à fait se réaliser en élargissant les effets acceptés en contrepartie du financement à la Banque centrale dans les opérations de refinancement. Solution d’autant moins contestable qu’elle a été mise en œuvre pour des actifs subprimes.

Enfin, en refusant la monétisation pour les Etats, qui ferait que quoi qu’il advienne il y ait toujours un acheteur en dernier ressort de la dette publique, mais aussi en refusant de refinancer les dettes des Etats au bord de la banqueroute (Grèce, Portugal) à des taux quasi nul, et donc en réservant de fait ces facilités de création monétaire aux banques, les institutions européennes se sont enfermées elle-même dans un engrenage menant inéluctablement à l’éclatement de la zone euro, sans engager pour autant les réformes structurelles indispensables pour résorber les déficits du Sud. Les solutions existent pourtant : elles passent par une politique de relance par l’investissement rentable dans les pays structurellement déficitaires, avec la création de fonds européens d’investissement; elles passent aussi par le rétablissement d’une véritable concurrence à la place de l’actuelle concurrence non libre et faussée avec les pays émergents qui détruit les bases industrielles dans tous les pays occidentaux – Allemagne comprise.

Autre grave erreur, très politique celle là : les responsables européens se sont montrés coupables d’un véritable déni de justice envers les contribuables européens, lourdement mis à contribution pour éponger les pertes bancaires. En refusant la mise en accusation – par un tribunal pénal européen à juridiction universelle constitué à cette fin (proposition du CAPEC reprise par Jacques Attali) – des institutions financières (y compris les agences de notation) à l’origine du montage frauduleux et délibéré des subprimes, les principaux chefs d’État ou de gouvernement de l’Union ont gravement entamé leur légitimité déjà vacillante aux yeux de bien des électeurs européens.

Ce procès reste à faire pour demander des dommages et intérêts proportionnels aux pertes de nos économies, et des manques à gagner de nos États. L’arrêt immédiat du fonctionnement des banques, institutions financières et agences de notations impliquées dans ces délits, la réquisition conservatoire de tous leurs comptes et biens en Europe, reste à faire et devra se faire tôt ou tard !

L'indépendance de la BCE empêche les Etats de la zone euro de desserrer la contrainte de la dette en créant de la monnaie

Cette initiative judiciaire peut sembler extrêmement vigoureuse. Elle représente en réalité une riposte proportionnelle à l’attaque lancée contre l’Europe par des institutions financières anglo-saxonnes qui n’ont jamais accepté que l’Union Européenne puisse incarner et porter un modèle alternatif à celui qu’elles ont instauré à leur profit. La seule Europe qui trouve grâce à leurs yeux est une Europe fantôme, sans colonne vertébrale et sans ambition, une Europe uniquement commerciale, affaiblie, dans laquelle on rachète les actifs les plus intéressants (comme cela se fait actuellement ou est en cours de négociation pour des grands fonds d’investissement des banques et assurances françaises tel Axa Private Equity) et, bien sûr, sans l’euro, du moins sans l’euro comme monnaie susceptible de contrebalancer le pouvoir exorbitant du dollar.

Il ne faut en effet pas s’y tromper : même si la gestion de l’euro doit être réformée, la disparition de la monnaie unique représenterait, en effet, pour eux une victoire stratégique considérable. Elle entraînerait en effet mécaniquement une ruée sur le dollar permettant de monétiser encore plus la dette américaine (les banques achètent à zéro et revendent à 3 à l’État américain), et au dollar de survivre comme unique monnaie internationale… Pis ! L’éclatement de l’euro rendrait possible une juteuse spéculation sur les nouvelles monnaies européennes… et le partage de nos actifs bradés entre Américains, les Chinois et le reste du monde !

Tout système a sa logique. Comme le collectivisme conduisait – derrière les meilleures intentions du monde – au goulag, le libéralisme dénaturé par une trop grande dérégulation et par la démission des États sensés en fixer les limites conduit – derrières les meilleures intentions du monde – à la prise de contrôle des États, de la politique et demain directement des peuples et de la société par les puissantes institutions de l’industrie financière. Certes, beaucoup de fidèles serviteurs sont inconscients des logiques profondes du système… mais ils n’en sont pas moins de fidèles serviteurs. Ils constituent en somme une version capitaliste des fameux « idiots utiles » chers à Lénine !

Toutefois, au même titre que le communisme jadis, ce système liberticide peut être combattu et vaincu. Pour cela, il suffit, en réalité de clarifier le projet européen et de répondre coup pour coup. Par une initiative d’États européens, il s’agit d’abord de retrouver notre souveraineté monétaire en procédant à des avances au Trésor public par nos propres banques centrales nationales pour un montant de 10 % de nos PIB nationaux. Ce qui situerait l’émission monétaire de la zone euro dans la moyenne mondiale. De la sorte, nous n’aurons pas seulement gagné du temps face aux attaques des marchés, tout en restant dans la zone euro. Nous serons aussi en mesure de procéder simultanément à une relance par l’investissement rentable, orientée prioritairement vers les pays du Sud structurellement déficitaires, dont la France. L’heure est au choix : soit nous redonnons de la cohérence à la zone euro par un nouvel usage de notre monnaie, soit la zone euro éclatera…

Mais la portée d’une telle initiative dépasse le seul cadre de la crise actuelle. En effet, en retrouvant notre souveraineté monétaire au service du bien commun, nous accomplirons aussi une œuvre de plus grande portée : nous remettrons la finance au service de l’économie, et l’économie au service des besoins des peuples, de nos populations.

La mise sous contrôle des institutions financières internationales n’est donc pas seulement une nécessité économique. C’est aussi un impératif démocratique. Au-delà des dérives d’un libéralisme dévoyé par une vision uniquement financière et court-termiste, tout un système économique est à sauver pour ne pas prendre le risque d’aventures politiques hasardeuses voulant faire table rase de la liberté d’entreprendre.

Par son avidité mortifère, le système financier actuel et ses promoteurs anglo-saxons nous obligent à retrouver le projet fondateur de l’Europe, qui est un projet politique de culture et de civilisation humaniste, avec sa version d’économie sociale de marché qui s’opposera toujours à l’actuel projet libéral anglo-saxon.

Rien n’est encore joué : si nous le voulons, de mortelle, la crise actuelle peut devenir salutaire !

Jean-Luc Schaffhauser

Les Serbes sont déçus par l’UE!

Les Serbes sont déçus par l’UE!

 

Entretien avec l’ambassadeur de Serbie à Vienne, Milovan Bozinovic

 

Propos recueillis par Bernhard Tomaschitz

 

Q.: Excellence, le statut de candidat membre de l’UE a été remis à une date ultérieure. Qu’en pensez-vous?

 

MB: La déception des Serbes est très grande, bien entendu. Toutefois, il convient de compléter la décision prise: nous avons rempli tous les critères que l’on nous a demandés de satisfaire, tout comme aux autres pays qui veulent adhérer à l’UE. Or c’est un motif non spécifique aux critères d’élargissement qui justifié le report de la candidature serbe. Il s’agit du rapport que nous entretenons avec la province autonome du Kosovo  —c’est ce statut qu’elle détient à nos yeux. Mais pour la plupart des pays de l’UE, cette province constitue entretemps un Etat indépendant.

 

Q.: Pourrait-on aboutir, à moyen ou long terme, à la tractation suivante: la Serbie adhère à l’UE mais, en contrepartie, elle doit reconnaître le Kosovo comme Etat indépendant?

 

MB: C’est là un débat qui a été ouvert par quelques Etats qui veulent durcir les critères de l’adhésion serbe. Je rappelle qu’en octobre 2010, nous étions convenu d’un accord avec l’UE qui stipulait que le rapprochement de la Serbie ne serait en aucun cas lié au développement des relations serbo-kosovars. Et voilà que tout d’un coup  —les réalistes le savaient déjà depuis longtemps—  ces motifs prennent de plus en plus d’importance, ce qui constitue une dégénérescence des principes et critères préalablement convenus. Tel est le sentiment que partagent les Serbes aujourd’hui.

 

Q.: C’est surtout l’Allemagne qui pense que la Serbie ferait valoir son influence auprès des Serbes du Kosovo. Mais quelle influence exerce réellement Belgrade?

 

MB: Le Kosovo n’est pas un territoire où la Serbie exerce sa propre souveraineté. C’est donc un paradoxe de partir du principe que la Serbie exerce encore une quelconque influence sur les événements là-bas, uniquement parce que les Serbes de la région de Mitrovica se sentent citoyens de la Serbie.

 

(entretien paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°1/2012; http://www.zurzeit.at ).

mardi, 24 janvier 2012

La Russie envoie des convois d’aide aux Serbes du Kosovo

Bernhard TOMASCHITZ:

La Russie envoie des convois d’aide aux Serbes du Kosovo

 

La Russie refuse de se laisser expulser des Balkans par les Etats-Unis et l’UE. Elle se tient encore et toujours aux côtés des Serbes, et, plus particulièrement, du côté  des Serbes du Kosovo. Vers la mi-décembre 2011, un convoi  russe chargé de vivres et d’autres nécessités est arrivé à Mitrovica, une ville peuplée  de Serbes au Nord du Kosovo.  Avant d’avoir atteint la localité, le Kremlin et l’administration d’EULEX de Pristina s’étaient querellé ferme au niveau diplomatique pendant plusieurs  jours. Derrière cette avanie se profile bien sûr l’UE qui détient de facto les droit de souveraineté dans  cette province rebelle du Sud de la Serbie.

 

Mais  ce n’est pas tant le convoi en lui-même qui a suscité  la mauvaise humeur des eurocrates bruxellois, c’est surtout le refus des Russes de se voir flanqués d’une escorte de militaires d’EULEX. Les Russes, par la voix d’Aleksandr Konuzine, ambassadeur de la  fédération de Russie à Belgrade, ont déclaré qu’ils ne se sentaient “nullement menacés” dans les zones serbes du Kosovo. De plus, Konuzine a reproché à la  mission de l’UE d’ “avoir outrepassé son mandat qui implique la neutralité”. Car, aux yeux des Russes, l’eurocratie bruxelloise s’engage beaucoup trop aux côtés  des Albanais du Kosovo tandis qu’elle ne tient aucun  compte  des intérêts  serbes.

 

Le convoi russe n’est pas un simple exemple  de solidarité entre peuples-frères slaves. C’est bien davantage: Moscou  entend empêcher  toute politique du fait accompli dans les Balkans.  En effet, le Sud-est de l’Europe est, pour les Etats-Unis, la dernière “plage blanche”  sur la carte du monde, que Washington veut faire disparaître: les Etats qui ont pris la succession de l’ex-Yougoslavie doivent impérativement être imbriqués dans  les “structures euro-atlantistes”, c’est-à-dire dans l’UE  et dans l’OTAN. Et cette volonté américaine vise aussi la Serbie, alliée traditionnelle de la Russie.

 

Bernard TOMASCHITZ.

(article paru dans “zur Zeit”, Vienne, n°1/2012; http://www.zurzeit.at ).

Survol de la Syrie et des Alaouites

Survol historique de la Syrie et des Alaouites

Ex: http://mediabenews.wordpress.com/

Introduction

La prise du pouvoir par les Alaouites en Syrie marque une rupture profonde avec le passé et l’histoire. Depuis des siècles, l’aire syrienne a été gouvernée, en général depuis Damas, par une bourgeoisie commerçante musulmane sunnite des plus orthodoxes, soumise à l’Empire Ottoman, qui a su par la suite composer, non sans diverses manoeuvres, avec la puissance mandataire avant de profiter de la confusion européenne pour échapper à son emprise et tenter, de façon un peu brouillonne, plusieurs formules de partage oligarchique du pouvoir. Quoi qu’il en soit, Damas demeurait, avec Le Caire, l’un des deux grands pôles de la pensée orthodoxe arabe et musulmane. Quant aux minorités religieuses ou ethniques, Chrétiens, Druzes, Alaouites, Juifs, Kurdes, Arméniens, bien que proportionnellement les plus importantes [1] de la région, ou peut être à cause de cela, elles étaient soigneusement tenues dans un état de marginalité politique et sociale, éloignées géographiquement ou institutionnellement des centres et instruments de pouvoir.

L’erreur fondamentale de la bourgeoisie affairiste et conservatrice sunnite de Syrie est sans doute d’avoir cru que son monopole économique et financier lui garantissait sans risque le contrôle permanent d’un appareil d’État plus conçu comme un lieu d’arbitrage et de représentation que comme un réel instrument de pouvoir. L’appareil de contrainte de l’État, Armée, Police, Administration fiscale ou douanière, avait toujours été dans des mains étrangères et l’on avait bien su s’en accommoder. De fait, il n’était nullement perçu comme un instrument valorisant, facteur de promotion et de contrôle sérieux de la société civile. Les minorités ont su profiter de cette lacune politique et culturelle et, au premier rang d’entre elles, les Alaouites. Hérétiques de l’Islam, méprisés, persécutés, démunis, relégués dans leurs montagnes peu hospitalières surplombant la Méditerranée entre les frontières libanaise et turque, désignés à la vindicte depuis la fatwa d’Ibn Taymiya (1268-1328)[2], les Alaouites ne paraissaient pas les mieux placés pour se lancer à la conquête de l’État syrien. En fait ils n’ont pas eu les hésitations des Chrétiens syriens, en majorité orthodoxes, qui ne bénéficient pas comme les Maronites du Liban d’une solution de repli territorial en cas d’échec. Contrairement aux Druzes, qui sont restés fidèles à leur tradition séculaire de ne jamais se mettre en avant pour ne pas désigner la communauté aux coups, les Alaouites, malgré leur passé et leur passif, ont entrepris de profiter d’une conjoncture favorable qui laissait le pouvoir en partie vacant à l’intérieur du pays et qui, au début des années 50, relativisait le poids de l’Islam dans le monde arabe en faveur d’idéologies peu connotées sur le plan religieux (nationalisme, marxisme).

Depuis le coup d’État du 8 mars 1963, la minorité alaouite de Syrie s’est donc progressivement assuré, sous la conduite de l’un des plus discrets mais des plus déterminés de ses membres, le général Hafez el-Assad, un contrôle étroit du pouvoir, de l’appareil civil et militaire de l’État et aussi des ressources économiques et financières du pays. Cette emprise à la fois communautaire et minoritaire n’est ni revendiquée ni même avouée. Elle s’exerce derrière le paravent, parfois avec l’alibi, d’une organisation centralisée et autoritaire mais qui se proclame résolument égalitariste, moderne et progressiste. En fait, elle met en jeu, tant en Syrie même que dans son contexte régional, les ressorts complexes de stratégies et de tactiques communautaires, tribales, claniques et familiales où dominent les rapports d’obligations interpersonnelles. L’édification de ces rapports, ainsi que la sanction de leur respect ou de leur violation, détermine et rythme depuis trente ans la vie publique intérieure mais aussi la politique extérieure de la Syrie qui y gagnent en cohérence et en détermination ce qu’elles y perdent en termes d’ouverture et d’image. Il reste à savoir si cette longue marche au pouvoir de Hafez el-Assad peut conduire à l’intégration de la communauté alaouite dans le pays et dans le siècle, ou si elle porte les germes de sa dissolution et de sa destruction. Car en sortant de son isolement géographique et social pour assumer le pouvoir d’État, la communauté perd ses repères internes, gomme ses différenciations, confrontée au double besoin de faire bloc pour s’imposer à un environnement hostile et de conclure avec cet environnement des alliances permettant de rentabiliser le présent et garantir l’avenir. Elle est bouleversée en son sein par les démarches de légitimation d’élites nouvelles, dynamiques et conquérantes, bousculant les cadres traditionnels qui puisaient leur pouvoir dans une capacité à gérer des réseaux de soumission et de transaction avec un extérieur dominateur. À mesure que s’affermit, s’étend, mais aussi se disperse le pouvoir alaouite sur l’ensemble du pays, la segmentation tribale de la communauté, fondée sur un état donné d’occupation physique d’un terrain précis, s’estompe au profit d’une segmentation en clans, voire en familles, dont les réseaux de solidarités et d’alliances dépassent les limites traditionnelles internes et externes de la communauté dans un contexte d’accès au pouvoir d’État et aux rentes économiques et politiques qui y sont liées [3]. Au terme d’une histoire presque millénaire d’isolement, de soumission et de discrétion, les Alaouites sont entrés dans le siècle, mais à quel prix pour leur identité et leur devenir ?

Repères

Dès le paléolithique et le néolithique, des groupes humains peuplèrent cette région. Dans la vallée de l’Euphrate, formant avec celle du Tigre la Mésopotamie, apparurent l’agriculture, puis les premières villes, les premiers royaumes, ainsi que l’écriture cunéiforme et l’alphabet.

Syrie - Maaloula : abris-sous-roche ou habitations préhistoriques sous un surplomb rocheux.

La Syrie de l’Antiquité

Du fait qu’elle était un lieu de passage entre l’Égypte et la Mésopotamie, la Syrie fut livrée très tôt aux invasions des grandes puissances commerciales du monde de l’époque.  Soumise à la domination des Sumériens, puis des Akkadiens, la région passa, à la fin du IIIemillénaire, sous l’influence des Amorites, un peuple sémite nomade. Au XIXe siècle avant notre ère, les Amorides fondèrent la première dynastie de Babylone. Hammourabi, roi de Babylone, étendit sa domination sur toute la région au siècle suivant.

À partir du XVIe siècle, l’Égypte des pharaons (la XVIIIe dynastie) prit le contrôle de la Syrie méridionale, tandis qu’au nord s’établirent les Hittites. Au carrefour commercial entre la Méditerranée et l’Asie, la région prospéra grâce à l’activité des marchands phéniciens qui fondèrent de nombreux ports (Tyr, Byblos, Sidon au Liban, Ougarit en Syrie).

L’équilibre fut rompu par l’arrivée des «Peuples de la mer» qui déferlèrent au XIIIe siècle avant notre ère et dévastèrent le littoral. Alors que les Araméens établissaient de petites principautés de la vallée de l’Oronte à celle de l’Euphrate, le royaume d’Israël étendit sa domination sur la région aux Xe et IXe siècles, en créant des liens de vassalité avec les Araméens. Le royaume de Damas fut fondé vers 1000 avant notre ère. Nabuchodonosor II, illustre représentant de la Xe dynastie de Babylone qui s’établit sur les restes de la puissance assyrienne, étendit son pouvoir jusqu’à Jérusalem; maître de l’Orient, il fit de sa langue, l’araméen, l’idiome de tous les peuples sous sa domination.

En 539, Cyrus le Grand, accueilli en libérateur par les peuples sous le joug babylonien, dévasta l’empire chaldéen. La Syrie passa sous domination perse et fut administrée par les satrapes des Grands Rois pendant les deux siècles qui suivirent. Alexandre le Grand l’annexa ensuite à son empire en 333-332 avant notre ère. Sous influence hellénistique, la Syrie échut après la mort du conquérant à Séleucos Ier Nikator, l’un de ses généraux. Une partie de la Syrie s’hellénisa au cours des siècles suivants, car le grec s’est imposé dans la région.

Par la suite, le royaume de Syrie fut envahi par les Romains de Pompée venus en Orient vaincre les Parthes; le royaume devint une province romaine en 64 avant notre ère. Mais la Syrie demeura quand même hellénisée sous la domination romaine, à tel point qu’elle devint l’une des principales provinces de l’Empire. Toutefois, après la fragmentation de l’Empire romain en 395 de notre ère, la Syrie fut intégrée à l’Empire byzantin. Elle connut une période de prospérité économique et de stabilité politique, troublée par les querelles religieuses qui déchirèrent l’Église d’Antioche. À partir de 611, les Perses tentèrent de mettre à profit les troubles religieux pour rétablir leur domination sur la région. Les Byzantins les chassèrent définitivement en 623, pour faire face à une nouvelle menace, celle de l’islam.

La Syrie arabe

Dès le IVe siècle avant notre ère, des tribus arabes venues du sud de l’Arabie s’étaient établies en Syrie. Affaiblis par les luttes qui les opposaient, Byzantins et Perses ne purent résister à l’expansion arabo-musulmane. La victoire du Yarmouk (636) sur les troupes d’Héraclius Ier permit aux Arabes de s’assurer le contrôle de la Syrie, qui s’islamisa et s’arabisa. La dynastie omeyyade (661-750), fondée par Moawiyya, exerça son rayonnement depuis Damas, la capitale. La marine du calife s’empara des îles de la Méditerranée orientale (Chypre, Crète, Rhodes), tandis que les troupes terrestres virent camper sous les murs de Constantinople. L’administration fut réorganisée, les sciences se développèrent, les mosquées et les palais se multiplièrent. Pourtant, les Omeyyades tombèrent sous les coups des Abbassides, qui firent de Bagdad la capitale de leur nouvel empire (750-1258), dont la Syrie devint une simple province. Le pays connut ensuite une période troublée lorsque l’empire commença à se démembrer.

Aux Xe et XIe siècles, le désordre qui régnait dans le pays, divisé entre des dynasties arabes et turques rivales, favorisa l’établissement des croisés occidentaux qui, après la prise d’Antioche (1098) et de Jérusalem (1099), occupèrent le littoral et le nord de l’actuelle Syrie. Les croisés édifièrent une série de châteaux forts tournés vers la mer. En 1173, Saladin, fondateur du sultanat ayyubide, mena la lutte des musulmans contre les croisés et unifia l’intérieur de la Syrie. Affaibli par la guerre opposant croisés et musulmans, le pays subit au XIIIe siècle l’invasion destructrice des Mongols. Les mamelouks, dynastie d’esclaves qui s’était imposée en Égypte, stoppèrent leur avance, expulsèrent les croisés en 1291 et dominèrent la Syrie jusqu’en 1516.

En réalité, la multiplicité des invasions étrangères s’est traduite dans le domaine religieux. Ainsi, si 90 % de la population est devenue musulmane, 10 % de celle-ci est restée chrétienne, avec le maintien de minorités chiite, druze, ismaélienne et surtout alaouite.

La Syrie ottomane

Après avoir pris Constantinople, les Ottomans vainquirent les mamelouks en 1516, annexèrent la Syrie à leur nouvel empire et divisèrent celle-ci en trois, puis en quatre pachaliks ou provinces (Damas, Tripoli, Alep et Saïda). La Syrie ottomane fut gérée au nom du sultan par des gouverneurs nommés pour un an. Cependant, la domination turque se fit principalement sentir dans les villes, les émirs locaux exerçant partout ailleurs leur propre pouvoir.

Durant quatre siècles, la Syrie redevint un carrefour commercial important et développa des relations avec le monde occidental. Puis l’affaiblissement graduel de la puissance ottomane attisa les ambitions territoriales, tantôt du premier consul Bonaparte en 1799, tantôt par les troupes du vice-roi d’Égypte Méhémet Ali en 1831. En 1860, Napoléon II intervint en Syrie afin de favoriser les chrétiens.

Puis ce fut le tour des Britanniques. Ayant gagné l’appui des Arabes syriens, les Anglais promirent l’indépendance du pays en cas de victoire sur l’Empire ottoman. Cependant, le 16 mai 1916, la Grande-Bretagne et la France conclurent des accords secrets, les accords Sykes-Picot, par lesquels les deux puissances se partageaient les terres arabes sous domination ottomane. Cet accord résulte d’un long échange de lettres entre Paul Cambon, ambassadeur de France à Londres, et sir Edward Grey, secrétaire d’État au Foreign Office; par la suite, un accord ultra-secret fut conclu à Downing Street entre sir Mark Sykes pour la Grande-Bretagne et François Georges-Picot pour la France. Cet accord équivalait à un véritable dépeçage de l’espace compris entre la mer Noire, la Méditerranée, la mer Rouge, l’océan Indien et la mer Caspienne. La région fut découpée de la façon suivante:

1) Une zone bleue française, d’administration directe (Liban et Cicilie);
2) Une zone arabe A, d’influence française (Syrie du Nord et province de Mossoul);
3) Une zone rouge anglaise, d’administration directe (Koweït et Mésopotamie);
4) Une zone arabe B, d’influence anglaise, (Syrie du Sud, Jordanie et Palestine);
5) Une zone brune, d’administration internationale comprenant Saint-Jean-d’Acre, Haiffa et Jérusalem.

Bref, la Syrie et le Liban actuels revirent à la France, l’Irak et la Palestine furent attribuées au Royaume-Uni.

Le mandat français (1920-1941)

Les Britanniques et les Arabes participèrent à la prise de Damas en 1918. L’année suivante, les forces britanniques se retirèrent de la zone d’influence revenant à la France, cédant le contrôle aux troupes françaises. En 1920, la Société des Nations (SDN) confia à la France un mandat sur la Syrie et le Liban, lesquels devaient rapidement aboutir, du moins en théorie, à l’indépendance des deux territoires. Toutefois, les nationalistes syriens, organisés depuis la fin du XIXe siècle, espéraient la création d’une Syrie indépendante, incluant la Palestine et le Liban. En mars 1920, le Congrès national syrien (élu en 1919) refusa le mandat français et proclama unilatéralement l’indépendance du pays. Celui-ci devint une monarchie constitutionnelle dirigée par le fils de Hussein, le prince Fayçal.

Néanmoins, en avril 1920, la conférence de San Remo confirma les accords Sykes-Picot, qui légitimaient l’intervention militaire française: les troupes du général Gouraud entrèrent à Damas en juillet. Fayçal, contraint à l’exil, trouva alors refuge en Irak, où il sera couronné en 1921. Ce fut alors l’effondrement du «grand projet arabe» de rassembler autour de Damas les terres arabes autrefois placées sous contrôle ottoman. Alors qu’elle avait été hostile envers les Turcs, la population syrienne développa rapidement un sentiment antifrançais.

Le Mandat français sur la Syrie fut organisé en un «Grand Liban» composé de quatre provinces: l’État de Damas, l’État d’Alep, l’État des Alaouites (1920) et l’État du Djebel druze (1921), auxquels s’ajouta, en mars 1923, le sandjak d’Alexandrette (au nord) détaché d’Alep et peuplé d’une minorité turque. La même année, le général Gouraud créa la Fédération syrienne, qui regroupait Damas, Alep et l’État alaouite, sans le Djebel druze, ni Alexandrette. En 1924, l’État alaouite en fut également séparé. De 1925 à 1927, le Djebel druze entra en état d’insurrection, dirigée par le sultan Pacha-El-Atrache. Le général Sarrail y fut chargé de rétablir l’ordre français. En 1926, le «Grand Liban» devint la République libanaise.

La frontière syro-libanaise fut tracée par les Français, protecteurs traditionnels des chrétiens dans la région, afin de satisfaire les ambitions des maronites à la création d’un «plus grand Liban». La Syrie ne reconnut jamais ce tracé. Sachant proche l’indépendance du mandat français du Levant, la Turquie fit savoir, dès 1936, qu’elle se refusait à ce que la population minoritaire turque du Sandjak d’Alexandrette puisse passer sous l’autorité syrienne indépendante. Paris, soucieux de ne pas contrarier un État dont la position revêtait une grande importance stratégique quant à la défense des intérêts français au Levant, accéda à la demande d’Ankara, et le Sandjak d’Alexandrette (ou république du Hatay) passa sous souveraineté turque le 23 juin 1939, sous le nom de «province du Hatay», au grand dam des nationalistes syriens.

Malgré son hostilité à l’égard de la France, la Syrie se rangea aux côtés des Alliés en 1939. En juin 1940, après la capitulation française, la Syrie passa sous le contrôle du gouvernement de Vichy. En 1941, les forces de la France libre et les Britanniques chassèrent le général Dentz, haut-commissaire du Levant. Le général Catroux, au nom de la France libre, reconnut officiellement l’indépendance de la Syrie, mais les troupes franco-britanniques demeurèrent sur le sol syrien.  Les Français ne se retirèrent totalement du Liban et de la Syrie qu’en 1946, après avoir violemment réprimé de nouvelles émeutes nationalistes et bombardé Damas. Cette même année, la Syrie devient membre des Nations unies.

Soulignons que, lors du mandat français, les Kurdes ne firent l’objet d’aucune mesure répressive. Même s’ils ne jouissaient d’aucun statut officiel, ils pouvaient librement pratiquer leur religion et utiliser leur langue, voire diffuser leurs journaux. C’est dans le Kurdistan syrien que beaucoup d’intellectuels Kurdes persécutés en Turquie vinrent trouver refuge, bien qu’ils ne disposaient d’aucun droit politique. Les Kurdes ont bel et bien demandé leur autonomie à l’intérieur des frontières du pays. Une pétition fut adressée à l’Assemblée constituante de Syrie le 23 juin 1928 et y a inclus les trois demandes suivantes:

1) L’usage de la langue kurde dans les zones kurdes, concurremment avec d’autres langues officielles (arabe et français);
2) L’éducation en langue kurde dans ces régions;
3) Le remplacement des employés du gouvernement de ces régions par des Kurdes.

Les autorités du mandat français ne favorisèrent pas l’autonomie kurde dans cette partie de la Syrie en raison de l’intolérance manifestée par la Turquie et l’Irak à l’égard «d’un territoire autonome kurde» près de leurs frontières. En fait, l’usage du kurde était libre, sans être officielle, dans la région. Mais l’absence de matériel pédagogique en langue kurde aurait rendu l’organisation de l’éducation particulièrement difficile, bien que ce soit des considérations d’ordre politique qui ait joué. 

Quant à la minorité religieuse alaouite, elle fut favorisée par les Français. Longtemps persécutés dans le passé, les alaouites (issus des chiites) purent s’instruire et se faire embaucher dans l’armée coloniale française, ce qui assura leur promotion sociale, dont les élites dirigeront ensuite le Parti Baas à partir de 1963. Les Français avaient créé le «Territoire des alaouites», qui allait devenir l’«État des Alaouites», puis en 1930 le «territoire de Lattaquié» ou «gouvernement de Lattaquié». Afin de faire contrepoids au nationalisme arabe des sunnites, les Français encouragèrent pendant l’entre-deux-guerres le particularisme alaouite, qui prétendait faire des alaouites un peuple à part entière, mais cette politique colonialiste échoua.

LES ALAOUITES

Alep

Dans les années 860, Ibn Nosayr, originaire de Bassorah et disciple du dixième imam chiite Ali al-Hadi, entre en dissidence et prêche une foi chiite extrémiste divinisant Ali [4] au sein d’une sorte de trinité dont Mahomet et son compagnon Salman sont les autres pôles. Fuyant l’Irak, les disciples de Ibn Nosayr sont récupérés par les Hamdanides de Alep qui trouvent expédient de les envoyer stimuler le zèle des tribus vivant aux marches de l’Empire Byzantin en Syrie du Nord. La prédication d’Ibn Nosayr rencontrera un succès inespéré parmi ces populations mal islamisées, encore fortement imprégnées de christianisme oriental chez qui son mysticisme, son culte du martyre et sa doctrine trinitaire provoquent des échos familiers. Il en résultera un syncrétisme mystique incorporant des éléments du chiisme le plus extrême, du christianisme byzantin et de paganisme ou de panthéisme hellénistique.

La constitution des royaumes francs, qui jouaient sur les divisions locales, a favorisé localement l’adhésion au Nosaïrisme et son implantation durable dans le nord-ouest de la Syrie, mais la répression qui a suivi la reconquête musulmane n’en a été que plus féroce. Traqués en tant que traîtres et apostats, les membres des tribus alaouitisées de Syrie se réfugient dans les montagnes surplombant Lattaquieh où elles vivent en retrait du reste du pays, tributaires d’une maigre agriculture de subsistance, en butte à de permanentes persécutions politiques et religieuses, entretenant des relations de dépendance difficile avec les villes de la côte et de l’intérieur. Cette situation, émaillée d’affrontements sporadiques et toujours sanglants avec les autorités de droit ou de fait, durera jusqu’à l’effondrement de l’Empire Ottoman. Des expéditions punitives de Baïbars vers 1360 à l’établissement du mandat français en 1920, les Alaouites se sont figés en collectivités défensives régulièrement décimées dans toutes les hauteurs de la montagne côtière qui s’étend de Tartous à Alexandrette, ne descendant dans la plaine que pour louer leurs services comme ouvriers agricoles ou vendre leurs filles comme servantes [5]. Ce régime de persécutions religieuses et sociales conduit la communauté à se réfugier, comme les Druzes, dans l’hermétisme et la dissimulation. Les secrets ultimes de la religion sont réservés à une petite classe d’initiés et l’ensemble de la communauté intègre au plus haut degré la pratique de la taqiya [6]qui peut aller jusqu’au reniement public de l’appartenance à la communauté et la reconnaissance de l’appartenance à la religion dominante. Cependant contrairement aux Druzes, les Alaouites ne refusent pas les alliances matrimoniales hors de la communauté et même les encouragent quand elles peuvent lui profiter.

On retrouve chez les Alaouites de Syrie toutes les formes les plus classiques des sociétés côtières sédentarisées de la Méditerranée. La structure de base de la communauté est la famille (ahl) au sens élargi, sur laquelle règne sans partage l’autorité patriarcale. La famille est elle-même membre d’un clan (‘ashîra) regroupant plusieurs familles alliées, qui est la véritable unité de base de la communauté en laquelle on se reconnait principalement. Ces clans informels sont, regroupés par agrégation ou seuls suivant leur importance, constitutifs d’une tribu (qabîla) dont l’existence est plus liée aux relations d’alliance et aux solidarités de voisinage qu’à la référence à un lignage attesté ou mythique commun. La sédentarité des Alaouites explique évidemment que, contrairement aux nomades, ils se réfèrent plus au sol qu’au sang et, dans la pratique courante, l’Alaouite se réfère essentiellement à son “village”, entité à la fois humaine et géographique, lieu géométrique de ses relations affectives et sécuritaires. La tribu est dominée par un sheikh “temporel” dont l’autorité ne se confond pas avec celle des chefs religieux. Enfin, la plupart des tribus alaouites sont regroupées en quatre grandes “fédérations” (ahlaf) dont la segmentation, perpendiculaire à la côte, paraît essentiellement due aux contraintes locales de la géographie physique qui conditionnent l’orientation des voies de communication et a contribué à donner des caractéristiques communes aux tribus qui les constituent [7] :

- Les Haddâdîn dans la région de Dreikish et Safita,

- Les Khayyâtîn dans la région de Qadmus et Marqab,

- Les Matawira dans la région de Matwa et Aïn Sharqiyyah,

- Les Jurûd [8] dans le triangle Qardaha-Slenfé-Alexandrette, fédération dont la tribu des Kalbiyyeh, la plus importante en nombre, est celle de Hafez el-Assad qui appartient au clan des Karahil [9].

Ces quatre fédérations regroupent environ 80% des Alaouites de Syrie, les autres se répartissant en tribus au rattachement incertain comme les Bichraghiyyah (du nom de la région de Bichragh dont ils sont les habitants, qui marque la limite entre les tribus du nord du Djebel alaouite et celles du sud aux pratiques religieuses et sociales légèrement différentes) ou en sortes de confréries à vocation plus religieuse que sociale comme les Murchidiyyin ou les Hawakhissa. D’une manière générale, la notion de tribu chez les Alaouites, agriculteurs attachés à leur terroir, apparaît donc plus liée à l’établissement de liens de solidarité et de protection réciproques entre familles élargies voisines qu’à des références communes à des ancêtres ou des passés mythiques qui sont le fondement du tribalisme nomade des pasteurs dans l’hinterland steppique [10]. Il en résulte une certaine perméabilité et un flou des contours, un caractère mouvant des critères de légitimité, une grande disponibilité aux modifications des systèmes d’alliances ou d’antagonismes.

A la tête de la communauté on trouve traditionnellement un “Conseil communautaire des Alaouites” (Majlis al-Milli) qui paraît tenir plus d’un conseil de famille consultatif que d’une autorité exécutive ou contraignante. Composé de dix-huit membres cooptés parmi les cheikhs religieux et temporels des différentes tribus, il rend les grands arbitrages et définit les lignes de conduite générales de la communauté. Sa composition est en principe secrète et il se réunit de façon informelle. Son importance paraît avoir fortement diminué à mesure que se développait le pouvoir personnel de Hafez el-Assad pour lequel a été créé le siège inédit de Président d’honneur.

Premier drapeau de la Syrie sous mandat français (1920-1946)

L’instauration du mandat français en 1920 introduit une rupture brutale dans l’ordre interne de la communauté et dans ses rapports avec le reste du pays. Elle pose en fait les bases de la future accession au pouvoir de la communauté. Le 31 août 1920, la France, fidèle à sa politique de protection des minorités et soucieuse de se prémunir contre un “empire arabe” en jouant sur les divisions régionales, crée le Territoire autonome des Alaouites auquel font pendant diverses entités minoritaires chrétienne ( Liban) et druze (Djebel Druze). Un grand nombre de notables alaouites se rallient avec enthousiasme à l’idée d’une indépendance par rapport à la Syrie sunnite et, malgré quelques fausses notes comme la révolte de 1921 menée par cheikh Saleh al-Alawi, ils iront, en comparant leur sort à celui des Juifs de Palestine, jusqu’à élaborer en 1936 une déclaration de refus de rattachement à la Syrie à laquelle plusieurs centaines d’entre eux, dont le grand-père du Président, souscrivent. Sur le plan religieux et juridique, l’autorité mandataire essaie d’appliquer les principes qu’elle met en oeuvre dans ses autres possessions arabes. Le trop petit nombre et le manque de formation des cadres locaux conduisent, par une assimilation abusive des Alaouites au chiisme, à faire appel à des experts en matière religieuse et de statut personnel issus des communautés chiites du sud du Liban. Ils se sont plutôt bien adaptés, en laissant à la fois leur empreinte et quelques systèmes de relations utiles pour l’avenir quand le désordre interne du Liban conduira la Syrie dominée par des Alaouites à y rendre des arbitrages entre les communautés. C’est auprès de leur chef charismatique, l’Imam Moussa Sadr, que Hafez el-Assad avait d’ailleurs été se faire délivrer , au début des années 70, des brevets d’appartenance de la communauté alaouite à l’Islam chiite (Kramer, 1987:246 sqq.). Enfin, toujours soucieux de s’appuyer sur les minorités pour faire pièce au pouvoir sunnite de Damas, les Français favorisent et organisent la scolarisation, jusque là presque inconnue, des enfants des communautés minoritaires et poussent les plus brillants d’entre eux vers les carrières administratives et, en particulier, le métier des armes.

La confusion européenne au lendemain de la seconde guerre mondiale, le départ sans gloire de la puissance mandataire, suivi peu après de l’affrontement généralisé avec l’État juif nouvellement créé, a contraint la communauté alaouite dans son ensemble à revoir son système d’insertion dans le contexte régional selon trois grandes lignes directrices :

- Les effondrements successifs de l’Empire Ottoman puis des grands États d’Europe intéressés au Levant ont prouvé qu’aucune puissance extérieure à la région ne peut garantir durablement la survie d’une entité alaouite autonome ou indépendante. La communauté doit donc accepter de vivre à l’état de minorité dans l’ensemble arabe et musulman. Cette considération condamnait les notables qui s’étaient ouvertement prononcés, presque en totalité, pour une indépendance sous protection française et, en les dévalorisant, conduisit dans un premier temps et par défaut au renforcement du pouvoir des responsables religieux de la communauté qui avaient eu la prudence de ne pas s’engager sur ce terrain, puis à l’émergence rapide de cheikhs tribaux plus jeunes et plus dynamiques que ne le voulait la coutume.

- L’Islam sunnite demeurant l’adversaire principal, il convenait d’en neutraliser la menace en faisant si possible reconnaître la communauté comme musulmane en “gommant” sa spécificité, donc en adoptant en toutes circonstances des postures qui ne prêtent le flanc à aucune critique tant sur le plan de la religion que de l’arabisme. Cette stratégie conduira la communauté et ses leaders à des positions maximalistes sur tous les dossiers régionaux et internationaux concernant la question nationale arabe et les problèmes musulmans. Ils seront toujours, parfois jusqu’à la caricature, à la pointe des causes du monde arabe et les derniers à faire des concessions dans ce domaine, après que tous les responsables sunnites auront montré l’exemple.

- Enfin il convient de s’assurer le contrôle de l’État syrien afin de se prémunir, puisqu’il va bien falloir vivre avec eux, contre la vindicte prévisible des notables sunnites locaux ou étrangers, contre leur volonté latente d’islamiser les institutions ou de fondre le pays dans un vaste ensemble “arabo-musulman” [11]. Ce contrôle de l’État doit viser essentiellement celui de son appareil de contrainte et tendre à dissocier par tous les moyens le concept d’arabisme de celui d’Islam, en tous cas d’Islam sunnite.

La prise du pouvoir

C’est dans ce contexte et en fonction de ces principes que de jeunes responsables civils et militaires alaouites vont s’emparer du pouvoir en février 1966. Sans verser dans une explication conspiratoire de l’histoire [12], on doit constater qu’ils s’y sont longuement préparés. L’initiative en est venue principalement du nord de la région alaouite, c’est-à-dire de la confédération des Jurûd, probablement pour la double raison qu’ils étaient à la fois les plus humbles de la communauté et les plus exposés au voisinage turc. Dès 1933, Zaki al-Arsouzi, Alaouite d’Alexandrette, fonde une “Ligue d’action nationale” qui se veut nationaliste et socialiste sur le modèle des partis fascistes européens, comme le feront peu après les Maronites avec les “Phalanges” de Pierre Gemayel et les Grecs-orthodoxes avec le Parti Populaire Syrien d’Antoun Saadé. Au-delà de ses objectifs affichés d’indépendance, de réveil culturel et de panarabisme, la Ligue se veut intégratrice. Il s’agit, comme pour le P.P.S., de substituer à la référence religieuse une référence nationale qui permettrait à la minorité de ne plus voir son existence sociale et politique contestée sur une base religieuse. Arsouzi se heurte à la fois aux Français, aux Turcs à qui la puissance mandataire cède en 1939 le Sandjak d’Alexandrette, mais aussi aux notables indépendantistes alaouites des autres confédérations et au pouvoir bourgeois de Damas. Ses idées font cependant leur chemin chez les jeunes Alaouites du nord et chez les Druzes tandis que leur volet social séduit les jeunes Sunnites des provinces périphériques, “oubliés” eux aussi du développement industriel et commerçant des villes. Fin 1940, Arsouzi quitte la Ligue, maintenant exclusivement tournée vers la contestation de l’occupation turque du Sandjak, et crée à Damas une première version d’un “Baath al-Arabi” (Parti de la résurrection arabe), avec une idéologie similaire à celle initiale de la Ligue. Il ne rencontre guère de succès dans la capitale et se retire en 1942 à Lattaquieh où son influence morale reste très grande et d’où il poussera ses jeunes coreligionnaires à adhérer massivement au nouveau Baath, totalement inspiré du sien, que fondent en 1943 le Chrétien Michel Aflaq et le Sunnite Salaheddin Bitar. Panarabe, nationaliste, laïque, social, le Baath séduit à la fois les minorités non musulmanes ou dissidentes de l’Islam et nombre de ruraux musulmans orthodoxes face à l’hégémonie de la bourgeoisie sunnite. Son caractère authentiquement arabe le rend plus attractif et moins sujet à controverse que le “syrianisme” réducteur du P.P.S. ou l’athéisme importé du P.C., autres refuges idéologiques et militants des minoritaires. Pendant vingt ans, le Parti va être patiemment infiltré puis instrumentalisé par les Alaouites au détriment des autres groupes qui le composent (Chrétiens, Druzes, Ismaéliens, Sunnites provinciaux) pour prendre le contrôle de l’appareil militaire, puis politique et enfin économique et financier de l’État syrien.

Là encore, le rôle des Jurûd et, en leur sein, celui des Kalbiyyeh et de la famille Assad est déterminant. Originaire du bourg de Qardaha, la famille Assad, sans être pauvre, vit modestement de l’agriculture. Le père, Ali ben Sleiman, a voulu sortir de sa condition mais n’en a guère les moyens. Comme la plupart des Jurûd, il ne dispose ni des réseaux d’affaires dont bénéficient les Shamsites [13], ni des réseaux de pouvoir en général accaparés par les Matawira. Après la tentative familiale infructueuse de donner des signes d’allégeance aux Français, il mise tout sur ses fils pour lesquels il consentira de lourds sacrifices en vue de leur assurer une instruction la plus complète possible. Intelligent et rusé, discret et opiniâtre, doté d’une force physique peu commune, Hafez el-Assad, né en 1930, adhère au Parti Baath alors qu’il est encore lycéen sur l’instigation de Zaki Arsouzi et de son disciple Wahib Ghanem, également Alaouite d’Alexandrette, qui est un ami de la famille. Après avoir animé la section étudiante du parti au lycée de Lattaquieh, où il rencontre beaucoup de ceux qui seront ses compagnons de route, Hafez el-Assad passe son baccalauréat à Banyas puis se présente à l’école des officiers de Homs en 1950. Nanti de ses épaulettes de sous- lieutenant, il choisit l’aviation et rejoint en 1952 la toute nouvelle école de l’air d’Alep. Comme au lycée, il noue dans ces deux écoles les liens d’amitié, de confiance et de solidarité de promotion, les “réseaux”, qui le conduiront au pouvoir. Si dans son environnement les Alaouites comme son “co-pilote” Mohammad el-Khouli dominent, Assad sait aussi rechercher l’amitié de Sunnites modestes, provinciaux, hostiles aux bourgeois damascènes comme Naji Jamil, originaire de Deir ez-Zor – son équipier à l’Ecole de l’Air dont il fera son premier coordinateur des services de sécurité – ou Moustafa Tlass, né à Rastan – son compagnon à l’Ecole de Homs – qui deviendra son inamovible ministre de la Défense – assez forts pour l’aider, pas assez pour lui nuire…

On voit déjà se dessiner l’esquisse du dispositif ternaire qui reste encore aujourd’hui le schéma de base de toutes les stratégies du Président syrien, toujours entouré de trois cercles concentriques constitués chacun de trois éléments fidèles à sa personne et rivaux entre eux, donc manipulables. Si les Kalbiyyeh sont bien représentés dans son entourage, il sait qu’il lui faut composer avec les autres tribus alaouites qui ne verraient certainement pas d’un bon oeil l’un des moins prestigieux d’entre eux monopoliser le devenir communautaire. Il se lie donc à des représentants d’autres tribus comme Mohammed Omran (jeune cheikh d’un des clans les plus prestigieux des Haddâdîn) et Salah Jedid (du plus puissant des clans Matawira à l’époque), avec lesquels il formera en 1960 le noyau d’un comité militaire hostile à l’union avec l’Egypte, ou Mohammed el-Khouli (Haddâdîn), qui sera le chef de son premier “service de renseignements” personnel quand il sera lui-même le chef de l’armée de l’air. En 1958, il épouse Anisseh Makhlouf, d’une famille aisée de la prestigieuse confédération des Haddâdîn. Elle lui donnera cinq enfants et la collaboration fidèle de tout son clan puisque Adnan Makhlouf, son plus proche cousin, est depuis plus de vingt ans le chef de la garde présidentielle.

Quand, confrontés à la double pression des Anglo-Saxons pour un alignement de la Syrie sur le Pacte de Baghdad et des jeunes officiers subalternes pour une politique encore plus indépendante et nationaliste, les dirigeants bourgeois de Damas, soutenus par la “vieille garde” du Baath, s’en remettent à la tutelle de l’Égypte

Al-Bitar, Louai al-Atassi et Nasser en mars 1963.

nassérienne le 12 janvier 1958, les Alaouites comprennent vite qu’ils sont victimes d’un marché de dupes. Rapidement confirmés dans cette opinion par les maladresses de l’administration égyptienne qui les marginalise aussi bien en tant que minorité que dans leurs privilèges de fonction si difficilement acquis, ils entreprennent une série de manoeuvres souterraines pour sortir de l’union qui reçoivent vite l’adhésion de tous les laissés pour compte de l’unité. Le comité militaire clandestin, alors constitué autour de Omrane, Jedid et Assad, va devenir pour presque dix ans le creuset où va s’élaborer la prise du pouvoir par les prétoriens alaouites aux dépens des Sunnites de Damas d’abord, puis des politiciens du Baath et enfin des “aventuristes” de la communauté. Hafez el-Assad et ses fidèles y développent jusqu’au raffinement l’art de l’action clandestine, les vertus de la patience et de la discrétion, l’habileté des manipulations complexes.

Le 28 septembre 1961, un premier coup d’État militaire à Damas prononce la rupture avec Le Caire et rétablit une République bourgeoise dominée par ses éléments traditionnels contre lesquels la réaction égyptienne ne peut qu’être mesurée. Le 8 mars 1963, un second pronunciamento militaire conduit par le capitaine druze Salim Hatoum renverse le régime civil, rappelle les officiers limogés, dont Hafez el-Assad, pendant la période unioniste ou la république “sécessionniste” et remet le pouvoir au parti Baath renforcé par sa prise du pouvoir en Irak un mois plus tôt. L’armée passe cependant sous le contrôle du comité militaire animé par les Alaouites. Devenu chef de l’Armée de l’Air, Assad y met sur pied, dès 1963 et dans la plus stricte illégalité, un service de renseignements efficace relayé dès 1965 au niveau de l’action par une milice au statut ambigu, les Détachements de Défense (saraya ad-difaa) qu’il confie à son frère Rifaat, passé en 1962 de l’administration des douanes au service de l’Armée. Le 23 février 1966, un nouveau putsch militaire chasse la vieille garde politique du Baath. Le Chrétien Aflaq et le Sunnite Bitar prennent le chemin de l’exil, remplacés par l’aile gauchiste du Parti pilotée par des militaires populistes sous la direction de Salah Jedid. Ce dernier commet l’erreur des bourgeois damascènes en abandonnant le contrôle de l’armée pour se consacrer à une action politique qu’il veut  résolument socialiste et nationaliste sans référence réelle aux intérêts particuliers de sa communauté. Hafez el-Assad devient ministre de la Défense et asseoit son emprise sur l’Armée, laissant son rival s’user en projets généreux et utopiques, sans omettre de saisir toute occasion de saper subtilement son pouvoir et ses plans. Le 25 février 1969, l’Armée prend le contrôle du pays et, sans chasser Salah Jedid, l’oblige à mettre un terme à ses expériences progressistes devenues impopulaires et à son monopole sur les décisions politiques en rappelant aux affaires des membres de l’establishment traditionnel ainsi que des ténors de diverses formations politiques. Jouant sur ce pluralisme qu’il a suscité, Hafez el-Assad, sans apparaître personnellement, fait prononcer le 12 novembre 1970 la destitution de Jedid, l’arrestation des officiers qui lui sont encore hostiles et prend enfin le contrôle de l’État qui lui sera officiellement confié début 1971 par son accession à la Présidence largement plébiscitée.

 Notes

[1] En 1994, la Syrie compte environ 13 millions d’habitants. Les minorités non sunnites et/ou non arabes représentent environ 35% de la population (extrapolations selon la méthode préconisée par Seurat, 1980:92): Alaouites (12%), Chrétiens de diverses obédiences (7%), Kurdes (6%), Druzes (5%), Arméniens (3%), Divers (Juifs, Tcherkesses, Assyriens, etc…environ 2%).

[2] “La guerre sainte est légitime…contre ces sectateurs du sens caché, plus infidèles que les Chrétiens et les Juifs, plus infidèles que les idôlatres, qui ont fait plus de mal à la religion que les Francs…”. (Cité par Pipes 1989:434.)

[3] Si l’on prend cette évolution en considération, les controverses entre Perthes (1992:105-113) et Landis (1993:143-151) ou entre Pipes (1989:429-450) et Sadowsky (1988:168), que l’auteur n’a ni vocation ni surtout autorité à trancher, peuvent apparaître comme la vision d’un même phénomène selon deux perspectives différentes.

[4] D’où le nom d’Alaouites qui leur a été donné par les Sunnites (‘Alawiyyîn, partisans de Ali); comme il a été donné, sans qu’il y ait aucun lien entre eux, à l’actuelle dynastie filalienne marocaine qui revendique sa descendance au Prophète via Abdallah Kamil, l’un des arrière petit fils de Ali et Fatima, qui serait venu s’installer au Tafilalet. Selon les périodes, les Alaouites de Syrie se désignent eux-mêmes sous le nom d’Alaouites quand ils souhaitent entretenir la confusion sur leur appartenance à l’Islam chiite ou sous celui de Nosaïris quand ils entendent être clairement distingués des Musulmans.

[5] Jusqu’aux années 60, les familles aisées des grandes villes de Syrie et du Liban “embauchaient” comme bonnes à tout faire des fillettes alaouites dès l’âge de huit ou dix ans. L’enfant étant mineur, une somme forfaitaire était versée , au titre de sa rémunération et pour solde de tout compte, au père ou au représentant légal qui abandonnait de facto tout élément de puissance parentale au profit de l’employeur. Prise en charge, mais non rémunérée, par la famille d’accueil, l’enfant entrait alors dans une vie de quasi-esclavage. La mémoire collective de cette pratique séculaire courante, que l’on se garde bien d’évoquer aujourd’hui, a pesé extrêmement lourd dans les formes de l’établissement du pouvoir alaouite en Syrie et dans son comportement au Liban.

[6] La taqiya (aussi connue sous le nom persan de ketman) est, très grossièrement, la faculté laissée au croyant de dissimuler son appartenance ainsi que de mentir ou de ne pas tenir ses engagements pour protéger la collectivité ou sa propre personne en tant que membre de la communauté.

[7] Voir carte

[8] Littéralement, “ceux qui habitent le jurd (zone de la montagne où rien ne pousse)”. De fait, avec la cession du Sandjak, cette confédération s’est trouvée pratiquement réduite en territoire syrien à sa composante Kalbiyyeh sous le nom desquels on la désigne usuellement..

[9] Une légende tenace veut que Hafez el-Assad se rattache au clan Noumeïtila de la confédération des Matawira, sans doute parce que ces derniers ont été les premiers de la communauté à investir les circuits de pouvoir en Syrie et qu’il était alors inconcevable qu’un Kalbiyyeh pût avoir des prétentions à ce sujet. On remarque aussi que Qardaha, village situé à l’extrémité sud du territoire des Jurûd, à quelques kilomètres de Matwa, est limitrophe du territoire des Matawiras. La même confusion s’attache à d’autres responsables actuels du régime (Mohammed el-Khouli, Ali Aslan). Voir sur ce point Le Gac (1991:78-79).

[10] Sur le passage d’un référentiel de solidarité à l’autre, voir Khalaf (1993:178-194)

[11] Il convient de noter que de 1946 à 1958 , sous la pression des diplomaties anglo-saxonnes pour la constitution d’un Pacte anti-soviétique ancré à Baghdad et pour la protection des accès aux ressources pétrolières, le Moyen Orient était dominé par les faits séoudite et hachémite. L’édification d’un grand “Royaume arabe” était encore un mythe vivace et la seule alternative offerte était le ralliement, à partir de 1952, au panarabisme nassérien peu sensible aux intérêts minoritaires.

[12] Plusieurs auteurs cités par Pipes (1989:429) font allusion à des réunions “secrètes” tenues dans les années 60 entre responsables civils, militaires et religieux de la communauté pour mettre au point une stratégie clandestine de prise et de gestion du pouvoir organisée dans ses moindres détails. L’impartialité de ces auteurs -quand ils ne se réfugient pas dans l’anonymat – est cependant sujette à caution et ils n’apportent guère d’éléments incontestables permettant d’étayer l’idée d’une démarche aussi élaborée.

[13] Les quatre grandes confédérations alaouites se partagent en “shamsites” (Haddâdîn, Khayyâtîn) et en “Qamarites” (Jurûd, Matawira) suivant des considérations subtiles sur l’importance religieuse respective qu’ils accordent au Soleil (shams) et à la Lune (qamar). Lors de sa brève existence sous le mandat français, l’État des Alaouites s’était doté d’un drapeau représentant un soleil flamboyant sur fond blanc, témoignant à la fois une distance par rapport aux couleurs et symboles traditionnels de l’Islam et la dominance des confédérations du sud.

lundi, 23 janvier 2012

L’Argentine, nouvelle cible de l’Empire britannique

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L’Argentine, nouvelle cible de l’Empire britannique

 

Ex: http://mbm.hautetfort.com                                                                                                                                                   

 

20 janvier 2012 (Nouvelle Solidarité) – Le ministre des Affaires étrangères argentin, Hector Timerman a rappelé aujourd’hui ce célèbre fait historique à la communauté internationale, alors que David Cameron, Premier ministre britannique arrivait hier à convaincre son Conseil national de sécurité de discuter de la défense de l’enclave coloniale dans les îles Malouines (rebaptisées Falkland Islands par sa Majesté).

 

Cameron s’est ridiculisé devant le Parlement anglais, arguant que la rencontre avec ses principaux chefs militaires et du renseignement était nécessaire pour envoyer un « message clair » à l’Argentine, accusée d’agir comme un « agresseur colonial » !

Timerman a aussitôt retourné l’accusation : « le Royaume-Uni est synonyme de colonialisme ». N’est-il pas en effet un peu exagéré que l’Angleterre accuse l’Argentine d’être colonialiste alors que cette dernière est elle-même la victime d’une situation héritée « du colonialisme » acceptée par les Nations-Unies.

De son côté, le Ministre de l’intérieur argentin Florencio Randazzo a interprété les remarques de Cameron comme étant offensantes à la lumière de l’histoire de la Grande-Bretagne. « Les annales montrent sans ambiguïté comment elle s’est comportée dans le monde ».

Mais les Britanniques comptent aller bien plus loin que la simple défense de « leur » enclave colonialiste dans la région. Le Secrétaire d’Etat aux Affaires Etrangères William Hague a affirmé les semaines précédentes que l’Angleterre avait l’intention de rétablir la domination directe dont l’Empire a bénéficié au XIXe siècle sur la région ibéro-américaine. Hague a expliqué au Daily Telegraph le 14 Janvier dernier que son voyage au Brésil, qu’il vient d’entamer, « inverse des décennies de retrait britannique en Amérique Latine... Maintenant je pense qu’il est clairement compris par tous dans les capitales de la région que l’Empire britannique s’étend et qu’il est de retour ».

L’attaque britannique (et c’est une attaque !) vise à refaire du Brésil une base stratégique forte de L’Empire, un rôle colonial relégué au Brésil, et ce depuis que la famille royale portugaise y fut emmenée sur des bateaux de guerre en 1807 pour mettre en place ce que devait être « l’Empire brésilien ». Hague souligne dans le Telegraph le fait que le Royaume-Uni est particulièrement intéressé par le Brésil, se vantant que le gouvernement de Cameron est entrain de « tripler, voire quadrupler nos efforts dans la relation avec le Brésil ». Son voyage était l’ouverture d’un dialogue stratégique « Royaume-Uni - Brésil », les Malouines, l’Iran et la Syrie étant bien loin dans son agenda.

Et si la Libye devenait le nouveau sanctuaire d’al-Qaïda ?

Et si la Libye devenait le nouveau sanctuaire d’al-Qaïda ?

La nébuleuse djihadiste serait-elle en passe de quitter le Pakistan pour la Libye?

Des sympathisants d’Oussama Ben Laden le 6 mai 2011. Reuters/Naseer Ahmed

 

D’après le Guardian,  qui cite des sources proches de mouvements islamistes en Afrique du Nord, Al-Qaida serait progressivement en train de migrer des zones tribales du Pakistan vers l’Afrique du Nord. Derrière cette nouvelle stratégie se cache notamment un homme, Abu Yahya al-Libi, numéro 2 officieux d’Al-Qaida qui semble suivre les événements libyens de très près. Deux membres très expérimentés d’Al-Qaida auraient déjà rejoint la Libye et plusieurs autres djihadistes ont récemment été arrêtés en chemin. Sous les coups des forces de l’OTAN en Afghanistan et au Pakistan, les militants d’Al-Qaida chercheraient à trouver refuge en Afrique du Nord et dans le Sahel, des régions qui leur offrent actuellement des conditions optimales pour prospérer.

Nébuleuse djihadiste en Afrique

L’influence d’Al-Qaida au Maghreb Islamique s’accroît en Afrique. Au Nigeria, la secte Boko Haram qui a revendiqué les attentats sanglants contre la communauté chrétienne, a vu plusieurs de ses combattants nouer des liens avec AQMI et les Shebabs en Somalie. «Les liens entre l’AQMI et Boko Haram étaient très faibles au départ, mais depuis deux ans environ on peut penser qu’il y a davantage de ramifications, notamment sur le plan logistique» explique Philippe Hugon, directeur de recherche à l’IRIS. Les enlèvements de plus en plus fréquents de ressortissants occidentaux au Mali et au Niger, ainsi que les combats en Somalie entre les milices shebab et les soldats kenyans et éthiopiens, confirment que les combattants islamistes n’ont jamais été aussi puissants dans cette partie du monde.

L’Afrique du Nord et plus précisément l’Algérie et la Libye pourraient être les prochaines destinations des djihadistes. Dans une récente vidéo datée du 5 décembre, Abu Yahya al-Libi a expliqué que la révolution libyenne ne sera réellement achevée que lorsque la charia aura été proclamée. S’adressant aux combattants libyens, il leur a ordonné de ne pas rendre leurs armes, sous peine d’être à nouveau «réduits en esclavage» comme sous le régime du colonel Kadhafi. Cette vidéo n’est pas la première. Le 29 octobre dernier, il avait exprimé le même message aux combattants libyens.

Des armes françaises aux mains d’al-Qaïda?

La question des armes apparaît primordiale. Depuis plusieurs semaines, les autorités libyennes peinent à désarmer les katibas ayant combattu les troupes de Mouammar Kadhafi. De nombreux pays, dont la France, ont fourni des armes aux combattants rebelles. Sauf que ces armes circulent rapidement via un trafic d’armes organisé en Libye et au nord du Sahel.  Mokhtar Belmokhtar, l’un des leaders d’Aqmi, a d’ailleurs affirmé en avoir «tout naturellement» récupéré une partie.

Alors que «deux membres très expérimentés d’Al-Qaida» seraient actuellement en Libye, on peut soupçonner Abu Yahya al-Libi, ressortissant libyen, d’être très attentif à leurs prochaines actions. Celui-ci (dont le vrai nom est Mohamed Hassan Qaïd) est souvent présenté comme le réel successeur d’Oussama Ben Laden.

Aussi bon théologien que grand communiquant (entre 2001 et 2002, à Karachi, au Pakistan, il occupa le poste de webmaster pour le site Internet des talibans Al-Imarah al-Islamiyah), il était à la fin des années 1980 parmi les premiers membres du Groupe de combat islamique libyen (GCIL) avant de faire l’essentiel de sa «carrière» en Afghanistan et au Pakistan. Arrêté par les services de renseignements pakistanais le 28 mai 2002 et incarcéré à la prison de Bagram en Afghanistan, il réussit à s’échapper le 10 juillet 2005, construisant ainsi une grande partie de sa légende auprès des aspirants djihadistes. Abu Yahya al-Libi, officiellement directeur du comité de droit d’al-Qaida, serait le véritable numéro 2 de l’organisation, selon Jarret Brachman, expert américain en contre-terrorisme, qui estime qu’il a l’aura et les compétences pour être le nouveau maître à penser d’Al-Qaida. «Je ne parle pas de chef au sens propre, mais d’un pouvoir bien plus important et imprévisible: le pouvoir d’inspirer.»

Des membres d’al-Qaïda parmi les combattants anti-Kadhafi?

En juillet, certains, citant la division «intelligence» de l’Otan, estimaient à 200 à 300 hommes le nombre de membres d’Al-Qaïda parmi les combattants libyens anti-Kadhafi. Ces djihadistes avaient été recrutés au début des années 1990 par deux lieutenants d’Oussama Ben Laden: Abu Laith al-Libi (sans lien de parenté), aujourd’hui décédé, et Abu Yahya al-Libi.

Plus nombreux, les anciens miliciens du GICL d’Abdelhakim Belhadj auraient rompu définitivement avec Al-Qaida en 2007 (bien que Belhadj affirme n’avoir jamais eu de lien avec Oussama Ben Laden).

«Le nouveau maître de Tripoli» et ses troupes semblent avoir joué le jeu de la coopération avec les occidentaux et le Qatar lors de la guerre civile libyenne jusqu’à devenir «l’islamiste fréquentable aux yeux des occidentaux». Une arrivée massive de combattants d’Al-Qaida et de djihadistes internationalistes dans la région pourrait donc clairement changer la donne.

Arnaud Castaignet

Krantenkoppen Januari 2012 (3)

Krantenkoppen

Januari 2012 (3)

UNGARN: JOBBIK-PARTEI SETZT EUROPA-FAHNE IN BRAND:
 
 
KRITIEK OP HONGARIJE IS ZWAAR BEVOOROORDEELD:
"De Hongaarse regering krijgt zoveel kritiek omdat zij christelijk-conservatief is. (...) Maar wie de nieuwe Hongaarse grondwet goed leest en het Hongaarse nieuws objectief volgt, kan maar één ding concluderen: Orbán is goed voor zijn volk, dat nog steeds terecht massaal achter hem staat."
 
 
BOE-GEROEP VOOR ORBAN IN EUROPARLEMENT:
"De Hongaarse premier Viktor Orbán (...) was naar Straatsburg gekomen om (...) informatie uit de eerste hand te geven over nieuwe wetgeving in Hongarije (...): 'Wij koesteren christelijke gevoelens, wij geloven erin deel uit te maken van een natie en wij vinden dat familie belangrijk is. Misschien zijn we met dit standpunt een minderheid in Europa, maar we hebben het recht op onze mening'."
http://www.trouw.nl/tr/nl/4496/buitenland/article/detail/3127985/2012/01/19/Boe-geroep-voor-Orban-in-Europarlement.dhtml
 
 
COURT CONVICTS 4 ISRAELIS OF HEADING INTERNATIONAL HUMAN TRAFFICKING RING:
"The Tel Aviv District Court convicted Thursday 4 Israelis of heading a massive human-trafficking ring that reached out of Israel’s borders to such countries as Cyprus, Belgium and England, forcing hundreds of women into prostitution. (...) [They] used a network [of] hundreds of young women in towns and villages in Russia, Ukraine, Belarus, Moldova and Uzbekistan":
 
 
HOMOSEKSUALITEIT KAN WORDEN GENEZEN:
"In de verklaring noemen 162 rabbijnen en joodse leiders homoseksualiteit een ziekte die niet is aangeboren":
http://www.nu.nl/binnenland/2716937/homoseksualiteit-kan-worden-genezen.html
 
 
RUSSIA WARNS US AGAINST ATTACK ON IRAN:
Russia has warned that it would consider any NATO military action against Iran a ‘direct threat’ to its national security. (...) The comments come one day after the secretary of the Security Council of the Russian Federation, Nikolai Patrushev, warned about the Israeli lobby’s efforts to drag the US into a military confrontation with Iran: 'There is a likelihood of a military conflict escalation, to which the Americans are being pushed by Israel'.
http://americanfront.info/2012/01/15/russia-warns-us-against-attack-on-iran/
 
 
REGIONALE ECONOMIE LOST CRISES OP:
"In de afgelopen decennia heeft in politiek en bedrijfsleven de nadruk op mondiale vrije markten, winstmaximalisatie, schaalvergroting en schaalvoordelen gelegen. Als gevolg van dit beleid nam het aantal lokale bedrijven af, net zoals de diversiteit (overal zien we dezelfde producten). Tegelijk zagen we een stijging van de inkomensongelijkheid en de mondiale onbestuurbaarheid. 
Financiële, ecologische en sociale problemen zijn zo opgeschaald van lokaal naar mondiaal niveau. De efficiëntie uitgedrukt in geld is gestegen, maar de tijd-, materie- en energie-efficiëntie (die veel belangrijker zijn) zijn steeds verder gedaald. Het is tegenwoordig veel goedkoper paperclips, kerstballen en kleding te fabriceren in China en deze vervolgens naar Nederland te transporteren, dan deze zelf hier te maken. (...) Nagenoeg al onze productieketens zijn verspillend qua tijd, materie en energie. En dus oneconomisch. (...)
Het kleiner maken van markten versterkt de lokale economie. Waarom een bloemkool de halve wereld over sturen als hij in de supermarkt om de hoek kan worden verkocht? Als je alleen maar kijkt naar het financiële effect, zie je al grote voordelen: van een product, dat plaatselijk is geproduceerd en wordt verkocht in een winkel van een lokale eigenaar, blijft zeker de helft van de winst in de eigen regio. Als je eenzelfde product koopt in een internationale winkelketen, die het centraal inkoopt, blijft hooguit 15% van de winst hier. De rest gaat naar producenten elders en naar anonieme aandeelhouders, die dat geld weer anoniem beleggen. Zo verdwijnt steeds meer geld van consumenten en kleine ondernemers naar de geldhandel van multinationals en banken. (...)
In veel gevallen is een regionale economie voordeliger. Zo leidt besluitvorming op regionaal niveau tot meer transparantie en directe aansprakelijkheid; inwoners van een regio houden eerder rekening met de natuur en de gemeenschap, omdat zij zich betrokken voelen en zelf moeten leven met de gevolgen. Het is gemakkelijker om op regionaal niveau productieprocessen te volgen en aan te passen. Regionale productie leidt tot minder transport. Daarnaast zijn werknemers in regionale economieën onafhankelijk van besluiten van multinationals en internationale financiële instellingen om bijvoorbeeld de activiteiten te verplaatsen naar ontwikkelingslanden. 
Ook biedt een regionale economie de mogelijkheid om een complementaire munteenheid in te voeren die ongevoelig is voor fluctuaties op de wereldmarkt. Regionale energie en voedselproductie maakt een regio onafhankelijk van prijsstijgingen van de mondiale markten.
Zelfs de diversiteit binnen de wereldgemeenschap neemt toe als overal bloeiende regionale economieën ontstaan; elke regio heeft de vrijheid om de economie en de productieketens op zijn eigen manier te organiseren waardoor er een grote variatie van leefstijlen ontstaat."
 
 
WIE VOLGT IN VERLAGING VAN KREDIETWAARDIGHEID?
"Duitsland kan volgens experts zijn ‘AAA’-status verliezen. Volgens de Duitse regeringsadviseur Clemens Fuest zit de eurozone in een 'downgrade'-spiraal naar beneden, waar moeilijk uit valt te ontsnappen. (...) De kans dat Duitsland daardoor zijn topoordeel van 'AAA' verliest is volgens hem ‘50-50’.":
http://fd.nl/economie-politiek/500223-1201/wie-volgt-in-verlaging-van-kredietwaardigheid?visited=true
 
 
LINDE-CHEF: RIETZLE LIEBÄUGELT MIT EURO-AUSTRITT:
"Als erster Chef eines Dax-Konzerns hat sich Linde-Chef Wolfgang Reitzle offen einen möglichen Austritt Deutschlands aus dem Euro-Raum gezeigt. Er (...) sei 'nicht der Meinung, dass der Euro um jeden Preis gerettet werden muss'. (...) Und 'wenn es nicht gelingt, die Krisenländer zu disziplinieren, muss Deutschland austreten'.":
http://www.handelsblatt.com/unternehmen/industrie/reitzle-liebaeugelt-mit-euro-austritt-deutschlands/6068498.html
 
 
IRAN WARS EPISODE 1: THE GULF MENACE:
"Today Iran's Revolutionary Guards operate over 1,500 small boats, which can be easily hidden in the coastal zone and do not need a large port to provide supplies. Most of these boats can be or already are equipped with short-range missiles and mines. An unexpected attack of a group of such boats can bring down almost any vessel that dares to enter Iranian waters":
https://rt.com/news/iran-military-power-conflict-565/
 
 
ISRAELI AGENTS POSED AS CIA TO RECRUIT TERRORISTS:
"Washington was initially unaware that agents working for Mossad, the Israeli intelligence agency, were recruiting Iranian terrorists under the guise that they would be hired and trained by the CIA":
http://rt.com/usa/news/israel-cia-mossad-iran-763/

“Westerse democratie dààr is gewoon utopie”

“Westerse democratie dààr is gewoon utopie”

Ex: Deltastichting - Nieuwsbrief n°55 - januari 2012

Om het Westen, om de Amerikaanse en Europese publieke opinie, om de verschillende parlementen zover te krijgen dat ze mee stapten in een militaire interventie in Libië, sloeg men ons om de oren met het argument dat de Arabische Lente democratie zou brengen in de Arabische landen. Men zou er komaf maken met het obscurantisme, met de dictators en de tirannen.  Een jaar na de feiten zijn we alvast deze illusie armer.

Dr. Peter Scholl-LatourProfessor dr. Peter Scholl-Latour, jaargang 1924, volgens de hoofdredacteur van het Duitse magazine Stern “de laatste grote verklaarder van de wereld”, heeft onlangs zijn 34ste boek gepubliceerd, Arabiens Stunde der Wahrheit. Aufruhr an der Schwelle Europas (*). In het conservatieve weekblad Junge Freiheit krijgt hij ruimte om zijn stellingen al eens voor het voetlicht te brengen.  Veel socialistische politici krijgen er alvast goed van langs in zijn eerste vaststelling: “Eindelijk is zichtbaar geworden, wat men bij ons lang wou loochenen, namelijk dat de regimes in de Arabische wereld, door het Westen ondersteund, ten gronde en fundamenteel ondemocratisch waren”. Dat veel socialisten zullen knarsetanden, heeft er natuurlijk alles mee te maken dat veel van de Arabische leiders – later: tirannen – in het zog van de dekolonisatie en onder het mom van een Arabische versie van het socialisme aan de macht zijn gekomen. En er zijn gebleven.

Maar ook diegenen die geloven in de komst van een Arabische democratie, zijn er aan voor de moeite. Want, aldus professor Scholl-Latour, “een Westerse democratie daar invoeren, is gewoon utopie. Niet omdat de Arabieren er niet capabel voor zouden zijn, maar omdat het begrip democratie niet toepasselijk is op de verhoudingen die er nu heersen”. Wat er eerst moet gebeuren (de vraag is of dat ook werkelijk zal gebeuren) is het instellen van een model voor de opbouw van een draagbaar regime, een regime dat aanvaardbaar is voor de verschillende Arabische volkeren.

De auteur heeft geen al te hoge pet op van de demonstranten op het Tahrir-plein, de revolutionairen zoals ze in het Westen worden genoemd, de bloggers van het Tahrir-plein (en andere). Hij heeft er veel ontmoet en met velen gesproken. “Werkelijk sympathieke en goed opgeleide jongeren, die echter wat de politiek betreft, zeer dilettantisch zijn en werkelijk zeer weinig doorzicht hebben. Toen ik hen vroeg, voor wie ze zouden stemmen tijdens de verkiezingen, werd het stil. De belangrijkste krachten in Egypte hielden zich tijdens de gebeurtenissen op het Tahrir-plein zeer op de vlakte”.

Het leidt geen twijfel dat de rol van het leger in Egypte bij lange niet uitgespeeld is, wel integendeel. En daarnaast zijn er de islamitische krachten, die zich nog niet volledig over Egypte hebben kunnen verspreiden. Vooral het verkiezingssucces van de fundamentalistisch-salafistische El-Noer, de “partij van het licht”, baart professor dr. Peter Scholl-Latour zorgen. Nochtans was het salafisme in oorsprong eerder een hervormingsbeweging, maar onder (financiële en andere) druk van de Saoudische Wahabieten ontwikkelde het zich een strakke, extreme en gevaarlijke trend binnen het islamisme.

Dat er in veel Arabische landen een caesuur is ontstaan met het verleden, is ondertussen zeer duidelijk: de post-koloniale periode, met haar kenmerkende eenpartijenregimes met een mengeling van nationalisme en Arabisch socialisme, wordt afgesloten. Wat brengt de toekomst, professor Peter Scholl-Latour? “Wij moeten ons er in de eerste plaats voor hoeden, de gebeurtenissen in de Arabische wereld te meten aan de wensen en de verlangens van het Westen, van Europa en vooral van Amerika. Men krijgt bijvoorbeeld al het gevoel dat Amerika zich opnieuw aan het mengen is en probeert deze Oosterse volkeren haar principes op te dringen”. De islamitische wereld heeft, aldus de auteur, haar eigen culturele, maatschappelijke en politieke ontwikkeling doorgemaakt. De dingen volstrekken er zich op een volkomen eigen manier, zij het compleet anders dan bij ons. Men mag vanuit Europa nog zoveel oproepen sturen naar de Arabische landen om zich in het democratisch kamp te plaatsen, het zullen de islamitische volkeren zelf zijn die zullen beslissen wat ze willen.

De onrust zal trouwens in de komende maanden (en misschien jaren) alleen maar toenemen. Zo kon professor Scholl-Latour met eigen ogen vaststellen dat Egyptenaren in het Nijldal onder Moebarak een zekerder leven leiden dan nu het geval is. Het toerisme is bijvoorbeeld in elkaar gezakt, deze belangrijke inkomensbron voor veel Egyptenaren dreigt op te drogen. De beloofde betere levensvoorwaarden zijn er dus nog niet. Een eerste vaststelling.

Een tweede vaststelling is dat wij vanuit Europa de neiging hebben om alle Arabische landen over één kam te scheren. Maar “ondanks de gemeenschappelijke bekentenis tot de islam verschillen de volkeren enorm van elkaar”.  Het is bijvoorbeeld heel onduidelijk in welke richting de islamitische beweging in Marokko zal bewegen, nu ze de verkiezingen heeft gewonnen. Libië aan de andere kant is een land dat zich aan de rand van de afgrond bevindt. In Egypte zullen – zoals hierboven gemeld – het leger en de Moslimbroederschap de macht wellicht delen, met heel wat vraagtekens bij de verder ontwikkeling van de salafisten daar, en de druk op andere religieuze minderheden.

Een derde vaststelling is dat Turkije, als niet-Arabisch maar islamitisch land, probeert zich als nieuwe politieke baken in het Midden-Oosten te verkopen. En theoretisch valt hier zeker een en ander voor te zeggen, aldus auteur Scholl-Latour. Maar in de werkelijkheid wordt dit een heel moeilijke, zo niet onmogelijke taak. Het Koerdische probleem krijgt de Turkse leider Erdogan maar niet opgelost. En nochtans probeerde hij dit etnisch conflict juist op te lossen in naam van de gemeenschappelijke religieuze erfenis. Het begrip ‘natie’, aldus professor Scholl-Latour, staat in felle tegenspraak met de leer van de Koran.

BOKO HARAMOm het rijtje af te sluiten, en mij baserend op internationale informatie die mij wordt doorgespeeld: de “Arabische Lente” zou zich wel eens heel snel kunnen uitbreiden tot een “Islamitische Lente”.  Zo trekt de Nigeriaanse regering in Abuja aan de alarmbel: gelet op de zeer hoge werkloosheid in het land en op het zeer actieve, en radicaal islamitische Boko Haram lijkt een uitbreiding van het oproer van de Arabische landen naar delen van Afrika mogelijk en zelfs waarschijnlijk. Nigeria telt momenteel meer dan 20 miljoen jonge werklozen, het percentage ligt rond de 42%. Velen zijn drugverslaafd en dus gemakkelijke prooien in handen van het islamitisch verzet.

2012 wordt dus ook in het Midden-Oosten en in Afrika een belangrijk jaar.


(*) Scholl-Latour, Peter, Arabiens Stunde der Wahrheit.
Aufruhr an der Schwelle Europas, Propyläen Verlag, 2011, 380 pagina’s

Peter Logghe
 

dimanche, 22 janvier 2012

EuroBRICS. Un basculement dans l'équilibre du monde

EuroBRICS. Un basculement dans l'équilibre du monde

Ex: http://www.europesolidaire.eu/

Un certain nombre d'experts, dont le politologue franco-européen Franck Biancheri 1), prévoient pour les prochaines décennies d'importants changements dans l'ordre du monde. Il ne s'agit pas d'annoncer des évènements encore inattendus, mais de mettre en perspective un certain nombre de changements en profondeurs (dits aussi systémiques) que la plupart des observateurs constatent mais dont ils ne tirent pas encore de conclusions significatives.

Ces changements vont du plus attendu au plus inattendu. Parmi les premiers se situe la montée en puissance d'un bloc asiatique comprenant évidemment la Chine mais aussi les autres puissances  régionales, Corée du Sud et Japon en premier lieu. Même si un accord politique parfait ne règne pas encore entre elles, inévitablement, leurs compétitions et échanges croisées feront de l'Asie un des principal pôle de restructuration du monde de demain. Il y a tout lieu de penser que l'Inde en fera partie. Le phénomène ne surprendra personne, puisque désormais le concept de BRICS pour désigner ces pays fraichement émergés ou réémergés mais en pleine croissance s'est imposé dans le langage diplomatique. Le Brésil et la Russie en constituent des cas particuliers sur lesquels nous reviendrons. Mais leur spécificité ne justifie pas de leur attribuer un rôle à part. L'avenir n'est pas uniformément rose pour les Etats constituants le BRICS. Ils sont directement confrontés à une détérioration rapide de leur environnement, comme à une croissance encore excessive de leur population. Ceci limitera nécessairement leurs ambitions géopolitiques

Un changement peu attendu encore par les observateurs, malgré des signaux concordants, sera le déclin sinon l'effondrement de la puissance américaine. Il vaudrait mieux parler de la puissance atlantique pour y inclure la Grande Bretagne. Celle-ci ne semble pas en voie de se désolidariser de la puissance américaine et risquera donc de la suivre dans sa chute.  Cet effondrement sera militaire, politique (avec sans doute l'éclatement de l'Union sous la pression des Etats fédérés), culturel (avec un retour en force des intégrismes religieux évangéliques, et la fin corrélative du « rêve américain » proposé au reste du monde). Les Etats Unis conserveront longtemps une avance scientifique, technologique et industrielle considérable, mais celle-ci se fragilisera de l'intérieur par son incapacité à maitriser un développement anthropotechnique suicidaire 2) et le fait, contradictoire et rarement évoqué, que cette avance repose en partie sur des chercheurs d'origine asiatique qui pourront changer de camp d'une année à l'autre si l'opportunité leur en était offerte.

Mais selon les experts cités en introduction, le changement le plus inattendu  et qui de ce fait sera le plus significatif sera l'apparition d'un véritable puissance européenne. Sous la pression de la crise et des contraintes globales, les Européens abandonneront leurs conflits internes, dépasseront leurs rivalités et s'uniront pour valoriser des atouts humains, géopolitiques et de connaissances dont ils sont les seuls à disposer. Le probable rassemblement dans les prochaines années autour d'un pôle franco-allemand social démocrate de toutes les forces de progrès européennes jouera un rôle essentiel dans l'émergence d'une véritable puissance géopolitique et civilisationnelle européenne.

Cette puissance sera attractive, reprenant à cet égard le rôle de la puissance américaine déchue. Elle sera dans un premier temps attractive pour la Russie et le Brésil, membres du BRICS auxquels nous venons de faire allusion. De par leurs liens divers avec l'Europe, ces pays se tourneront tout naturellement vers l'Europe rénovée tout autant que vers les pays asiatiques, afin de conclure des alliances stratégiques conjuguant leurs atouts divers.

Par ailleurs, du fait de leurs accointances avec les puissances asiatiques du BRICS, la Russie et le Brésil pourront avantageusement favoriser les rapprochements des stratégies asiatiques et européennes. Certes, les Européens ne pourront pas se permettre d'être naïfs, notamment à l'égard de la Chine. Mais ils ne devront pas faire de celle-ci comme tend à le faire l' Amérique un substitut de l'URSS dans une relance de la guerre froide qui serait bien utile à Washington mais désastreuse pour l'Europe.

Que conclure de cette présentation rapide? Si les changement évoqués ici se concrétisent, on verrait effectivement se préciser un nouvel ordre du monde autour d'un axe euroasiatique (euroBRICS) qui se substituerait à l'axe euroatlantique actuel. Il pourrait bénéficier des atouts respectifs et possiblement convergents dont disposent les vieilles civilisations de l'euroBRICS, notamment pour mieux contrôler qu'actuellement les différentes menaces économiques et environnementales qui mettent en danger la planète toute entière.


1)Voir notamment son ouvrage "Crise mondiale: En route vers le Monde d'après", Franck Biancheri, Editions Anticipolis . Nous présenterons prochainement ce livre.
* http://fr.wikipedia.org/wiki/Franck_Biancheri
* http://www.franck-biancheri.info/fr/accueil.htm
* Franck Biancheri anime le think-tank LEAB E2020 qui publie régulièrement la  lettre d'information confidentielle (sur souscription GEAB Global European Anticipation  Bulletin  http://www.leap2020.eu/GEAB-N-61-is-available-Global-Systemic-Crisis-2012-The-year-of-the-world-s-great-geopolitical-swing_a8770.html
2)Nous faisons par exemple allusion à la prolifération de l'usage des drones aux mains de mercenaires privés qui prive dorénavant l'US Air Force et le Département d'Etat de leurs capacités décisionnelles.

19/01/2012

samedi, 21 janvier 2012

L’aéronautique européenne met le cap sur la Sibérie

L’aéronautique européenne met le cap sur la Sibérie

Eurocopter et ATR enchaînent les contrats avec UTair. La compagnie régionale russe, qui, jusque-là, volait avant tout sur Boeing, négocie aussi avec Airbus et profite des pétrodollars pour renouveler des flottes vieillissantes.

En Sibérie, EADS a trouvé sa terre sainte, la région de Tioumen. Et un prophète commercial : UTair, principale compagnie régionale russe derrière Aeroflot. « Un leader d’opinion dans l’aéronautique du pays ! C’est devenu notre premier client en Russie et notre collaboration doit créer des ouvertures vers d’autres sociétés », s’enthousiasme Laurence Rigolini, directrice de la filiale d’Eurocopter à Moscou.

Le fabricant d’hélicoptères, filiale du groupe aéronautique et de défense européen, enchaîne les contrats avec UTair. La compagnie, qui dispose de la flotte privée d’hélicoptères la plus étoffée de Russie, a déjà commandé 20 Ecureuil. Commencées en 2011 avec 5 appareils, les livraisons se prolongeront jusqu’en 2013. L’objectif : remplacer les MI8 soviétiques, pour l’inspection d’infrastructures dans cette région pétrolière notamment.

Le deuxième contrat, signé en mars dernier, concerne 15 EC175, le nouveau modèle d’Eurocopter en cours de certification dans le pays, malgré les pressions de son concurrent, le groupe public Hélicoptères de Russie. Avec cet appareil plus large que l’Ecureuil, UTair veut cibler les marchés pétroliers offshore internationaux, une ambition impossible sans une flotte modernisée. « C’est notre client de lancement », explique Laurence Rigolini.

Au siège de la compagnie, à Tioumen, Eurocopter a même créé un centre de maintenance puis de formation ouvert à tous les pilotes et mécaniciens russes, quelle que soit leur compagnie. Une première mondiale pour la filiale d’EADS. Autre étape envisagée de la coopération : l’installation d’une chaîne d’assemblage. C’est un vieux projet, sachant qu’Eurocopter discute en parallèle avec le ministère de la Défense pour assembler des Ecureuil dans le pays.

Eurocopter, qui représente près de 75 % de la flotte occidentale d’hélicoptères en Russie, n’est pas la seule branche d’EADS à s’intéresser à la Sibérie. Dans ce territoire très large, comme ailleurs en Russie, les compagnies aéronautiques doivent renouveler leurs vieux appareils. A une différence près : grâce aux pétrodollars, les moyens de manquent pas. UTair a ainsi commandé 20 ATR, ce qui fera de la société le premier client du fabricant d’avions régionaux en Europe d’ici à l’été prochain.

C’est un changement de stratégie pour la compagnie sibérienne qui, jusque-là, volait avant tout sur Boeing (elle a encore passé commande de 40 B737 l’été dernier). « Les récents accidents aériens avec des compagnies utilisant des Tupolev ou Antonov et les appels des autorités à moderniser les appareils ont renforcé notre stratégie auprès des compagnies régionales. La Russie est l’un des principaux marchés d’ATR », confirme-t-on au sein d’EADS à Moscou. Le prochain gros contrat pourrait à nouveau se conclure avec UTair, qui discute avec Airbus pour étendre ses ailes.

Les Echos

L'Afrique Réelle N° 25 - Janvier 2012

L'Afrique Réelle N° 25

Janvier 2012

 


Sommaire :

Dossier :
La Libye après Kadhafi

Actualité :
La RDC entre anarchie, dictature et partition

Génocide rwandais :
- L'assassinat du président Habyarimana : entre incertitude, interrogations et "enfumage"
- D'où est parti le tir contre l'avion présidentiel rwandais le 6 avril 1994 ?
- Selon les derniers jugements rendus par le TPIR le génocide du Rwanda ne fut pas programmé
- Réponse à l'association Enquête Citoyenne

Editorial :
L’année 2011 s’est terminée par une censure. Alors que j’avais été invité à venir présenter mon dernier livre Décolonisez l’Afrique, Monsieur Albert Ripamonti, directeur de l’information d’I-Télé, a en effet interdit d’antenne l’entretien que Robert Ménard avait enregistré avec moi dans le cadre de son émission quotidienne « Ménard sans interdit ». Cette lamentable affaire digne de l’ancienne RDA, illustre le double langage de ces petits marquis de la presse parisienne qui ne cessent de donner des leçons de démocratie au monde entier alors qu’ils se comportent comme ceux qu’ils prétendent dénoncer. En l’occurrence, Monsieur Ripamonti est apparu comme le produit estampillé du couple sadomasochiste composé de la repentance européenne et de la victimisation africaine.

Cette censure montre d’abord que le système médiatique est affolé, la réalité africaine et notamment libyenne ayant emporté les pauvres digues morales et philosophiques derrière lesquelles il pensait que ses certitudes étaient abritées. Alors que BHL avait assuré qu’une fois la dictature renversée, les fontaines démocratiques laisseraient couler le lait et le miel, le mercredi 5 janvier dernier, M. Mustapha Abdeljalil, président du CNT a déclaré que la Libye était au bord de la guerre civile. Adieu « printemps arabe »…

En 2012 plusieurs régions vont se trouver au coeur de l’actualité. Dans la Corne au sens élargi, en plus des questions territoriales non réglées avec le Soudan Khartoum, le Sud Soudan indépendant va devoir faire face à plusieurs graves problèmes découlant de l’extrême division de ses populations. Six cents tribus ou fractions de tribus existent ainsi au Sud Soudan où la référence est clanique et tribale en plus d’être ethnique. D’autant que l’ethno mathématique électorale qui va donner le pouvoir aux plus nombreux, donc aux Dinka, provoque déjà des tensions avec les autres ethnies, notamment les Nuer. En Somalie, l’armée kenyane est embourbée face aux milices islamistes et au Darfour, la guerre n’a pas cessé.

Au centre du continent, une explosion majeure peut survenir à n’importe quel moment en RDC. A l’ouest, en Côte d’Ivoire, où les tensions ont été artificiellement mises sous cloche, les milices nordistes font régner la terreur cependant qu’au Nigeria, les tensions ethno religieuses menacent la cohésion de la mosaïque ethnique nationale.

Dans tout le Sahel où les Etats artificiels sont coupés entre des Nord peuplés par des nomades et des Sud habités par des sédentaires noirs, la guerre civile libyenne a provoqué un bouleversement de la situation géopolitique régionale dont profitent les bandes islamistes qui se sont équipées dans les arsenaux libyens.

Au Sénégal, la situation est potentiellement explosive et de très graves troubles pourraient éclater durant le premier trimestre 2012. Espérons que la communauté française ne se trouvera pas prise en otage comme cela fut le cas en Côte d’Ivoire.

En Algérie, la cleptocratie d’Etat se cramponne au pouvoir en donnant chaque jour des gages aux islamistes tandis que la renaissance berbère sape le jacobinisme arabo-islamique devenu dogme d’Etat. La Tunisie est ruinée et la chape religieuse y tombe insidieusement sur une bourgeoisie occidentalisée qui s’est tiré une balle dans le pied en renversant le président Ben Ali. La Libye est comme nous l’avons vu au bord de la guerre civile, quant à l’Egypte…

Comme toujours l'Afrique Réelle suivra cette actualité pour ses abonnés.

Triple A. Halte à la trahison

Triple A. Halte à la trahison

Ex: http://www.europesolidaire.eu/
 
Il est évident que la perte du Triple A imposée à la France rend un très grand service aux intérêts financiers qui combattent le retour à des Etats interventionnistes capables de réguler et développer les économies. Il rend service du même coup à ceux qui, en Europe et surtout hors d'Europe, combattent la volonté des Européens de s'organiser en puissance politique et économique autonome face aux grands Etats. Dans la guerre économique qui nous oppose aux puissants de ce monde, il s'agit d'une véritable trahison.


La hausse éventuelle des taux d'intérêts qui en résulterait ne sera évidemment pas en soi une grande catastrophe. La catastrophe viendra du fait qu'elle donnera, dans tous les pays européens, des arguments renforcés à ceux qui veulent diminuer les dépenses publiques par suppression des services administratifs et sociaux d'intérêt général, autrement dit tuer à petit feu ce qui reste d'Etat et de services publics capables de s'opposer à la financiarisation de la société.

Ce sera aussi et peut-être surtout parce qu'elle sera utilisée pour déconsidérer tous les projets d'investissements stratégiques susceptibles de rendre à l'Europe sa puissance industrielle et scientifique en voie de perdition (y compris à terme en Allemagne). Si de tels investissements sont nécessaires, nous disent les agences de notation, ils doivent désormais rester la chasse gardée des Etats-Unis, de la Chine et des pétrodollars. Mario Monti, bien que libéral, a bien compris qu'il s'agissait d'un coup direct à la construction européenne,  porté par les ennemis de celle-ci

On attend une réaction immédiate des autorités européennes et plus particulièrement des gauches. Non en affirmant mollement que S&P ne doit pas faire la loi,  ce que fait actuellement François Hollande sans convaincre personne – et sans de ce fait se différencier de Sarkozy. Les gauches devraient immédiatement exiger des réformes de structures, que ce soit au niveau de l'Union ou à celui des Etats, qui permettent de financer y compris par création de monnaie au niveau de la BCE, les centaines de milliards d'investissements stratégiques auxquels nous faisions allusion. L'Europe dispose d'assez d'épargnes, de ressources humaines et de compétences pour que de tels investissements puissent devenir rapidement rentables. Mais il faudra pour cela qu'elle admette un début de sortie du système néo-libéral, avec notamment les protections aux frontières permettant de protéger ces investissements.

Quant aux nécessaires accords entre peuples européens sur les choix sous-jacents à la mise en oeuvre de tels investissements, nous n'avons aucune inquiétude. Tout le monde, sauf les arriérés mentaux, sera d'accord pour participer à la construction d'une Europe des sciences, des technologies  et des nouvelles industries convenablement discutée et gérée au plan démocratique. Encore faudra-t- il que les projets soient suffisamment ambitieux pour que les résultats en soient visibles et bénéficient à tous.

14/01/2012

vendredi, 20 janvier 2012

LA LEGA NORD RESISTE AL GOLPE DE ESTADO MUNDIALISTA DE MARIO MONTI EN ITALIA

LA LEGA NORD RESISTE AL GOLPE DE ESTADO MUNDIALISTA DE MARIO MONTI EN ITALIA

 

 
Ex: http://enricravello.blogspot.com/

El pasado 13 de noviembre, Italia cambiaba de gobierno. Sin pasar por las urnas y sin someterse a la voluntad popular, Mario Monti sustituía a Silvio Berlusconi al frente del Ejecutivo transalpino, por decisión del presidente de la República, Giorgio Napolitano.  En Italia el presidente de la República es una figura poco más que simbólica, y la decisión de Napolitano no hubiera tenido consecuencias si éste no hubiera actuado como mero instrumento de los que en realidad decidieron tal cambio: los mercados financieros internacionales. La semana pasada la prensa española, en concreto el diario Público, daba detalles concretos de esta operación: Angela Merkel, en nombre del BCE, había presionado a Napolitano para que eliminase a Berlusconi y pusiese en su lugar a alguien dispuesto a aplicar de inmediato las medidas económicas que los mercados consideraban oportunas. 

Este cambio de gobierno, al margen y de espaldas a los cauces propios de una democracia occidental, constituye simplemente un Golpe de Estado de los mercados contra el poder político, dentro de una estrategia de acoso y derribo de los mercados a los países de la Europa mediterránea.

Urgido por los centros financieros internacionales, Mario Monti, ex director de la Comisión Trilateral para Europa, nombra un gobierno de tecnócratas –la mayoría de ellos ni siquiera diputados- y presenta sus primeras medidas económicas, en la línea esperada: complacencia a los mercados, liquidación del estado social, impuestos para las clases medias y trabajadores y privatización de las prestaciones públicas.

El pasado 16 de diciembre el mismo Monti, directivo de los famosos Bildelberg,  presentó su plan de ajuste ante el Parlamento italiano, que fue aprobado con el abierto apoyo de la izquierda, el discreto apoyo de la derecha berslusconiana, y que contó con el absoluto rechazo de los 60 diputados de la identitaria Lega Nord, la única defensora de los intereses de las clases medias y trabajadores del norte de Italia.

El rechazo parlamentario a las medidas de Monti, ex asesor de la banca Goldman Sach, ha sido el punto de arranque de una feroz oposición por parte de la Lega al golpe de estado mundialista de Monti, ex asesor de Coca-Cola, y su camarilla, a la que en el último gran acto celebrado por la Lega la semana pasada, Umberto Bossi se refirió como “banda  de profesores y banqueros que ejercen de ministros improvisados”.

Pero la acción de la Lega es aún más amplia. Al frente de muchos ayuntamientos y con un respaldo electoral en el norte de Italia, la Lega ha presentado recientemente tres proyectos de ley en Lombardía en virtud de los cuales un extranjero tendrá que tener 15 años acreditaros de residencia para obtener becas y disfrutar  de guarderías y prestaciones sanitarias, así como limitar a un máximo del 5% el porcentaje de extranjeros que podrán acceder a viviendas de protección oficial.  Por su parte el alcalde de Bérgamo, de la Lega Nord, ha prohibido la apertura de restaurante de comida no-europea en el centro de esa ciudad lombarda, en la vecina Alzano Lombardo, también con alcalde de la Lega Nord, las ayudas municipales para el alquiler serán sólo para familias italianas., y en Adro los chequés-bebés serán exclusivamente para familias italianas.
 
La Lega Nord, al igual que el resto de formaciones identitarias en diversos países europeos, es el único dique de contención contra el proyecto de ruina y liquidación social que proponen los gobiernos mundialistas, simples maniobras de los depredadores financieros y sus crematísticos intereses. La Lega  es también la resistencia popular y social  contra la mundialista del gobierno de Mario Monti, que  ya ha lanzado una campaña, apoyada por todos los lobbys “anti-racistas” del país, para abolir el derecho de sangre –vigente en Italia gracias al apoyo de la Lega Nord- y sustituir por le derecho de suelo como criterio de obtención de la nacionalidad.  Dicha campaña ha sido contestada por el diputado de la Lega, Roberto Calderoni con palabras contundentes “la Liga está dispuesta a levantar las barricadas en la calle y en el Parlamento”. Para el próximo 22 de enero hay convocada una gran manifestación identitaria contra el gobierno de Monti.

Los bandos están cada vez más claras: de un lado la finanza mundialista y sus coros de la derecha e izquierda “oficial”, de otro la resistencia popular identitaria. La Lega Nord ya ha elegido en qué lado de la trinchera se sitúa; nosotros estamos a su lado
 
Enric Ravello
Secretario Relaciones Nacionales e Internacionales de Plataforma per Catalunya

De nieuwe geopolitieke dynamiek van Gesamteuropa

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Archief 1995

Robert Steuckers:

De nieuwe geopolitieke dynamiek van Gesamteuropa

 

In 1995 worden de Main en de Donau eindelijk door middel van een kanaal met elkaar verbonden. Daardoor ontstaat een waterweg van Rotterdam tot de Zwarte Zee en zo verder tot de Kaukasus. Deze waterweg is de eigenlijke ruggengraat van Europa als continent. Aangezien het IJzeren Gordijn neergehaald werd en Duitsland opnieuw verenigd is staat deze nieuwe verkeersroute borg voor een enorme economische en culturele dynamiek. Concreet betekent dit dat de Oekraïense tarwe en de olie uit de Kaukasus rechtstreeks naar het hart van Europa, lees: naar Duitsland, getransporteerd kunnen worden. Daardoor verliest de door de Amerikaanse Zesde Vloot gecontroleerde Middellandse Zee aan geostrategisch gewicht. Gorbatsjov kon als baas van de verrotte communistische sekte de aarde niet teruggeven aan de Oekraïense boeren, maar de nieuwe partijen die vandaag in de Oekraïne aan de macht komen, zullen dit zeker wel doen. Daardoor zal Oekraïne binnen 10 jaar opnieuw de rol van graanschuur van Europa kunnen spelen. De graanprijs zal dalen, aangezien de transportkosten door de kortere afstanden niet meer zo hoog zullen liggen. 

Conclusie: we bevinden ons opnieuw op hetzelfde punt als in 1914. 

Dat willen het Westen en de VS zo lang mogelijk uitstellen, precies zoals Carl Schmitt het opgemerkt had. In de ogen van de Großraumdenker uit Plettenberg waren uitgerekend de Angelsaksische machten de „vertragers van de geschiedenis“. Sinds de val van de Berlijnse Muur voelen de VS aan dat hun uur in Europa geslagen heeft. Europa laat zich niet meer zo gemakkelijk controleren. Het keizerlijke Duitsland wilde tussen 1890 en 1916 de binnen-Europese Rijn/Main/Donau-dynamiek met een Midden-Oosten-dynamiek aanvullen, meer bepaald door de bouw van een spoorlijn tussen Constantinopel en de Perzische Golf te financieren. Van zodra Gorbatsjov over het “Gemeenschappelijke Huis” had gesproken en was begonnen zijn Centraal-Europese kameraden te laten vallen, wisten de Amerikanen instinctief dat de potentiële macht van het Europa van 1914 opnieuw begon te kiemen. Daarom kon Washington enkel op de zwakste plek toeslaan: in de Golf. Waarom? Omdat de Golf als watervlakte het diepst in het Euraziatische continent binnendringt en omdat van daaruit uiterst belangrijke strategische locaties in bedwang kunnen worden gehouden, bijvoorbeeld de Kaukasus en Iran, een land dat, zoals bekend, een draaischijf tussen oost en west is. Controle over de Golfregio stoort elke harmonieuze ontwikkeling in het bekken van de Zwarte Zee. 

Verder heeft het VS-horige westen er alle belang bij dat de strijd tussen Kroaten en Serviërs zich vereeuwigd. Deze strijd betekent: 

1. Volledige storing van het rivierverkeer op de Donau tussen de Hongaarse en de Roemeense grens. Daardoor wordt elke positieve ontwikkeling in het Donaubekken verhinderd. De Middellandse Zee blijft de enige waterweg voor het transport van tarwe en olie en blijft onder controle van de Amerikaanse en Israëlische vloot en luchtmacht. De rivierweg van het continent zou vanzelfsprekend onder controle van andere, lokaal gebonden machten binnen het Gemeenschappelijke Huis gebleven zijn. 

2. Storing van het verkeer in de Adriatische Zee. Mocht er rust in de Adriatische Zee heersen, dan zou de haven van Triëste zijn vroeger belang herwinnen. De regio Venetië-Triëste vormt ook, vanuit geopolitiek standpunt, het diepste binnendringen van de Middellandse Zee in de richting van Centraal-Europa. Langs de as Stettin-Triëste groeide in de Middeleeuwen de macht van het Boheemse huis Przemysl (Ottokar II). 

Het is verre van toeval dat de Golfoorlog en de Balkanoorlog vlak na elkaar hebben plaatsgevonden. Op die manier breekt het westen de groot-Europese dynamiek, wier centrum door Duitsland en door het sterk Hongaars gekleurde Donaubekken (Kárpát-Duna Nagy Haza, ofte “de grootruimte van de Karpaten en de Donau” in de woorden van de Hongaarse nationalisten) gevormd wordt. 

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De EU heeft in deze tragedie een vuile rol gespeeld. In plaats van haar krachten te bundelen heeft ze de vertragingsstrategie, die enkel de VS ten goede komt, gehanteerd. Laat ons ook niet vergeten dat de VS de opmars van Hitler onverschillig vanop een afstand gadegeslagen hebben en pas tegen Duitsland begonnen te stoken, nadat er in 1934 landbouwverdragen tussen het Rijk en Joegoslavië ondertekend werden (cf. William S. Grenzbach, Germany's Informal Empire in East-Central Europe. German Economic Policy Toward Yugoslavia and Rumania, 1933-1939,  Franz Steiner Verlag, 1988; cf. ook Hans-Jürgen Schröder, «Widerstände der USA gegen europäische Integrationsbestrebungen in der Weltwirtschaftskrise 1929-1939», in Helmut Berding (ed.), Wirtschaftliche und politische Integration in Europa im 19. und 20. Jahrhundert, Vandenhoeck & Ruprecht, 1984).   

De sceptici hoeven slechts enkele boeken uit de periode van de Eerste Wereldoorlog open te slaan, om te begrijpen dat het westen, wil het de Germaanse macht in oostelijk Zuid-Europa afremmen, de tactiek van de verbrande aarde moet toepassen in de Balkan en in Mesopotamië. De Nederlandse minister Hans Van den Broek heeft in de Zuid-Slavische ruimte de politiek van de VS uitgevoerd door het ontbindingsproces van de Joegoslavische staat door middel van zijn moratorium te vertragen. En deze politiek dient allerminst de belangen van zijn eigen land, dat er alle belang bij heeft om zich bij de Centraal-Europese dynamiek aan te sluiten. Hetzelfde geldt voor alle Beneluxlanden, alsook voor de Elzas en voor Lotharingen. Onder Franse druk mocht er vóór 1914 en na 1918 geen spoorlijn tussen Antwerpen en Düsseldorf gebouwd worden. Tegenwoordig spreekt men er nog niet over, maar wil men Amsterdam en Parijs met een hogesnelheidstrein verbinden, hoewel de tijdwinst tussen Brussel en Amsterdam slechts 8 minuten zou bedragen! Teneinde de eurocraten deze 8 minuten te kunnen doen uitsparen moet heel Antwerpen kapotverbouwd worden! Tussen de Moezel en de Rijn heeft men in Elzas-Lotharingen nog geen kanaal gebouwd, om zo het gebied met Centraal-Europa te verbinden. 

Deze politiek van het afsnijden van de west- en de oostmark van het Rijk was de essentie van de Franse politiek vóór, tijdens en na de Eerste Wereldoorlog. Helemaal duidelijk wordt deze wil (zijnde de wil om het centrum van ons continent te vernietigen) in het boek van de Franse geopoliticus André Chéradame (Le Plan pangermaniste démasqué,  Parijs, Plon, 1917). De Donaumonarchie moest ofwel opgedeeld worden, ofwel tegen het Hohenzollernrijk ondersteund resp. opgehitst worden, Bulgarije moest ingedamd worden, Roemenië en Servië moesten uitgebreid worden, Turkije uit het Midden-Oosten verjaagd worden, teneinde ervoor te zorgen dat het industriële Duitsland in deze gebieden geen onmiddellijk aangrenzende afzetmarkten meer kon vinden. Deze politiek wordt voortgezet door de VS, die op die manier nog enkele jaren kunnen ademen, alvorens te verstikken onder hun schuldenlast. De rond Duitsland gecentreerde EU moet vandaag in haar uitbreiding naar het oosten afgeremd worden, zodat ze van de voormalige Sovjetunie geen soort Ergänzungsraum zou kunnen maken.

Amerika probeert Mexico als Ergänzungsraum te verwerven, maar, ondanks een aanzienlijke rijkdom aan grondstoffen, is Mexico niet zo groot als Siberië. De ellendige politici van de EU, die ideologisch ongeschoold en geopolitiek onwetend zijn, voeren een politiek die het einde van Europa als cultuurcentrum met zich meebrengt. Wanneer men dit vaststelt, beseft men dat er beter gevormde mensen in de beslissingscentra nodig zijn.

Robert Steuckers.     

"La Syrie est une tête de pont pour une agression contre l’Iran" ou Le "printemps arabe" lui-même était-il une opération américaine ?

" La Syrie est une tête de pont pour une agression contre l’Iran " ou Le "printemps arabe" lui-même était-il une opération américaine ?

En dépit de la focalisation de l’actualité sur l’Iran, la Syrie demeure sujet à préoccupation de la part des observateurs. Ce pays rétif à l’instauration du Nouvel Ordre Mondial reste est « victime d’actes de terrorisme planifiés et organisés par des puissances étrangères ». Quelle part des services secrets occidentaux dans cette tentative de déstabilisation ? Instrumentalisation de l’OTAN par l’impérialisme US, bras armé de l’ONU ainsi que d’autres questions auxquelles Joëlle Penochet, journaliste, ethnologue et sociologue des mass-médias a répondu dans cet entretien accordé exclusivement à La Nouvelle République.

 

Ex: http://mediabenews.wordpress.com/

La NR/ Quelle est votre analyse de la situation en Syrie?

J.P/ Ce n’est pas Bachar el-Assad qui est visé, mais la Syrie en tant que pays laïc, nationaliste et indépendant, ennemi d’Israël et rétif à l’instauration du Nouvel Ordre Mondial. Après l’Iraq et la Libye, ce pays doit inéluctablement être détruit à son tour pour permettre la réalisation du vieux projet atlantiste de «Grand Moyen Orient». Par ailleurs, la Syrie est une tête de pont pour une agression contre l’Iran et la poursuite de l’encerclement de la Russie et de la Chine.

Après l’élimination du colonel Kadhafi, dans les conditions ignobles que l’on connait, Bachar-el-Assad est le nouvel homme à abattre, l’Hitler du moment. L’agenda atlanto-sioniste (qui correspond à celui des néo-conservateurs du PNAC (Projet pour un nouveau siècle américain) a pris du retard, et le rythme infernal de l’enchaînement des guerres contre les pays ciblés (annoncé par Bush dans le cadre d’une «guerre de cent ans contre le terrorisme) doit s’accélérer. La Syrie est depuis longtemps sur la liste étasunienne des «Etats-Voyous» dont le régime doit être renversé. L’ancien commandant en chef de l’OTAN, le général Wesley Clark, a rapporté en 2007 qu’un officier d’état-major de haut rang lui avait confié, quelques semaines après les attentats du 11 septembre, qu’une campagne militaire de cinq ans était programmée, pour des motifs inconnus, pour attaquer sept pays: l’Irak, la Syrie, le Liban, le Libye l’Iran, la Somalie et le Soudan.

Concernant l’application de ce projet en Syrie, c’est le scénario libyen, à quelques détails près, qui est répété: la même propagande guerrière contre le régime et la diabolisation de son chef, les mêmes mercenaires et combattants professionnels étrangers lourdement armés déguisés en manifestants pacifiques, les mêmes faux-témoignages de «victimes», la création d’un «Conseil national de transition» (le 1er octobre à Istanbul) – un clone du CNT libyen -, et des sanctions économiques répétées pour asphyxier le pays.

Car, depuis la chute du mur de Berlin, c’est toujours le même schéma qui est utilisé pour lancer une guerre «humanitaire» (en Yougoslavie, en Iraq, en Libye…): on déclare que le dirigeant du pays ciblé «massacre son propre peuple», ensuite on fait des discours droits-de-l’hommistes enflammés à l’ONU («nous devons libérer le peuple de son tyran»), on impose des sanctions économiques de plus en plus lourdes, on menace, on lance des ultimatums innacceptables. Siimultanément, on prépare méthodiquement l’opinion publique internationale (que l’on doit émouvoir en lui racontant des histoires atroces préfabriquées – de bébés, de femmes et d’enfants torturés, massacrés par le régime…) à une intervention «humanitaire».

Actuellement, Washington et ses vassaux – en premier lieu la France – se disent «mécontents» des rapports des observateurs de la Ligue arabe, qui les a «trahis» en ne remplissant pas leur mission véritable qui était de de confirmer la version de la Maison Blanche. Ils leur font le même reproche qu’au projet de résolution russe, celui de mettre sur le même plan les violences du régime et celles des «contestataires». Les américains ont d’ores et déjà déclaré que, quelles soient les recommandations de la délégation des observateurs arabes, leur position resterait inchangée. On s’en serait douté!

Mais Washington a oublié que la Syrie n’est pas la Libye. C’est un pays de 23 millions d’habitants, avec des moyens militaires plus importants, des forces militaires aguerries, et des alliances qui semblent plus sûres, du moins pour l’instant. Le pays est toujours en état de guerre larvée avec Israël depuis 1948 – avec l’épisode douloureux de la prise du Golan en 1967 (territoire qu’Afez el-Assad avait toujours essayé de récupérer) et la guerre de 1973 -, et en froid avec l’Egypte et la Jordanie qui ont signé des traités de paix avec Israël.

La Syrie étant alliée de l’Iran, du Hezbollah au Liban, et du Hamas à Gaza, pour contrer l’expansionnisme de l’état d’Israël, elle connait des tentatives de déstabilisation récurrentes: rappelons-nous l’accusation de l’assassinat de Rafic Hariri en 2005, invalidée par la révélation que les chefs d’accusation reposaient totalement sur une série de faux-témoignages. Ce n’est pas à la Syrie que profitait cet assassinat…

Les puissances occidentales, par l’intermédiaire des dictatures théocratiques du Golfe et de la Turquie veulent en finir avec ce pays comme ils l’ont fait de Iraq et de la Libye. On peut malheureusement redouter qu’il ne s’agisse que d’une question de temps, car Washington est déterminé à appliquer son agenda quoi qu’il en coûte, quitte à provoquer l’embrasement de la région entière et le déclenchement d’une troisième guerre mondiale, avec l’utilisation d’armes thermonucléaires.

Une nouvelle fois, il ne s’agit en aucun cas d’une révolte populaire, comme les media mainstream, aux mains des banksters et des multinationales de l’armement, veulent le faire accroire. Le gouvernement syrien est victime d’actes de terrorisme planifiés et organisés par des puissances étrangères pour le renverser. On assiste depuis le début des événements à une militarisation impressionnante de la soi-disant «contestation», et à son escalade sans fin: attaques à l’arme lourde contre les forces armées gouvernementales et les bâtiments publics, tirs de snipers sur les policiers, les manifestants et la population, enlèvements et assassinats de fonctionnaires et de civils qui refusent d’obéir au diktat des bandes armées.

Le niveau d’agression a monté d’un cran avec des sabotages d’infrastructures du pays, comme celui d’un pipe-line approvisionnant l’une des principales centrales électriques, revendiquée par l’Armée syrienne libre (ASL, la branche armée du CNS). Et maintenant l’escalade se poursuit avec des attentats, qui risquent de se multiplier. Ceux de Damas, qui ont fait 44 morts et 166 blessés graves à Damas à la veille de Noël, revendiqués par les Frères musulmans, ont été cyniquement attribués au régime par l’opposition et les puissances occidentales! Le 6 janvier, une nouvelle explosion à la voiture piégée a fait des dizaines de morts et de blessés. Plusieurs milliers de personnes, dont plus de deux mille soldats et membres des forces de sécurité, auraient déjà été tuées par les terroristes depuis l’apparition des troubles.

A l’instar des «rebelles» libyens, qui n’ont jamais existé que sur les écrans de télévision et les photos de presse, les bandes armées qui opèrent en Syrie sont des mercenaires et des terroristes islamistes armés de matériels lourds et sophistiqués par des puissances étrangères et l’OTAN : fusils de chasse, antichars, lance-roquettes, roquettes antiaériennes, mortiers, mitrailleuses lourdes, équipement électronique, lunettes laser…).

Ces gangs instillent un climat de terreur dans la population, menaçant de mort ou exécutant froidement ceux qui refusent de participer à leurs manifestations, ou à leur grève générale. Ces méthodes terroristes ressemblent étrangement à celles du GIA en Algérie dans les années 90′, dont on peut se demander, avec le recul du temps, pour qui il roulaient vraiment… Le gros des troupes de «l’Armée syrienne libre» (ASL) serait composé d’éléments étrangers, principalement des terroristes islamistes armés par le Qatar, monarchie théocratique richissime. Après avoir servi de base à l’état-major américain pour ses opérations en Irak, il avait envoyé cinq mille combattants professionnels en Libye. L’ASL est dirigée par Abdelhakim Belhaj, chef historique d’Al Qaida en Libye déjà sacré gouverneur militaire de Tripoli par l’OTAN.

Abdelhakim Belhaj

C’est pourquoi la population syrienne est en quasi-totalité derrière son président pour contrer l’agression étrangère (les grandes manifestations de soutien au régime n’ont jamais cesser depuis le début – rassemblant plus d’un million de personnes, à Damas et à Alep) et qu’elle ne cesse de réclamer plus de protection de la part de l’armée et de la police. Même les opposants, qui critiquaient la lenteur des autorités à réformer le pays pour éradiquer la corruption et instaurer plus de libertés et de justice sociale, soutiennent activement le régime pour contrer à tout prix une agression étrangère. Les réformes entamées par Bachar el Assad dès son entrée en fonction ont pris d’autant plus de retard qu’après avoir été freiné par la vieille garde de son père Afez, il a du faire face à des menaces extérieures et que le pays est l’objet de sanctions économiques du plus en plus dures.

Les minorités religieuses ont particulièrement menacées par les terroristes islamistes. Grâce au régime laïc, quarante-cinq communautés avaient jusqu’à présent coexisté en harmonie en Syrie: les Chrétiens – qui représentent 15% de la population -, les Druzes, les Kurdes, les Chiites et les Alaouites. Ces minorités soutiennent leur président et craignent l’instauration d’un régime religieux dont les persécutions les contraindraient à l’exil. Deux millions de réfugiés irakiens et près d’un-demi million de Palestiniens ont été accueillis généreusement par la Syrie, où ils ont les mêmes droits que les citoyens syriens. Provoquer et attiser les violences inter-confessionnelles ou inter-ethniques est un moyen classique pour instaurer le chaos, provoquer des guerres civiles, et imposer ensuite un nouvel ordre.

La Soeur Agnès-Mariam de la Croix soutient le régime de Bachar

En revanche, il n’est jamais question de Résolution de l’ONU contre les dictatures sanguinaires amies de l’Occident comme l’Arabie saoudite, théocratie obscurantiste qui a massacré des milliers de manifestants au Barhein depuis le début de 2011. En Iraq, les nouveaux «dirigeants» font tirer à balles réelles sur les rassemblements – faisant à chaque fois des dizaines de morts et de blessés, et ont assassiné un journaliste co-organisateur des «Jours de la colère» contre le régime. Tout cela, dans le silence assourdissant de la dite «communauté internationale».

Ces préparatifs de guerre se déroulent honteusement avec le soutien de l’opinion publique occidentale, façonnée par la propagande des media mainstream. Les slogans (en anglais, donc à destination de l’étranger) sont conçus par des officines américaines spécialisées. Les accusations les plus grotesques ont été lancées contre Bachar el-Assad: enfants torturés, blogueuse lesbienne persécutée et prise en otage (en réalité un étudiant américain émettant d’Ecosse…). Sachant que la guerre de l’information se déroule maintenant sur l’Internet, les rejetons électroniques des media mainstream (comme le Post et Rue89 en France) se répandent en faux témoignages de soi-disant victimes (dont les noms ne sont jamais cités et dont les photos sont floutées…).

Blogueuse syrienne persécutée

Ces accusations odieuses sont basées sur de faux documents audio-visuels provenant généralement d’ Al-Jazira et Al-Arabiya (les Voix de son Maître de l’OTAN et du Pentagone). Ces media prennent aussi leurs «informations» – relayées sans vérification – auprès «d’ONG» basées dans des pays occidentaux (Londres-Paris-Washington), financées paradoxalement par des organisations para-gouvernementales! C’est le cas d’Amnesty International, dont l’antenne américaine est dirigée par une assistante d’Hillary Clinton.

Mais la première source des médias mainstream est l’obscur «Observatoire syrien des Droits de l’Homme» (OSDH), basé à Londres et membre du CNS aux mains des Frères musulmans (les plus radicaux de la région), dont le but est l’instauration d’une république islamique. Son porte-parole, en exil en Turquie, s’exprimant au nom du «peuple syrien» réclame depuis des mois une «intervention extérieure».

En vue d’obtenir le feu vert pour déclencher l’agression, les Etats-Unis ont même fait pondre au Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU un rapport sur mesure, totalement bidon sur les «crimes syriens contre l’humanité”. Fabriqué entièrement «en chambre» à Genève, il est basé uniquement sur les pseudo «témoignages» de 223 «déserteurs» et «victimes» dont, bien sûr, l’identité ne peut être révélée! En outre, il a été co-écrit par la directrice d’un Think-Thank de Washington (le Middle East Policy Council), qui inclut des représentants du gouvernement, de l’armée américaine, de la chambre de commerce américano-qatarie (comprenant Chevron, Exxon, Raytheon et Boeing) et agents de la CIA. Comme attendu par la secrétaire d’Etat Hillary Clinton, ses conclusions préconisent une intervention militaire. Ce «rapport» a permis au Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU d’adopter une résolution condamnant «les violations des droits de l’Homme et des libertés fondamentales » en Syrie. La menace d’une “guerre civile” pourrait justifier une intervention militaire «humanitaire».

Mercenaire

Bachar-el-Assad n’a rien d’un dictateur. C’est un médecin formé à Londres qui n’avait aucune ambition de devenir président. Il a été élu par référendum en 2000 et la population – même ses opposants-, est plus que jamais massivement derrière lui. Les forces militaires qu’il déploie – bien insuffisantes au demeurant – pour tenter de contenir cette insurrection armée de grande ampleur, font face à des escadrons de la mort redoutables entraînés par des forces spéciales américaines, françaises et israéliennes en Turquie et au Liban Nord. Le président a regretté publiquement des bavures – attribuées au fait que les forces de l’ordre étaient exaspérées par des assassinats massifs de leurs membres par des «insurgés» armés alors qu’eux-mêmes n’avaient pas le droit de tirer. De nombreux soldats ont été atrocement torturés et mutilés avant d’être jetés d’un pont, comme le montrent des vidéos de témoins directs.

Manifestation de soutien au régime à Tartous

Tout est fait pour isoler la Syrie sur la scène internationale. La décision obtenue le 25 novembre de la Ligue arabe, dominée par l’Arabie Saoudite et autres suppôts des Etats-Unis, de suspendre la Syrie, pays fondateur de l’organisation – et dernier état arabe à s’opposer à Israël – avait pour objectif d’assurer une couverture arabe à l’agression.

Cette fois, c’est la Turquie, membre de l’OTAN et alliée d’Israël, qui tient le rôle de paravent pour les Etats-Unis que la France avait joué en Libye. En effet, ruinés et en campagne électorale (l’opinion publique américaine étant défavorable aux opérations extérieures – c’était le sens du vote à la présidentielle de 2008), les Etats-Unis ne peuvent plus se permettre d’apparaître au premier plan, mais orchestrent toute l’opération en coulisses.

Par ailleurs, on remarquera que les nouvelles guerres sont déclenchées avec l’assentiment quasi-unananime de l’opinion publique occidentale. La démobilisation des anti-guerre ne s’explique pas totalement par le découragement qui a gagné les participants aux grandes manifestations de 2002-2005 contre la guerre en Iraq (qui ont rassemblé plus de 10 millions de personnes dans le monde, et à plusieurs reprises plus d’un demi-million de personnes à New-York, Washington et à Londres). La fièvre de la guerre humanitaire a contaminé les milieux traditionnellement anti-guerre, comme en France, la «Gauche de la gauche» et les «écologistes» – révélant ainsi la véritable nature de ces mouvances très médiatisées-, et aux Etats-Unis les «libéraux», depuis que le milliardiaire Georges Soros (l’inventeur génial des « révolutions colorées ») a mis la main sur le mouvement pacifiste en 2004 pour canaliser ses énergies derrière le candidat belliciste démocrate (à l’aide de slogans aussi fédérateurs que «Anybody but Bush»), en lui faisant prendre des vessies pour des lanternes.

La NR/ Dans la guerre libyenne, certains observateurs ont souligné le rôle des services secrets occidentaux dans la préparation de l’insurrection ; assisterait-on au même scénario en Syrie ?

Ce type d’opération de déstabilisation ne peut pas se réaliser sans une longue préparation. Les services secrets occidentaux et israéliens fomentent la déstabilisation de la Syrie depuis des années. Des agents de la DGSE (les renseignements français) sont basés au Nord du Liban et en Turquie. On sait que les Frères musulmans, qui dominent le CNS, ont des liens étroits avec les services anglais (MI6) et la CIA depuis des décennies. Les mouvements islamistes ont souvent été manipulés par les puissances occidentales pour contrer le nationalisme arabe (par exemple le nassérisme dans les années 50′). Les mercenaires étrangers (saoudiens, qatari, libanais…) sont armés, formés et financés par les mêmes services, et le Mossad, l’Arabie Saoudite, la Turquie, le Liban et la Jordanie.

L’émir du Qatar

La NR/ Certains pensent qu’une guerre contre la Syrie aurait de lourdes conséquences sur la région. A quelle configuration géopolitique pourrait-on s’attendre dans ce cas ?

C’est un scénario à la Yougoslave qui se dessine. On essaie de déclencher une guerre civile pour créer des divisions ethniques, politiques et religieuses menant à l’éclatement du pays. Déjà dans l’ex-fédération yougouslave, en Bosnie et au Kosovo, l’objectif avait été atteint grâce à la création d’organisations paramilitaires armées (comme l’UCK) similaires à l’ASL. La propagande mensongère (faux-charnier de Timisoara, faux massacre de Raçac, faux camp de concentration..) voulait démontrer que le gouvernement de Belgrade avait commis des crimes atroces, afin de pouvoir justifier une «guerre humanitaire». Là aussi, on avait utilisé des groupes islamistes, et créé par la suite, en toute illégalité, un état sur des bases ethniques et confessionnelles, le Kosovo (où les rares Serbes et Chrétiens qui n’ont pas fui sont toujours persécutés).

Mais la Syrie n’est une étape de plus après la Libye dans le plan de remodelage de la région programmé par l’axe atlanto-sioniste, qui passe ensuite par l’Iran. Il faut éliminer tous les régimes encore récalcitrants au Nouvel ordre mondial, et les partitionner les pays à l’instar de la Yougoslavie ou du Soudan (en 2011), sur des bases ethniques et/ou confessionnelles.

La NR/ La Russie et la Chine ont opposé leur veto à cette campagne anti-syrienne. Sauront-ils résister face à l’axe américano-occidental ? Et pour combien de temps ?

Les dirigeants chinois et russes portent une part de responsabilité dans les massacres du peuple libyen et la chute du régime. Saurons-nous jamais à la suite de quels marchandages sordides ils en sont arrivés là?

L’intervention militaire en Syrie, qui avait été planifiée pour la mi-novembre 2011, a été stoppée in extremis le 5 octobre par les vétos russe et chinois au Conseil de sécurité. Exaspérée par cette résistance inattendue, les puissances impérialistes ont décidé d’intensifier leur campagne de propagande de guerre et les provocations meurtrières sur le terrain. Les media multiplient les calomnies odieuses contre le régime, et diffusent quotidiennement des bilans des morts fantaisistes de plus en plus lourds. Tout cela pour préparer les opinions publiques à une nouvelle bonne guerre humanitaire qui réduirait le pays en cendres et ferait des dizaines de milliers de morts.

La Chine, qui a dénoncé l’instrumentalisation du rapport du Conseil des Droits de l’Homme pour forcer le Conseil de sécurité à voter une Résolution, a tout de même reconnu le CNS et appelé à deux reprises le régime syrien à «respecter et répondre aux aspirations et aux revendications légitimes du peuple». La Russie a jugé le rapport Pillay «inacceptable», mais elle a finalement opéré un recul tactique en proposant une Résolution au Conseil le 5 décembre. Il semble évident que la nouvelle tentative de déstabilisation de la Russie à l’occasion des récentes élections est liée à sa position, même si elle a été infléchie (les media évoquent même aujourd’hui un «Printemps Russe»!). Se retrouvant isolée, et étant dépendante des ressources pétrolières de la région, elle doit assurer ses arrières. Le 8 janvier, une flotte russe comprennant des navires de guerre, des sous-marins, des avions de combat, des hélicoptères et plusieurs systèmes de missiles anti-aériens a accosté en rade de Tartous, la seule base dont disposerait la Russie en Méditerranée.

Porte-avions russe Amiral-Kuznetsov dans les eaux syriennes

La Syrie offrant plus de résistance que prévu, et les premiers rapports de la Ligue arabe n’étant pas à la mesure des espérances des puissances occidentales, désignent de nouveau à la vindicte publique l’adversaire principal dans la région, l’Iran, le plus gros morceau. Pour l’instant, la Syrie ne fait plus la une des media, même avec les attentats odieux qui ont frappé Damas. Mais les exactions des terroristes continuent de s’amplifier, avec cette fois des attentats à répétition.

La NR/ Vous êtes de ceux qui pensent que le « printemps arabe » lui-même était une opération américaine, une nouvelle « révolution de couleur » ; pouvez-vous explicitez ?

Le renversement des potentats corrompus régnant en Egypte et en Tunisie était espérée depuis longtemps. Mais les multiples révoltes de la faim et les manifestations contre la politique étrangère de ces marionnettes (notamment contre leur alliance tacite avec Israël) avaient toujours été jusqu’à présent matées dans le sang sans que la «communauté internationale» s’en émeuve. La situation en Egypte et en Tunisie, pays rongés par la corruption et en proie à un taux de chômage extrêmement élevé, est très différente de celles de la Libye et de la Syrie. La Tunisie compte 800.000 sans-emploi et un taux de chômage de 30% dans certaines régions (contre 8% en Syrie, et une quasi-inexistence en Libye, grâce au système social mis en place par Mouammar Khadafi). Les soi-disant «Révolutions» arabes louangées par les occidentaux n’ont abouti qu’à la mise en place de régimes islamistes et d’un gouvernement militaire qui continue de réprimer la population.

Beaucoup trop d’indices semblent indiquer que ce dénommé «printemps» n’était pas aussi spontané qu’il a été décrit. Le matériel standardisé, comme les nouveaux drapeaux et les pancartes, fabriqués à grande échelle et distribués aux manifestants, les slogans en anglais, sont également le signe d’une main extérieure, de même que les noms donnés à ces révoltes, baptisées abusivement «Révolutions», comme la «Révolution du Jasmin» tunisienne, après les révolutions «Orange» (en Ukraine), «des Roses» (en Géorgie), Verte, Pourpre, etc. Tout cela a un air de «déjà vu». Tout est bien trop ordonné pour être spontané…

Le nom même de «printemps» était réapparu en 1967 en Tchécoslovaquie (avec le «printemps de Prague»), au moment où son nouveau dirigeant, Dubcek, s’était rapproché de l’Ouest, provoquant l’ire de l’URSS et l’invasion du pays par les troupes soviétiques l’année suivante.

La NR/ Quels enjeux, pour Washington, présentent ces guerres menées par procuration via l’OTAN, notamment dans le monde arabe et en Afrique ; comment voyez-vous la nouvelle répartition des rôles dans ce nouvel ordre mondial ? Quel rôle pourrait jouer Israël dans cette éventuelle redistribution des rôles ?

Une fois débarrassé des régimes qui le gênaient, l’axe atlanto-sioniste pourrait remodeler le Moyen Orient à sa guise. Israël pourrait élargir ses frontières à l’intérieur de l’actuelle Syrie, de l’Iraq et du Liban. La politique d’Israël est une politique d’extension sans limites du pays et de son influence à travers le monde. Sa soif d’extension et de domination mégalomaniaque est inextinguible, et elle peut donner libre cours à la réalisation de tous ses phantasmes, étant assurée que tous ses crimes passés et à venir resteront à jamais impunis. Israël contrôle aujourd’hui pratiquement tous les media occidentaux mainstream, et nombre de gouvernements. Il est impossible à un candidat aux présidentielles américaines d’être élu sans son soutien. Le même phénomène semble s’être étendu à la France où, aujourd’hui, même la candidate du Front National en campagne semble rechercher l’appui d’Israël.

Si le plan occidental réussissait, Israël serait reconnue par les nouveaux dirigeants mis en place par les Etats-Unis. Les nouveaux gouvernements fantoches (comme ceux d’Iraq, d’Afghanistan, et de Côte d’Ivoire…) permettraient également aux grandes multinationales américaines (notamment les géants du pétrole, du bâtiment et de l’agroalimentaire) de s’implanter dans les pays recolonisés.

La NR/ Certains pensent que la guerre de l’OTAN contre la Libye est dirigée contre la Chine notamment pour l’accès aux ressources énergétiques, d’autres avancent qu’elle est dirigée contre l’Afrique, qu’en pensez-vous ?

A la fois contre les deux en réalité. Les Etats-Unis sont en concurrence avec la Chine pour le contrôle des ressources énergétiques. Ils ne peuvent tolérer que la Chine cherche à s’approprier les champs pétroliers les plus riches connus, alors qu’il est prévu que l’économie américaine sera supplantée par celle de la Chine dans les cinq ans à venir. Ils n’avaient pas pardonné à Kadhafi d’avoir refusé, en 2008, de rejoindre l’AfriCom, le commandement régional créé par le Pentagone pour contrer la pénétration de la Chine en Afrique. Il faut savoir que le tiers des importations de pétrole de la Chine provient du continent africain.

Et, en même temps, il faut éviter qu’un nouveau continent (de surcroît le plus riche!) puisse sortir du sous-développement: il faut maintenir l’Afrique la tête sous l’eau pour éviter qu’elle devienne une puissance émergente. Le colonel Kadhafi, symbole de la lutte anti-impérialiste en Afrique parce qu’il avait toujours oeuvré pour le développement et l’indépendance du continent, devait être éliminé. Il avait financé le satellite RASCOM, qui a permis à l’Afrique de sortir de la dépendance des multinationales occidentales en matière de télécommunications. Il était sur le point de lancer une monnaie basée sur l’Or, travaillait à nouveaux projets panafricains, dont les États-Unis d’Afrique et une Organisation du Traité de l’Atlantique Sud. Les puissances impérialistes ne pouvaient le tolérer. L’Afrique est un continent extrêmement riche en matières premières indispensables aux pays développés: pétrole, gaz naturel, minerais rares utilisés pour les nouvelles technologies… La carte des conflits en Afrique se superpose avec celle des richesses de son sous-sol.

C’est pourquoi les pays africains les mieux dotés en matière premières sont voués à la famine et à des guerres civiles programmées de l’extérieur. On pourrait dire que plus un pays est riche, plus il va s’enfoncer dans le sous-développement, car les puissances étrangères ne peuvent piller un pays que s’il est faible et dépendant des «aides» extérieures (du FMI, de la Banque mondiale…) qui l’étranglent, avec des «dirigeants» installés par ses soins. Ce n’était le cas ni de l’Iraq ni de la Libye, comme ce n’est pas le cas de l’Iran ni du Venezuela – également sur la liste noire des Etats-Unis depuis l’élection d’Hugo Chavez à sa tête.

La NR/ Selon ses statuts, l’OTAN est un pacte défensif dont l’objectif consiste dans l’aide mutuelle en cas d’attaque d’un de ses membres. Elle n’est absolument pas habilitée à intervenir hors de son territoire, dans des pays non membres. Or, on constate aujourd’hui qu’elle est instrumentalisée. Elle est devenue une force de frappe militaire de l’ONU pour renverser des gouvernements de part le monde. Comment expliquer ce revirement ?

L’OTAN n’est qu’un instrument au service de l’impérialisme US, le bras armé de l’ONU. C’est en prévision des nouvelles guerres américaines programmées de longue date que Sarkozy, l’agent américain, a fait revenir en 2009 la France dans le commandement intégré de l’OTAN duquel le général de Gaulle l’avait fait fait sortir en 1966. Comme G.W. Bush, Obama – le nègre blanc -, ne fait que suivre la feuille de route.

L’OTAN, qui aurait logiquement du disparaître à la fin de la guerre froide, s’est au contraire notablement renforcée depuis, avec notamment l’adhésion des anciens pays de l’Est. C’est à l’OTAN qu’Obama, prix Nobel de la Paix, a transféré sa guerre contre la Libye lorsque les pays qui lui servaient de paravent se sont trouvés en difficulté. Toujours en contradiction avec sa Charte, L’OTAN participe aussi à des guerres d’occupation et mène avec la CIA des opérations criminelles.

L’accord entre l’OTAN et l’ONU, alliance militaire pourvue d’armes nucléaires, est incompatible avec la Charte de l’ONU, qui exige que les conflits soient résolus pacifiquement. L’OTAN n’est plus qu’un instrument des États Unis pour mettre en œuvre le plan concocté par les néoconservateurs dans les années 90′ (le PNAC) dans le cadre de l’instauration d’un Nouvel Ordre mondial.

Peut-on distinguer les interventions de l’ONU de celles de l’OTAN, si trois des cinq membres permanents du Conseil de sécurité sont aussi membres de l’OTAN? Comment les violations du droit commises par l’OTAN pourraient-elles être poursuivies par les tribunaux internationaux?

La NR/ Actuellement, on assiste à une dépravation de l’application du droit international de la part du Conseil de sécurité, comme on l’a constaté notamment en Libye, avec la malversation de la résolution 1973. Quelle crédibilité pourrait avoir l’ONU dont la Charte a été détournée de sa vocation première ?

C’est une vaste fumisterie pour donner l’illusion que le droit international serait respecté, alors qu’il n’y a qu’un seul droit qui régit notre monde, la loi de la jungle.

Certes, la résolution 1973 a été violée, mais elle avait été conçue et votée justement dans le but de pouvoir l’être. C’était un cheval de Troie en vue d’une escalade militaire pour faire tomber le régime. Au demeurant, elle n’avait pas lieu d’être, puisqu’il avait été prouvé rapidement que le Guide libyen n’avait jamais fait bombarder son peuple ni fait tirer sur lui. La Résolution a été votée sans qu’aucune enquête soit diligentée pour vérifier les faits allégués.

Combien de guerres d’agression ont été menées avec ou sans l’aval de l’ONU ? En 2003, les Etats Unis et la Grande-Bretagne ont violé le droit international en attaquant l’Iraq sans résolution du conseil, parce que la France avait prévenu qu’elle utiliserait son droit de veto. Nous avions le précédent de l’attaque de la Yougoslavie, qui avait pour but l’implantation de bases américaines en Europe de l’Est comme nouvelle étape de l’encerclement de la Russie, et contrôle de l’acheminement des produits pétroliers… Israël avait elle obtenu un mandat de l’ONU avant d’attaquer le Liban en 2006 et la bande de Gaza en 2009 ? A-t-elle été poursuivie pour violation du droit international et pour crimes contre l’Humanité?

Le Conseil de sécurité et le secrétariat de l’ONU sont devenus depuis la chute du mur de Berlin (qui avait le mérite au moins de maintenir «l’équilibre de la terreur») sont les premiers responsables des catastrophes humanitaires. Ainsi, l’embargo contre l’Iraq decrété en 1990 (et jamais levé jusqu’à 2003 malgré le respect de ses clauses) a causé 1.500.000 morts, dont un demi-million d’enfants. Pour protester, quelques honnêtes hauts-fonctionnaires de l’ONU avaient préféré démissionner plutôt que de rester complices de ce génocide à petit feu, comme deux coordinateurs des opérations humanitaires en Irak successifs (Dennis Halliday en 1998 et Hans Christof von Sponeck en 2000), suivis par la responsable du Programme alimentaire mondial (PAM).

Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, les Etats-Unis ont attaqué plus de cinquante pays en totale impunité. Sans compter tous les coups d’Etat organisés à travers le monde pour renverser les dirigeants gênants… Et Israël a été condamnée plus de deux cent cinquante fois par des résolutions de l’ONU, mais n’a jamais été sanctionnée. Le sionisme a été stigmatisé comme «une forme de racisme» par l’ONU en 1975, mais cela n’a pas empêché la construction d’un mur de l’Apartheid aussi ignoble que le mur de Berlin sans que la « communauté internationale» s’en émeuve.

Les dirigeants de tous ces pays-voyous (qui possèdent tous l’arme nucléaire) ont-ils été jugés et condamnés par un tribunal international? Leur a-t-on envoyé les troupes de l’OTAN pour les mater?

Par contre, les dirigeants vaincus des pays attaqués et vaincus sont jugés par des tribunaux fantoches et sont condamnés à mort après un simulacre de jugement (Saddam Hussein, Tarek Aziz, et bientôt Saïf Al Islam Kadhafi), sont laissés mourir à petit feu (Milosevic), quand ils ne sont pas tout simplement lynchés, comme Mouammar Kadhafi, sans que personne n’y trouve à redire. Dans quel monde vivons-nous ?

(On pourra noter au passage que les «grandes» démocraties où la peine de mort a été abolie se réjouissent des exécutions sommaires de dirigeants extra-occidentaux, et acceptent d’être responsables ou complices de millions de morts aux cours des guerres d’agressions. Ceci est pour le moins grotesque…).

Par ailleurs, l’ONU n’est jamais intervenue lorsque des dirigeants démocratiquement élus ont été assassinés ou chassés par les Etats-Unis : Mossadegh en Iran en 1953, Allende au Chili en 1973, Manuel Zelaya au Honduras en 2009 pour n’en citer que quelques uns… Les dictateurs sanguinaires qu’on leur a substitués n’ont jamais été jugés pour crimes de guerres ou crimes contre l’Humanité devant un tribunal international comme comme ils auraient du l’être selon les lois en vigueur. Le général Pinochet est mort tranquillement chez lui, et les généraux argentins n’ont pas été inquiétés malgré toutes les manifestations de familles de dizaines de milliers de « disparus ».

Tous les dirigeants africains intègres qui ont tenté de développer leur pays et d’échapper au Diktat des néo-colonisateurs ont été assassinés (Thomas Sankara au Burkina Faso, Patrice Lumumba au Congo…)… Et le président de la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, aussitôt après avoir démocratiquement réélu en 2011, a été kidnappé et chassé par la France au profit d’Alexandre Ouattara, la marionnette sanguinaire du FMI. C’est le vainqueur des élections qui se retrouve maintenant devant le tribunal international de La Haye! C’est vraiment le monde à l’envers! Un exemple de plus qui démontre que l’ONU n’est qu’un instrument au service de l’Occident et de ses sbires.

Il nous faut donc nous demander si le monde serait différent en l’absence de cet organisme dévoyé et corrompu, au service exclusif des gendarmes du monde.

En effet, depuis sa fondation, l’Organisation des nations unies s’est avérée inefficace pour maintenir la paix et n’a jamais empêché ses membres les plus influents de contourner ses mécanismes pour mener des opérations unilatérales. Les secrétaires généraux du «machin», comme l’appelait si bien le général de Gaulle, sont tous des marionnettes des USA, comme Ban Ki-Moon, après Koffi Annan et bien d’autres. C’est un organisme de convenance, un paravent créé pour servir les intérêts des Etats-Unis et ceux de leurs valets tout en faisant croire à une justice internationale. Point final.

Ainsi, le Tribunal pénal international (TPI) de La Haye n’a jamais eu à juger les responsables des Etats-Unis et de ses alliés, qui ont commis des massacres à très grande échelle, et utilisé des armes nucléaires et chimiques, que ce soit au Vietnam (avec l’agent Orange), en Iraq, en ex-Yougoslavie, en Palestine, au Liban, en Libye (avec les armes à l’uranium appauvri, au phosphore, au napalm «amélioré»…). Le président Clinton a été inquiété dans son pays pour des délits sexuels, mais il ne sera jamais jugé pour l’assassinat de centaines de milliers d’Iraqiens (pas plus que son acolyte, le prix Nobel de la Paix, Al Gore). De même que Richard Nixon fût chassé pour des écoutes téléphoniques, et non pour ses crimes de guerre. En récompense des atrocités dont il était responsable au Vietnam ou au Chili, son secrétaire d’Etat Henry Kissinger avait lui-aussi reçu le Prix Nobel de la Paix! Ajoutons que les Etats-Unis ont refusé de ratifier le traité instituant la Cour pénale internationale (CPI), afin d’éviter tout jugement à ses dirigeants politiques et militaires.

Les agences spécialisées de l’ONU sont pour la plupart tout aussi inefficaces et dévoyées. Ainsi, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), assujettie à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) par un accord de 1959, n’a pas le droit de reconnaître officiellement la nocivité de l’uranium appauvri, substance à la fois hautement chimiotoxique et radioactive utilisée dans toute la panoplie des armes depuis plus de vingt ans et de façon de plus en plus intensive. Le Programme des nations-unies pour l’environnement (PNUE) ignore ce très grave problème de pollution de l’environnement. Irréversible, il condamne les populations victimes des bombardements à vivre dans un environnement de plus en plus radioactif, et va induire la mort de centaines de milliers, voire de millions de personnes sur plusieurs siècles, et la destruction du génome… L’ONU s’en est-elle souciée ? En Iraq, plus de trois millions de personnes ont déjà été tués depuis vingt ans par les Etats-Unis et ses laquais. Mais on ne pourra jamais inclure parmi les victimes le nombre de morts différées dues à cette substance diabolique.

Certains traités, comme celui de non-prolifération nucléaire (TPN), sont instrumentalisés pour assurer la domination des uns, et menacer d’extermination les autres. Notons qu’Israël, qui posséderait aujourd’hui plus de troix-cents têtes nucléaires, a pu développer en toute illégalité son programme, sans avoir signé le traité de non-prolifération (à l’inverse de l’Iran) et sans que ses installations soient jamais inspectées. (Sans compter toutes les autres armes de destruction de masse qu’elle développe en secret). Cette situation n’a jamais été sanctionnée par l’Organisation censée garantir la Paix entre les nations… Pourtant cet état hors-la-loi ose menacer sans vergogne un pays voisin, l’Iran, d’annihilation.

La NR/ N’est-il pas temps de réformer cette Organisation qui, malheureusement, n’est plus en mesure de remplir la mission essentielle pour laquelle elle a été créée, c’est-à-dire garantir la paix ; alors qu’on en est arrivé au point où l’on mène des guerres d’agression en son nom ? Si oui, comment ?

Une réforme radicale de l’ONU s’impose pour la soustraire au contrôle des USA, mais c’est un voeux pieux. Il faut d’abord se poser la question: a-t-elle jamais garanti la paix? Sa mission a été dévoyée depuis le début de son existence. Elle a pour mission fondatrice la paix internationale, mais elle n’a jamais, à ma connaissance, empêché les guerres (Cf. Vietnam, Yougoslavie, Iraq… ). L’ONU n’a jamais été plus efficace que la Société des nations (SDN,) fondée après la guerre de 14-18, qu’elle a remplacée après la deuxième guerre mondiale.

Bien au contraire, elle a favorisé les guerres d’agression et les coups d’état menés par les Etats-Unis et ses laquais pour renverser des présidents élus démocratiquement – mais qui n’avaient pas l’heur de plaire aux gendarmes du monde -, et les remplacer par des dictateurs sanguinaires à leur botte.

Depuis 1945, et surtout depuis 1989 et 2001, les violations du droit international par les plus puissants se sont intensifiées à l’envi. Nombre de populations (pas seulement dans le Tiers-Monde) se voient privées de leurs droits fondamentaux (à l’alimentation, à la santé, à l’habitat, à la culture, au travail, à un environnement sain et à la liberté d’opinion), et peuvent être victimes d’agressions militaires si leurs ressources naturelles sont convoitées.

Qui pourrait se charger de réformer l’ONU? Ceux qui sont aux commandes aujourd’hui et qui ont dévoyé sa mission originelle à leur profit en bafouant en permanence sa Charte? Il s’agirait d’abord de faire respecter le droit international qu’elle a elle-même fondé! Il y aura certainement un replâtrage censé donner plus de représentativité aux pays du Sud émergents (Inde, Brésil…) au sein du conseil de sécurité, et permettant d’éviter les blocages comme celui qu’on connait actuellement pour la Syrie.

Entretien réalisé par Chérif Abdedaïm, La Nouvelle République du 14 janvier 2012

jeudi, 19 janvier 2012

La notation des Etats membres de la zone euro pourrait entrer dans une spirale de dégradation continue

La notation des Etats membres de la zone euro pourrait entrer dans une spirale de dégradation continue
 

Ex: http://mediabenews.wordpress.com/

L’Allemagne s’est endettée à taux négatif à court terme, les banques européennes replacent à perte auprès de la BCE la quasi totalité des 500 milliards d’euros reçus de la même BCE, la Grèce ne parvient pas à finaliser un accord avec ses créanciers… Des comportements inhabituels des opérateurs financiers qui traduisent un trouble profond…

Les indicateurs ne manquent pas pour mesurer le niveau de peur des opérateurs financiers européens. Il suffit d’observer les conditions financières de la récente émission des obligations allemandes, à six mois, qui a été réalisée avec un taux d’intérêt négatif ; ou encore de comparer le montant des liquidités placées par les banques européennes auprès de la BCE (banques centrale européenne), pour avoir un sentiment du niveau des craintes importantes des investisseurs.

L'économie européenne est-elle en train de se noyer dans la peur ?

A coté des opérateurs européens, les intervenants financiers américains avaient d’ores et déjà (à partir du mois de juin 2011) commencé à rapatrier leurs fonds aux États-Unis, en réduisant de 97% leurs allocations pour le financement à court terme des banques européennes (France, Espagne, Italie, etc.).

Ces craintes sont consistantes avec un scénario dans lequel :

  • La notation des États membres de la zone euro entrerait dans une spirale de dégradation continue (à l’image de la dégradation qu’à connu la Grèce depuis 2009) ;
  • Les banques deviendraient de plus en plus fragiles (puisqu’elles subiraient des pressions sur leurs expositions aux dettes souveraines) ;
  • Les États mettront en place des plans d’austérité de plus en plus importants favorisant le chômage et la récession (justification retenue par l’agence de notation Standard & Poor’s pour “downgrader” la France et 8 autres pays de la Zone Euro) ;
  • Une importante destruction des patrimoines des ménages (source de financement des retraites pour les pays utilisant la capitalisation).

A la recherche d’une nouvelle classe d’actifs sans risque

Avant la crise des dettes souveraines, les émissions obligataires des États entraient dans la catégorie dite des « actifs sans risques ». Cette catégorie constitue des placements dans lesquels l’investisseur reçoit un rendement faible en contrepartie d’une quasi-certitude de récupérer ses avoirs à la maturité de l’instrument financier. Assureurs et fonds de pension plaçaient conséquemment une quantité importante de leurs investissements dans ces instruments financiers pour s’assurer de disposer au moment voulu (paiement des prestations de retraite, paiement de sinistres, remboursement de l’épargne etc.) des liquidités requises.

Cependant, la restructuration de la dette grecque a mis en évidence la possibilité d’une faillite (ou d’une restructuration) de dettes émises par des États membres de la zone euro. Une restructuration qui se traduisait par la perte d’une partie des avoirs investis. En effet, le sauvetage européen de la dette grecque adopté en juillet et en octobre 2011 avait pour contrepartie l’échange de dettes grecques anciennes, détenues par les investisseurs privés, par de nouvelles émissions avec une perte, lors de l’échange, d’une proportion pouvant dépasser 50% des montants investis.

Ce mode de restructuration est nouveau pour les opérateurs financiers, puisque l’échange est optionnel et nécessite l’adhésion de la majorité des investisseurs. En effet, la proposition européenne pour le sauvetage de la Grèce repose sur un mécanisme d’accord de la majorité des investisseurs pour la restructuration, qui se traduit par la non-mise en œuvre des contrats d’assurance contre le défaut (les CDS). Les investisseurs qui disposaient de ce type d’assurance pour protéger leurs actifs ne pouvaient pas obtenir le paiement de leurs sinistres, même s’ils ont subit une perte (puisque cette perte est choisie par l’investisseur et n’est pas forcée). Cependant, les fonds alternatifs semblent, selon les récents développements des négociations avec l’IIF (Association des grandes banques et institutions financières mondiales), ne pas être d’accord avec une restructuration optionnelle. Ils poussent la Grèce à faire défaut « classiquement », afin de mettre en œuvre le paiement des CDS, afin de couvrir les pertes qu’ils subiraient en contrepartie des obligations qu’ils détiennent.

Cependant, un tel scénario se traduirait par des pertes importantes pour les établissements financiers (banques et compagnies d’assurances,) qui ont vendu ces “couvertures”. Il raviverait les craintes sur la solvabilité des établissements financiers, et les rapprocherait du scénario de faillite en chaîne (dans un développement qui ressemble à celui qui a mené à la faillite de la banque Lehman Brothers).

Ces incertitudes justifient la sortie des dettes souveraines de la catégorie « actifs sans risques » et les choix des institutions financières, qui semblent préférer payer l’Allemagne pour sécuriser leurs investissements, ou placer les avoirs auprès de la BCE, même si celle-ci n’offre qu’un rendement de 0,25% (lorsqu’elle facture les liquidités prêtées à 1%).

De l’annihilation de la peur… à la peur excessive

Le facteur de peur (ou de risque) constitue un moteur essentiel dans l’investissement financier. Mais ce facteur a évolué d’un extrême à l’autre. Durant la période 2003 à 2007, les opérateurs financiers considéraient, sous l’impulsion d’une FED (réserve fédérale américiane) qui considérait que le « monde a changé » et que la stabilité économique et financière était acquise. Cette annihilation de la peur s’est traduite par l’augmentation démesurée de l’effet de levier, et la mise en place de prêts pour toutes les contreparties sans tenir compte du risque de défaut (prêts subprimes, emprunt très importants par rapport à la valeur des actifs financiers, etc.).

Aujourd’hui, les craintes deviennent trop importantes pendant la phase de la réduction du levier. Les doutes sur la régulation poussent les agents à s’interroger sur la réalité des bilans des institutions financières, et sur les pertes « cachées » qui pourraient émerger à n’importe quel moment.

Cette situation d’extrême s’explique par la psychologie humaine. En effet, face à un obstacle l’être humain se comporte de trois manières : la fuite, la confrontation ou le repli sur soi. Durant la crise, nous avons expérimenté les deux premières attitudes. Pendant la période s’étendant de l’été 2007 au premier trimestre 2008, les opérateurs ont combattu les risques de réduction de la dette. Mais devant l’importance de l’endettement, les opérateurs ont été pris de paniques et ont mis en place le cercle vicieux de la vente forcée (les opérateurs vendaient pour éviter l’accumulation des pertes, justifiant des ventes encore plus importantes, puisque les prix des actifs baissaient). Devant la mise en place de cette spirale vicieuse, les banques centrales ont injecté massivement des liquidités. Elles ont offert aux marchés financiers les armes pour fuir le pire, et pour oublier (pendant la période avril 2009 à l’été 2011) la crise et les problèmes structurelles. Cependant, les mécanismes de réduction des risques et de la réduction de la dette (dé-leverage) ont été si importants que les opérateurs semblent (au vu des derniers développements) avoir choisi le repli sur soi et la peur handicapante.

Si la peur est essentielle dans l’activité humaine (« où serait le mérite des héros s’ils n’avaient pas peur »), celle-ci doit être jugulée en créant des conditions de la prise de risque. La cacophonie politique et une régulation financière inadaptée constituent les deux principales justifications de la capitulation actuelle des marchés financiers. Ceux-ci évoluent entre optimisme injustifié (dont les prémices peuvent être lues dans le rebond des marchés actions, notamment à partir du début d’année 2012), et un pessimisme paralysant.

Il semble que le temps soit venu pour revoir en profondeur les politiques économiques et pour rétablir la place de la peur, sans l’annihiler par des camisoles monétaires – programmes d’injection de liquidité sans contreparties – ni l’attiser en cultivant le flou sur la situation réelle des bilans des établissements financiers. L’urgence des réformes sur la transparence de la réalité financières des États et des établissements financiers est importante, puisqu’elle constitue un monteur essentiel pour le fonctionnement de notre économie moderne, et pour la réduction des risques sur les perspectives de croissance et de chômage.

Driss Lamrani